« Rousse » : un premier roman en forme d’odyssée animale sur une terre où les Hommes ont disparu

Sur une terre de la surface de laquelle les Hommes ont disparu, une renarde se lance dans une course effrénée pour découvrir le monde. Cet ouvrage écrit par le Cévenol Denis Infante et édité par les gersois de Tristram est sans aucun doute l’Ovni littéraire de ce début d’année dans lequel on se laisse embarquer volontiers.

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« Dans les livres actuels, on donne à mon avis une trop grande place aux êtres mesquins et l’on néglige de nous faire percevoir le halètement des beaux habitants de l’univers ». C’est sur cet exergue signé Giono (« Le chant du monde » in Solitude de la pitié) que s’ouvre ce bref roman. Par les temps qui courent, on ne saurait que donner raison à l’écrivain provençal.

Est-ce pour cela que les hommes n’apparaissent pas dans « Rousse » ? Notre humanité a-t-elle été à ce point mesquine et médiocre qu’elle n’a rien mérité de mieux que de disparaître de la surface de la terre ?

Mais un jour, alors que vieux hêtre était encore jeune arbre, peuples des Faces Plates, malgré son immense puissance, malgré solides tanières, malgré faraille, malgré savoir et pouvoir, disparut comme poussière au vent, comme rides sur étang. Comme rosée sous soleil brillant soleil. Disparut sous violent feu tombé du ciel, feu foudre, foudre soleil, qui brûle roches et vivants. Disparut dévoré par maladies étranges, invisibles poisons.

« Rousse » reste avant tout une oeuvre littéraire insolite. « Dès la fin du premier paragraphe, on savait qu’on était en face d’un écrivain avec une singularité » avoue sans détour Jean-Hubert Gailliot. « L’usage du français y est très spécifique. Au fur et à mesure de la lecture tenait le défi de cette langue qu’on pouvait croire celle des animaux » explique l’éditeur qui a reçu ce premier roman de Denis Infante par la poste.

 Terre mourante ou renaissante ?

Mais oublions les Hommes et concentrons-nous sur l’héroïne, « Rousse », renarde dont le lecteur suivra l’existence mais aussi la course folle à travers cette terre dont on ne sait vraiment si elle s’éteint ou si elle renaît. « Cette fable avec l’ampleur d’un récit épique » comme elle est décrite aux éditions Tristram dépeint aussi un univers tout autant fantastique qu’inquiétant.

 

Le monde animal n’est pas ici pour autant idéalisé. Chacun devient tour à tour proie ou prédateur. La scène où « Rousse » est poursuivie par une horde de loups dans « Sombre Forêt » le dit bien :

Ils allaient gagner, non parce qu’elle allait perdre, mais parce que c’était dans l’implacable ordre du monde. Rousse était aussi chasseuse, Rousse avait coursé, tué et dévoré multitude de vivants depuis que s’étaient taries douces mamelles de mère renarde.

Rousse, elle aussi, va connaître la maternité. Et là encore, la séquence ne symbolisera rien de plus que l’ordre des choses dans le monde animal. Les petits grandiront et disparaîtront pour vivre leur vie. Rousse reprendra sa route, seule, une fois encore. Mais alors pourquoi cette « irrépressible envie de découvrir vaste monde » ? Sans doute parce qu’il vaut encore qu’on le parcoure même quand il aura connu moult cataclysmes…

L’auteur était « perturbé par une possible dévastation de la planète » tout autant « qu’ébahi par Tchernobyl où la nature a fini par reprendre ses droits » explique le co-fondateur des éditions Tristram. « De ce monde sans plus un seul être humain, mais seulement ses traces, est né aussi une forme littéraire » analyse Jean-Hubert Gailliot.

Denis Infante sera l’invité du numéro de reprise de « La Grande Librairie », le 10 janvier prochain, avec pour thème central : dans le chaos actuel, existe-t-il encore une possibilité de beauté du monde ? « Rousse » nous livre déjà un élément de réponse.

 

« Rousse » (ou les beaux habitants de l’univers) de Denis Infante, Editions Tristram.

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