Carmen, 22 ans, a été condamnée à huit ans de réclusion criminelle mardi soir par les jurés de la cour d'assises du Gard, pour avoir tué son père d'une balle dans la nuque en 2016, dans un contexte de violences intra-familiales.

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 La cour a requalifié l'homicide volontaire sur ascendant en violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner.
 

Renfort de police


L'annonce du verdict a été faite après un déploiement de renforts de police dans le tribunal. La jeune femme s'est effondrée en larmes dans le box tandis que sa famille paternelle sortait de la salle en applaudissant, certains membres rappelant qu'elle était passible de la perpétuité et contestant cette condamnation "légère". 

Deux thèses


Tyran domestique, violent et menaçant, ou travailleur irréprochable faisant tout pour les siens ? Devant la cour d'assises, deux familles -celle du père tué et celle de sa femme- qui ne se sont jamais acceptées et deux thèses se sont affrontées depuis lundi autour de la personnalité de Miguel Gabarri, chef de chantier de 41 ans, gitan d'origine espagnole.

Un crime émotionnel


La jeune femme "a commis un crime émotionnel" pour "libérer sa famille", avait estimé l'avocat général Alexandre Rossi, assurant que "l'intention homicide" était caractérisée et requérant 10 ans de réclusion criminelle. L'avocat général n'a pas nié "le contexte" de violences mais a estimé que le père aurait dû être jugé pour ces faits et non "exécuté". Il a refusé que l'on "noircisse" la victime pour "sauver Carmen", y compris avec des "clichés nauséabonds" visant les gitans.

M. Rossi avait requis une peine complémentaire d'interdiction de séjour dans le Gard, les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse, parlant de "mesure de sûreté" alors que Carmen a dû être transférée de la prison de Nîmes à Saint-Étienne, dans la Loire, et sa mère et ses cinq frères et soeurs quitter Beaucaire après des "menaces".
 

"Montaigu et Capulet" 


"Je ne veux pas que ce soit un procès caricature", avait martelé l'avocat général, parlant d'une atmosphère de "règlements de compte entre les Montaigu et les Capulet" en toile de fond de cette affaire, dès le soir du drame et tout au long du procès.

Je ne veux pas que ce soit un procès caricature


"Au début, il ne parle pas, après il insulte, puis il tape", avait décrit mardi matin Carmen, 22 ans, incapable de parler au passé d'un père qu'elle "aime encore". Le 1er avril 2016, a-t-elle décrit, son père est énervé et met "une énorme gifle" à sa femme, Emmanuelle, en fauteuil roulant, qui souffre d'une myopathie. Les enfants s'interposent.

peur des représailles


Le père ordonne alors à Carmen d'aller chercher son pistolet et d'y mettre une balle. Alors qu'ils sont dans le salon, la jeune fille tire dans sa direction pour "le calmer". Touché à la nuque, il meurt presque immédiatement. D'une voix faible, entrecoupée de sanglots, la mère de Carmen, 43 ans, avait décrit lundi soir le calvaire vécu pendant une vingtaine d'années auprès de Miguel. "Si tu pars, je te mets une balle dans la tête, tu es à moi", la menaçait-il. Elle n'ose pas partir ou demander de l'aide, par "peur des représailles".
 

Complot ?


La famille Gabarri s'est, elle, inscrite radicalement en faux contre la description faite de la victime. Son père et ses frères décrivent un "travailleur qui voulait le bien de sa famille". Son meurtre ? Le fruit d'un "complot", les problèmes
ayant surgi selon lui parce que Carmen "aimait un garçon", ce que la jeune femme dément.

Provoquant plusieurs interruptions d'audience, la famille gitane, dont de nombreux membres ont été présents au cours des deux jours dans la salle d'audience, n'a pas accepté que la mémoire du défunt soit "salie" et a exprimé sa "douleur", par l'intermédiaire de ses avocats.

la bonniche


Lundi, deux psychiatres ont souligné qu'ils n'avaient relevé "aucune velléité de manipulation" de la part de Carmen, l'aînée de la fratrie, traitée comme "la bonniche" et souffrant de "stress post-traumatique" après avoir grandi "dans une ambiance insupportable".
 
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