En marge du procès en appel de son ancien entraîneur de VTT, un jeune homme témoigne des agressions sexuelles qu'il a subies avec l'espoir d'inciter d'autres victimes potentielles à s'exprimer. Le moniteur a été condamné à quatre ans de prison dont trois fermes en première instance.
Il a en parlé tout de suite. Aujourd'hui encore, il témoigne pour donner la force et le courage à d'autres victimes de parler. Matis* avait 15 ans quand il a subi les agressions sexuelles de la part de son entraîneur de VTT à Caveirac près de Nîmes dans le Gard. Alors que se tient aujourd'hui le procès en appel de son agresseur, il a tenu à témoigner pour inciter d'autres victimes de viol et d'agressions sexuelles à s'exprimer.
Je veux témoigner pour dire aux victimes de viols et d'attouchements de parler.
Victime d'agressions sexuelles de la part de son entraîneur
"Dans le club, il y avait un autre jeune. Il est parti du jour au lendemain. Interrogé par les gendarmes, il n'a rien dit. Les gendarmes et moi-même pensons qu'il s'est passé quelque chose, mais lui n'a rien dit. Si jamais il lit l'article, j'espère qu’il parlera", confie le jeune homme aujourd'hui majeur à France 3 Occitanie.
C'est le même message pour toutes les autres victimes : il faut parler, ne pas garder pour soi car ça nous poursuit toute la vie ça ressort à un moment ou à un autre.
Ami de la famille
Les agressions remontent à 2021. Cette année-là, le jeune homme est invité à passer le week-end chez son moniteur de VTT, un proche de la famille, divorcé et père d'un adolescent, ami de la victime. Tout alors se passe bien. Les agressions sexuelles auront lieu le week-end suivant.
Quand il arrive au domicile de l'adulte, première surprise : son fils est à un cours de soutien scolaire, l'adolescent se retrouve donc seul avec son entraîneur qui lui propose des massages sur les parties intimes et des rapprochements imposés par l'adulte. Dans la nuit, le sexagénaire lui envoie des textos et au réveil, alors que l’adolescent dort sur le canapé, il passe sa main dans le caleçon et lui touche le sexe.
Au retour d'une balade, alors que le fils de l'entraîneur rentre à vélo, le jeune homme se retrouve à nouveau seul avec l’homme en voiture. Il tente une fois de plus de le caresser et de l’embrasser.
Trois ans de prison ferme
La victime raconte tout à sa mère et ils vont déposer plainte le jour même. Son agresseur est jugé en juillet 2024, trois ans plus tard. Il reconnait les faits et est jugé coupable "d'agression sexuelle sur mineur par une personne ayant autorité" et de "détention d'images à caractère pornographique représentant un mineur". Dans son téléphone portable, les enquêteurs ont trouvé des textos et des images à caractère pornographique prises avec un jeune homme.
L'entraîneur a été condamné à quatre ans de prison dont trois fermes en première instance et une interdiction définitive d'exercer une activité en lien avec des mineurs. Il est arrêté à l'audience et envoyé en prison. Libéré après quelques mois de détention, il avait fait appel. Il est de nouveau jugé ce mardi 29 octobre 2024.
Cet entraîneur bénévole qui encadrait des sportifs âgés de 13 à 18 ans partait souvent en stage notamment en Espagne avec les adolescents. "Il pourrait y avoir d'autres victimes. Parlez. N'ayez pas honte. Ce n'est pas aux victimes mais aux agresseurs d'avoir honte. ", martèle Matis*. C’est pour ces autres victimes potentielles que le jeune homme a eu la force de parler. Parler pour tourner la page.
* Le prénom a été changé.