Témoignage. La "peur" d'un médecin agressé et menacé de mort, une maison médicale du Gard fermée jusqu'à nouvel ordre

Publié le Écrit par Josette Sanna

Après plusieurs agressions physiques et verbales, les médecins ne veulent plus assurer les gardes la nuit et les week-ends à la maison médicale de Bagnols-sur-Cèze, au nord-est de Nîmes dans le Gard. Ils réclament la présence d'un vigile pour désamorcer l'agressivité des patients.

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La maison médicale de Bagnols-sur-Cèze est fermée depuis le 11 novembre 2023 et ce jusqu'à nouvel ordre. Un des médecins qui assure les gardes dans la structure ouverte en 2022 a été agressé et menacé verbalement. Ce soir-là, un patient s'est faufilé à l'intérieur pendant le docteur Julia Fidry prenait son service. Raccompagné par la sécurité, il est revenu et a redoublé de violence et d'insultes. L'agression de trop pour le médecin à la tête de la structure.

Je suis profondément triste car on était le dernier soin restant le soir à Bagnols-sur-Cèze. Lors de la dernière garde, je me suis fait agresser en entrant dans l'hôpital alors que ce soir-là les patients qui venaient avaient besoin de voir un médecin.

Docteur Julia Fidry

Médecin et présidente de la Maison médicale de Bagnols-sur-Cèze

"Ils ne venaient pas pour des bricoles", ajoute le médecin très ému.

La boule au ventre

Il s'agit d'une énième agression. 

Les agressions verbales et les menaces, c'est notre quotidien.

Julia Fidry

"On éprouve sentiment d'insécurité permanent et qui augmente jour après jour". Le docteur prend son tour de garde la boule au ventre. "Les patients s'accumulent dans la salle d'attente avant notre prise de service à 20 h. Quand on arrive, ils se disputent pour l'ordre de passage, les formalités administratives, car ils ne veulent pas payer la consultation". À la fin de son service, elle jette un coup d'œil aux pneus de sa voiture, pour voir s'ils n'ont pas été crevés.

Plainte

Une plainte a été déposée. Deux médecins ont jeté l'éponge. Un troisième, retraité, ne reviendra pas pour les mêmes raisons. 30 praticiens se relaient au sein de la structure. Aujourd’hui, ils refusent de retourner assurer des gardes à la maison médicale tant que des mesures de sécurité ne seront pas assurées. Ils réclament la présence d'un vigile en permanence.

Nous voulons une présence dissuasive pour désamorcer l'agressivité à l'intérieur de la salle d'attente.

Julia Fidry, médecin

Un vigile

Cela coûterait entre 50 000 et 60 000 euros par an. Les médecins ont fait appel à la mairie de Bagnols-sur-Cèze et l'ARS, l'Agence régionale de santé. Le directeur de l'ARS a répondu "qu'il ne pouvait pas mettre un vigile devant chaque maison de santé". L'ARS a cependant promis une aide financière exceptionnelle pour rembourser les frais de sécurité de l'hôpital pour 2023.

Dernier rempart contre la précarité

La mairie assure pour sa part que "des patrouilles de la police municipale seront en place chaque soir pour rassurer et faire respecter l'obligation d'appeler le 15 avant tout accès à la maison médicale de garde". Elle a aussi fourni un téléphone d'urgence pour appeler la police. "Ce qu'on veut : ne plus se faire agresser. Ce qu'il nous faut c'est une présence humaine, de sécurité de dissuasion. Il n'y a déjà plus de soins de nuit. Nous n'assurons plus que les urgences".

"Il faut que tout le monde réagisse. Nous sommes le dernier rempart contre la précarité", conclut le médecin. Jusqu'à quand ? En attendant, la maison médicale sera fermée le week-end des 18 et 19 novembre et pourrait le rester pendant plusieurs mois.

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