Dans ce cabinet médical installé dans le quartier populaire de Pissevin à Nîmes (Gard), quatre médecins ont trouvé deux nouveaux collaborateurs. Mais ces derniers ne peuvent exercer qu'à mi-temps, faute de locaux adaptés. Ce mercredi 21 décembre, des habitants se sont rassemblés pour soutenir leurs praticiens.
"J'ai besoin de vous et j'ai besoin des infirmiers !" s'exclame un habitant parmi la trentaine de présents. Ce mercredi 21 décembre matin, la population de Pissevin, quartier situé au sud-ouest de Nîmes (30) s'est réunie pour montrer son soutien à ses médecins.
Prévenir un nouveau désert médical
En jeu, la défense de l'un des derniers cabinets médicaux de ce quartier populaire de Nîmes et ainsi prévenir l'apparition d'un nouveau désert médical.
"On va aller où, s'il n'y pas de médecin ici ? Aux urgences ? Elles sont remplies. Ces médecins connaissent les dossiers des enfants... Et ailleurs, ils ne prennent plus personne. S'ils partent, le quartier sera fini. Il faudrait même que la mairie leur donne un local gratuit car la santé c'est la priorité !" regrette une maman qui habite ici depuis quatorze ans.
"Si on veut revaloriser l'ensemble du quartier, la médecine est nécessaire. Nous avons beaucoup de personnes âgées, handicapées, il faut que la médecine soit là. Dans toutes les villes les maires pleurent pour avoir des médecins. Ici il y a deux jeunes qui souhaitent s'installer et on n'arrive pas à leur fournir les locaux. Et là le gouvernement va fournir des visas provisoires rapides pour faire entrer des médecins étrangers, c'est à n'y rien comprendre !" s'insurge un autre.
Des habitants inquiets car depuis quelques mois, les médecins sont à l'étroit, les patients étant souvent contraints à attendre à l'extérieur.
D'un cabinet à des bungalows
Deux jeunes diplômés viennent de rejoindre les quatre praticiens déjà installés. Mais les nouveaux ne peuvent exercer qu'à mi-temps, faute de place dans les locaux.
A l'heure où en France il y a une pénurie de médecins, des municipalités qui débordent d'idées pour attirer des jeunes, nous on se bat pour avoir des Algeco pour permettre à la population de Pissevin de les accueillir dans des locaux décents. Maintenant on nous dit de refaire le dossier et le délai d'attente sera de minimum trois à quatre mois. On est malheureusement obligés de faire grève, on n'a plus la force, ce n'est même plus un combat de médecins, mais de la population.
Dr Souresh Ramassamy, médecin
Un problème que les médecins ont remonté dès la rentrée dernière. La mairie de Nîmes a identifié d'autres locaux, "inadaptés" d'après les professionnels.
Les médecins ont eux proposé d'installer des bungalows à proximité immédiate du cabinet. Mais la municipalité et la SPL Agate, société publique d'aménagement du quartier, n'en font pas un dossier prioritaire... La procédure s'annonce longue et périlleuse.
La ville de Nîmes a autorisé l'installation de bungalows le temps que le bâtiment soit construit d'ici deux, trois ans. (...) On aurait sur le quartier cinq médecins tous les jours. Les médecins veulent bien attendre mais deux, trois ans ? Ils vont finir par partir. On a des jeunes engagés qui veulent travailler sur le territoire mais on ne leur en offre pas la possibilité.
Raouf Azzouz, président du comité de quartier
Après leur semaine de grève restée infructueuse au début du mois de décembre, les médecins espèrent que cette mobilisation permettra de raccourcir les délais pour l'extension provisoire du cabinet... En attendant la construction de la maison médicale prévue en 2025.