Après la gestion de l'aéroport de Béziers, c'est celle de Nîmes-Garons qui a été auscultée par la chambre régionale des comptes. Le diagnostic est tombé ce mardi 26 septembre : une infrastructure en manque de rentabilité, qui ne doit sa survie qu'à l'argent des contribuables.
Après son rapport pour le moins accablant sur la gestion du Syndicat mixte aéroport Béziers Cap-d'Agde, la chambre régionale des comptes d'Occitanie a publié, ce mardi 26 septembre, un rapport du même acabit sur celui de Nîmes-Garons, qui accueille une seule compagnie aérienne (Ryanair) et propose sept destinations : vers l'Angleterre, l'Irlande, l'écosse, la Belgique, le Portugal et le Maroc.
Si cet aéroport est l'un des rares en France qui appartienne à l'Etat, c'est Nîmes métropole qui en est le gestionnaire depuis 2018. Une gestion déléguée à une société privée : le groupe Edeis qui gère et exploite l'aéroport gardois.
En 2021, Nîmes métropole a renouvelé ce contrat de délégations de service public (DSP) pour une durée de sept ans.
Une ambition déséquilibrée
Selon le rapport de la chambre régionale des comptes, depuis 2013, ces délégations de service public "se sont avérées particulièrement déséquilibrées, en faveur de la société délégataire Edeis alors que dans le même temps, le budget annexe Aéroport de la CA de Nîmes était structurellement déficitaire."
Le compte d’exploitation prévisionnel de la délégation de service publique 2022-2028 prévoit un rééquilibrage économique qui "repose sur des hypothèses optimistes, avec notamment un quasi-doublement du trafic".
En 2022, 223 403 passagers ont été comptabilisés. Les projections pour 2028 se montent à plus de 400 000.
Une perspective que ce rapport juge "fragile" car elle se fonde sur "un développement des liaisons domestiques et notamment parisiennes dans un contexte de concurrence modale et de contraintes liées à la loi Climat, alors que la zone de chalandise nîmoise est fortement concurrencée par les aéroports de Montpellier et Marseille."
L’aviation commerciale est déficitaire et les projections de trafic les plus optimistes ne permettent pas d’atteindre un point d’équilibre sans aides publiques, qui se montent à 8,1 M€, (cumulés) entre 2022 et 2028.
Chambre régionale des comptes d'Occitanie
En outre, souligne le rapport, ces aides financières cumulées (la métropole verse plus un million d'euros chaque année, à son délégataire) pourraient s'avérer illégales : "elles n’ont pas été notifiées à la Commission européenne, ce qui aurait dû être fait afin de lever tout risque de leur qualification en aides d’État, et n’ont de surcroît fait l’objet d’aucune évaluation ni d’aucun bilan".
La chambre régionale des comptes d'Occitanie a publié l'intégralité de son rapport sur son compte X (ex tweeter) :
Une concurrence féroce avec ses voisins
"L’absence de stratégie de coopération avec les aéroports voisins fragilise fortement l’avenir de l’aviation commerciale nîmoise", estime ce rapport définitif.
Quant au projet aéro-industriel autour d’un pôle d’excellence européen de sécurité civile, soutenu par l'Etat, qui conforterait l'avenir de l’aéroport et des sociétés aéronautiques environnantes, la chambre régionale reste sceptique.
Ce projet pourrait aboutir à condition que l'Etat accepte de transférer sa propriété à la communauté d'agglomération de Nîmes, mais, conclut le rapport "son incidence financière est indéterminée à ce jour".