Marius Trésor a rendu hommage à Jean-Pierre Adams, ancien joueur du Nîmes Olympique décédé lundi 6 septembre après un coma profond de 39 ans. La figure de l'OM et des Girondins de Bordeaux a mis en avant sa complicité avec son ami : ils formaient "la garde noire" en équipe de France.
Jean-Pierre Adams est décédé à Nîmes ce lundi 6 septembre après 39 ans de coma. Ancien joueur du Nîmes Olympique avec qui il a joué à 84 reprises, le Franco-Sénégalais a connu 22 sélections en équipe de France, parfois comme milieu défensif, souvent comme défenseur central. Il a formé avec Marius Trésor "la garde noire". Trésor, ancien joueur emblématique de l'OM, des Girondins de Bordeaux et de l'équipe de France (65 sélections) a répondu aux questions de France 3 Occitanie. Les obsèques auront lieu vendredi 10 septembre à 15 heures à l'église de Caissargues, dans le Gard.
Racontez-nous ce terme "garde noire", qui caractérisait la charnière que vous formiez avec Jean-Pierre Adams en équipe de France de 1972 à 1976...
C'est venu du sélectionneur Stefan Kovacs. Ces derniers temps, ce n'était pas courant de gagner à l'extérieur. On affrontait la Pologne, 3e de la Coupe du monde 1974. On a gagné 2-0 (le 7 septembre 1974, à Wroclaw, buts de Coste et Jodar). En conférence de presse, une question a été posée à Stefan Kovacs : "A quoi est dûe cette victoire ?" Il a répondu : "Ce soir, j'ai trouvé ma garde noire." C'est resté comme ça.
Dans L'Equipe, Michel Hidalgo, ancien sélectionneur de l'équipe de France, disait : "Marius et Jean-Pierre sont conçus pour jouer ensemble"...
C'est vrai qu'on avait beaucoup de points communs. J'adore la musique, lui aussi... J'amais jouer aux cartes, lui aussi. On aimait tous les deux être bien habillés... Lors de notre première rencontre, au cours d'un match Ajaccio - Nîmes, sur un long ballon en profondeur, on est à la lutte. Un de mes coéquipiers lui a dit "Chope-le !" On s'est arrêté tous les deux et il lui a dit : "Entre nous, on ne mange pas de ce pain-là." Quelques mois après, on était en équipe de France pour aller au Brésil (en 1972).
"Quand un joueur arrivait à passer Jean-Pierre et qu'il se présentait devant moi, c'était du pain béni, il avait laissé beaucoup de force dans sa lutte avec Jean-Pierre"
L'un était meilleur danseur que l'autre...
Lui était meilleur danseur que moi. Il se baladait quand il dansait le rock, moi j'ai toujours un pied nickelé. Sur de la musique antillaise ou africaine, je me débrouillais, mais je me régalais quand il y avait les séances de rock, je regardais la piste, je m'asseyais.
Comment caractériseriez-vous Jean-Pierre Adams sur et en dehors du terrain ?
Quand on joue au foot, on a des adversaires en face, le tout, c'est de les empêcher de marquer. En équipe de France, quand un joueur arrivait à passer Jean-Pierre et qu'il se présentait devant moi, c'était du pain béni, il avait laissé beaucoup de force dans sa lutte avec Jean-Pierre. Il y avait une belle complicité. Il n'était pas libéro. Au cours d'une phase de jeu, je pouvais me retrouver au marquage et lui en couverture et ça se faisait naturellement. Et pourtant, on n'a jamais joué ensemble en club. On se comprenait sur le terrain. C'est avec Jean-Pierre que je me suis le plus entendu. La complicité pendant les matches de l'équipe de France, c'est comme si on avait l'habitude de jouer ensemble en club. On s'était bien trouvé.