Pénurie d'eau gazeuze : sécheresse, manque de CO2, pourquoi les bouteilles de Perrier se font plus rares dans les supermarchés

L’eau gazeuse se fait de plus en plus rare dans les rayons des supermarchés. La source Perrier, dans le Gard, est concernée par la pénurie.

Rupture de stock. Une mauvaise nouvelle pour les amateurs de fines bulles. La pénurie d’eau gazeuse, notamment des bouteilles Perrier s’accentue dans les rayons de la grande distribution. À l’origine de cette situation plusieurs facteurs : le climat et des difficultés d’approvisionnement de C02.

La source de Perrier à Vergèze dans le Gard est exploitée depuis 125 ans. Propriétaire de la marque Perrier, le groupe Nestlé Waters n’a jamais caché sa volonté de se développer : 1,3 milliard de bouteilles en 2016 contre 750 millions en 2002.

En 2017, Denis Cans, le directeur général de Nestlé Waters France, qui n’est plus aujourd’hui à la tête du groupe, affichait son ambition d’une profonde transformation de son site d’embouteillage pour atteindre une production de 2 milliards de bouteilles en 2020. Le groupe annonçait investir 200 millions d’euros. Mais depuis cette période de belles annonces, de l’eau a coulé, et de nombreux emplois ont été détruits par des plans de départs volontaires.

Jusqu’en 2019 le forage qui va chercher l’eau de la source en profondeur a toujours répondu aux cadences souhaitées par le groupe et validé par la préfecture du Gard. En  janvier 2019, l'Etat s'est d'avantage penché sur la question environnementale de l'entreprise. Elle a ainsi émis un arrêté d'autorisation d'exploiter. Parmi les mesures, la préfecture du Gard fait plusieurs recommandations des usages de l'eau. Ce document sera complété par un arrêté préfectoral en septembre 2019. L'Etat a réclamé un plan de réduction ambitieux des prélèvements du groupe Nestlé Waters car le département était en période de sécheresse. Depuis, Nestlé Waters est obligé de réduire ses prélèvements de 15% en alerte sécheresse et de 30% en alerte renforcée.

Aujourd'hui, les productions ne sont plus affichées sur le site Internet de l'entreprise et lorsque qu'on l'interroge à ce sujet, on nous explique qu'il s'agit de données confidentielles. Cette année, avec la sécheresse, les nappes phréatiques ont des niveaux bas. La situation s’est dégradée du fait de l’absence de précipitations efficaces. Un phénomène qui se répercute sur le débit de l’eau issu de la source naturelle. Sollicité, le groupe Nestlé Waters confirme qu’il est confronté à des conditions d’exploitations difficiles.

L'industrie des eaux minérales naturelles a été confrontée à des conditions d'exploitation de plus en plus difficiles ces derniers mois, notamment en raison d'événements climatiques devenus plus fréquents et plus intenses, avec une alternance d'épisodes de sécheresse et de fortes pluies

Direction de Nestlé Waters

Mais ce problème n’est pas le seul : l’eau minérale est gazéifiée et le groupe est confronté à un déficit d’approvisionnement en CO2. Depuis le conflit en Ukraine, l’un des plus gros producteurs de dioxyde de carbone, le gaz se fait de plus en plus rare.

La situation économique actuelle et le contexte mondial ont également des impacts significatifs dans la chaîne d'approvisionnement de certaines matières premières. Face à ces enjeux, nous accélérons la modernisation de notre site de Vergèze afin d’assurer l’avenir de nos activités sur le long terme, tout en assurant une gestion durable de la ressource en eau.

Direction de Nestlé Waters

Ce cas figure rappelle celui de Vittel et de Volvic. Dans ce secteur les associations sont actives. Le collectif eau 88 se bat depuis 2016 contre "le pillage industriel". Dans les Vosges, la nappe profonde exploitée par l'industriel était en voie d’épuisement. Les pouvoirs publics proposaient de mettre en place un pipeline pour puiser l’eau à 15 km et l’amener aux habitants, qui risquaient d'être assoiffés (sans eau). En 2019, le ministère de la transition écologique a donné raison à l’association et le projet de pipeline a été abandonné. Depuis, Nestlé Waters a obtenu l’autorisation de prélever dans les nappes plus superficielles (nappes souterraines à + 70 mètres). Pour le porte-parole du collectif eau 88, Bernard Schmitt, le cas Gardois a de nombreuses similitudes.  

Le changement climatique met à mal la production de l’entreprise Nestlé Waters. Produire plus, devient compliqué pour elle. C’est une multinationale, il faut reverser des dividendes aux actionnaires. Il faut conquérir des marchés et l’entreprise fait des choix de rentabilité. La conséquence, c'est un plan économique (licenciement) et de l'exportation à outrance (car l’eau est exonérée de la surtaxe sur les eaux minérales).

Bernard Schmitt

Porte parole du collectif Eau 88.

L’eau pétillante est exportée dans 144 pays. Pour l’instant, l’entreprise ne donne aucune date de retour à la normale. Le problème pourrait même durer quelques mois, selon la direction. 2,4 millions de bouteilles sont bues par jour, soit 28 bouteilles par seconde, selon le groupe Nestlé Waters.

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