A Nîmes, l'affaire de l'épicerie interdite aux femmes voilées provoque de vives réactions

A Nîmes et sur les réseaux sociaux, une affiche placardée sur la vitrine d'une supérette a suscité la colère et l'incompréhension : le gérant indiquait que les personnes voilées n'étaient plus autorisées à entrer dans son magasin.

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Depuis vendredi, les portes de l'épicerie Vival de la rue Bonfa sont closes. Et ce n'est pas à cause du Covid-19 ni du confinement.

Les vitres du commerce ont été caillassées dans la nuit de jeudi à vendredi. Sur le rideau baissé, un mot du gérant est aujourd'hui affiché : "Le magasin restera fermé pour une durée indéterminée. Je présente mes excuses à toute personne que j'ai pu offenser." 

Des personnes, le gérant de cette supérette, franchise du groupe Casino, en a effectivement offensées. Il y a quelques jours, il a placardé sur la devanture de son commerce une affiche spécifiant : "A compter de ce jour, toute personne voilée ne sera pas autorisée à rentrer dans le magasin."

"On peut dire que le gérant a vraiment déconné", s'agace un voisin de l'épicerie. "On s'en prend toujours aux femmes voilées pour rien : devant les écoles, dans la rue... Mais on n'a jamais vu une femme voilée faire quelque chose !", s'exclame un autre riverain. "On ne va pas, du jour au lendemain, juger une personne juste pour ça : je pense que le commerçant le regrette énormément", tempère une autre Nîmoise.

Une enquête est ouverte

Sur les réseaux sociaux, cette affaire a suscité de vives réactions. "On est en quelque sorte en train de reprocher aux femmes voilées d'être complices de ces attentats ?", écrit un internaute sur Twitter. "Honteux !", renchérit un autre.
    
De son côté, le groupe Casino a réagi vendredi dans un tweet : elle condamne "l'initiative personnelle" du commerçant, expliquant qu'elle va "à l'encontre des valeurs de l'enseigne" Mais pour beaucoup, cela ne suffit pas. Une plainte au nom du Conseil français du culte musulman a été déposée. Le procureur de Nîmes a quant à lui ouvert une enquête pour des faits de discrimination et refus de vente.

Il ne doit pas y avoir de discrimination, de quelque nature qu'elle soit, sur la religion d'une personne, son origine ethnique voire son orientation sexuelle. Le rôle du procureur, lorsqu'il est alerté, est de vérifier si une infraction est en train d'être commise et de la faire cesser.

Eric Maurel, procureur de la République de Nîmes

Le commerçant serait victime de menaces

Le gérant de la supérette n'a pas souhaité s'exprimer publiquement. Il explique avoir fait l'objet de menaces et a porté plainte de son côté. 

Bien qu'il condamne fermement les actes du commerçant, le président de la Licra du Gard alerte sur la violence que peuvent engendrer les réseaux sociaux dans ces affaires polémiques.

"Ce à quoi nous assistons là, c'est ce à quoi nous assistons ces derniers temps : un déchaînement de haine. Le commerçant a à l'évidence commis une faute mais, une fois encore, c'est le droit qui doit primer et lui seul", rappelle Patrice Bilgorai.

Le gérant de l'établissement s'expose à 3 ans d'emprisonnement et 45 000 d'euros d'amende.
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