Dans le cadre d'une offensive judiciaire menée par la Société Protectrice des Animaux, les organisateurs de corrida, la ville de Nîmes et des toreros sont poursuivis pour sévices graves ou complicités d'actes de cruauté envers les animaux. Le procès se tient ce mercredi.
Après Béziers et Bayonne, c'est à Nîmes que se déroule le nouvel épisode de la série de procès opposant la Société Protectrice des Animaux aux acteurs de la tauromachie. Ce mercredi, la torera à cheval Léa Vicens, l'organisateur de corridas Simon Casas et le maire de Nîmes (LR) Jean-Paul Fournier sont appelés à comparaître pour "sévices graves ou complicités d'actes de cruauté envers les animaux" devant le tribunal correctionnel de Nîmes.
Une offensive judiciaire de la SPA
Pour mener son combat contre la corrida, la SPA nationale a choisi la voie judiciaire. En novembre 2017, l'association dépose plainte contre plusieurs villes à tradition tauromachique, organisateurs de corridas et toreros, considérant ces spectacles comme de la maltraitance animale. Béziers, Bayonne, Carcassonne, Nîmes ou encore Dax sont concernées.
L'argumentaire de la SPA se fonde sur l'article l'article 521-1 du Code pénal, selon lequel "le fait d'exercer des sévices graves (...) ou de commettre un acte de cruauté envers un animal domestique, ou apprivoisé, ou tenu en captivité, est puni de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende."
L'enjeu de la tradition
Or, un paragraphe "exclut l'application de ces dispositions aux courses de taureaux", pour les cas "où une tradition locale ininterrompue peut être invoquée." Cet argument de la "tradition locale ininterrompue" a jusqu'ici servi de bouclier juridique à toutes les attaques des anti-corridas contre les spectacles tauromachiques du sud de la France. La SPA a été déboutée de ses demandes dans les précédents procès à Béziers et à Bayonne.
"Tout le débat porte sur cette question : est-ce que Nîmes est une ville de tradition taurine ininterrompue ? Il est très facile d'y répondre, la féria de Nîmes est mondialement connue", balaie maître Jean-Pierre Bigonnet, l'avocat de Simon Casas.
De son côté, la SPA nie que la corrida constitue une tradition à Nîmes.
La corrida est une activité importée d'Espagne : tous les termes sont espagnols, et non catalans. Ensuite, la majorité de la population est défavorable à cette activité. Une toute petite minorité de personnes vieillissantes peut-elle imposer une règle au titre d’une tradition à une immense majorité de gens qui sont contre ces pratiques ?
Pour affirmer que la majorité de la population est défavorable à la corrida, la SPA utilise les résultats d'un sondage Ifop publié en 2019. Commandé par la Fondation Brigitte Bardot, il avait établi que "74 % des Français étaient favorables à la suppression des corridas en France".
Une instrumentalisation des tribunaux ?
Jean-Pierre Bigonnet, avocat de Simon Casas, considère la procédure de la SPA "téméraire, si ce n'est abusive".
La corrida est parfaitement légale. Ces procès s'inscrivent dans une stratégie d’ensemble de la SPA qui fonctionne par coups de communication. Il est regrettable d'utiliser le tribunal comme tribune.
De son côté, la SPA assume d'utiliser la voie judiciaire, tout en espérant peser, à terme, sur la législation. "Notre but, c'est l'interdiction de la corrida", confirme Jacques Fombonne.
Les magistrats nîmois devraient mettre leur décision en délibéré. A Dax, autre ville taurine, un jugement pour une affaire identique est attendu dans les prochains jours. Une procédure similaire est annoncée à Carcassonne.