Les hommes de la Sécurité civile qui avaient rendez-vous mercredi avec la ministre des Collectivités territoriales ont appris une mauvaise nouvelle pour la lutte contre les feux de forêt. Contrairement aux déclarations de cet été, la France n'a finalement pas passé commande d'avions bombardier d'eau. Il faudra faire avec les Canadair vieillissants jusqu'en 2030.
Les moyens français aériens de lutte contre les feux de forêts sont basés sur l'aéroport de Nîmes-Garons. La Sécurité civile peut compter théoriquement sur 12 avions Canadair et 6 Dash 8. Mais le parc des avions amphibies est ancien. Avec les maintenances et les pannes, il y a rarement plus de huit Canadair opérationnels en même temps.
L'arrêt en 2020 de l'utilisation des Trackers a aussi été un coup rude dans l'organisation anti-incendie.
Un manque d'appareils en France ?
Tout l'été, ils ont rappelé leur utilité. En Gironde, dans les Landes, dans l'Hérault, dans le Gard, dans les Bouches-du-Rhône, les Canadair étaient mobilisés sur les feux. Pourtant, 62 000 hectares de végétation sont partis en fumée.
Depuis dix ans, les pilotes demandent le renouvellement de la flotte. Certes, il y a eu l'arrivée des Dash mais ces appareils ne peuvent se substituer à toutes les missions effectuées par les Canadair.
Plus on attend pour acheter des avions de type Canadair, plus on sera loin dans la liste d'attente et plus on sera livré tardivement. Si on commande aujourd'hui, on n'aura aucun avion avant 2030. L'urgence est là.
Christophe Govillot, porte-parole du syndicat du personnel navigant de l'aéronautique civile.
Il faut dire qu'à 35 millions d'euros l'unité, le Canadair n'est pas bon marché. Pourtant, cet été, Emmanuel Macron en visite à Nîmes se voulait rassurant.
"Est-ce qu'il faut en avoir davantage ? (Ndlr : des avions bombardiers d'eau) La réponse est de manière à-peu-près sûre oui. C'est une réflexion européenne qu'il faut avoir, je le dis d'autant plus que c'est l'Europe qui paye nos nouveaux moyens", expliquait le président de la République en juillet 2022.
Et c'est bien ce que les hommes de la Sécurité civile redoutaient. Que la France se contente des deux bombardiers d'eau commandés par l'Europe. Des avions qui seront positionnés eux aussi à Nîmes-Garons mais qui pourront intervenir dans toute l'Europe, en fonction des besoins.
Un manque de pilotes ?
Et ce n'est pas le seul élément qui inquiète les pilotes. Car le métier n'attire plus. Les candidats sont de moins en moins nombreux.
Pour le syndicat, c'est la conséquence d'une mauvaise gestion des moyens humains de la Sécurité civile. Une analyse également développée dans un rapport récent de la Cour des comptes. Le tout, aggravé par un manque de reconnaissance.
"C'est tout de même incroyable que les pilotes de la Sécurité civile ne soient pas reconnus comme métier à risques. Cela fait des années que nous avons cette revendication, malheureusement nous n'avons jamais eu gain de cause" explique Christophe Govillot.
Une réunion doit se tenir dans les prochaines semaines au ministère de l'Intérieur pour déterminer une nouvelle stratégie. Les pilotes de bombardier d'eau ne comptent pas relâcher la pression d'ici là.