Traditions taurines : un public en hausse, au rendez-vous des courses camarguaises

La saison des courses camarguaises a repris depuis début mars dans l'Hérault et le Gard, mais aussi le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône. Dans ces quatre départements, le nombre de manades reste stable. Malgré les attaques croissantes des animalistes, le milieu de éleveurs de taureaux garde la foi dans le métier, d'autant que le nombre de spectateurs est en nette augmentation.

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Dans le marais du Cougourlier, à Saint-Gilles, dans le Gard, les cocardiers de la manade qui porte le même nom paissent paisiblement, semblant savourer leurs derniers moments de tranquillité. Ce week-end, à Saint-Chaptes, entre Nîmes et Alès, ils retrouveront les hommes en blanc sur la piste des arènes (les raseteurs) et le bruit de la foule venue les acclamer. 

La saison a repris début mars et se poursuivra jusqu'en novembre avec quelque 850 courses camarguaises officielles, réparties sur les quatre départements de l'Hérault, du Gard, du Vaucluse et des Bouches-du-Rhône.

Leur propriétaire, Bernard Gorlier, éleveur de taureaux depuis 21 ans en Petite Camargue, va participer avec ses bêtes à une quarantaine d'entre elles, lors de cette saison 2024.

"La piste, un plaisir pour certains taureaux"

Ce gardois, qui est aussi le président du club taurin de Milhaud, attend également avec impatience le 3 mai, date à laquelle l'un de ses meilleurs taureaux va participer au trophée Avenir dans les arènes milhaudoises, en présence de l'un des meilleurs raseteurs du moment, Johachim Cadenas.

Il affirme n'avoir qu'un seul dieu : le taureau, un animal qu'il vénère pour son intelligence et sa noblesse.

Le vrai cocardier, il prend du plaisir à la course. La preuve : notre meilleur taureau, il sort tout seul du pré pour monter dans la bétaillère, pas besoin de le pousser.  La piste, c'est un jeu pour eux. Un jeu qui n'est pas dangereux pour eux. Il est dangereux pour les hommes en blanc, qui se mettent devant eux.

Bernard Gorlier, manadier gardois

Défendre la tradition, jusque dans les arènes

Pour gérer son troupeau de 150 taureaux, Bernard Gorlier bénéficie du soutien d'une dizaine de gardians bénévoles, sans qui rien ne serait possible.

L'un d'entre eux, Alain Lebrun, surnommé Gastaboï, est devenu apprenti gardian très tôt, dès l'âge de 11 ans. Une passion qui ne lui a jamais fait défaut.

Aujourd'hui, âgé de 71 ans, il porte un jugement assez sévère sur l'évolution des courses camarguaises, regrettant une dérive vers le "spectaculaire". "Moi, j’aime le taureau cocardier qui anticipe le mouvement, qui sait ce que veut faire l’équipe en face de lui et qui met les hommes en danger. Faire en sorte que le taureau saute en l'air et retombe derrière la barrière, c'est dangereux. Il risque de se faire mal et de sauter sur le raseteur. Pousser pour avoir des courses comme cela, çà ne récompense pas l'intelligence du taureau. Ce qui est dommage, c’est que le public veut ça maintenant : du spectaculaire", regrette ce passionné qui milite aussi pour que les taureaux se reposent dans leur milieu naturel de longs mois, avant de retrouver le bruit et l'agitation des villes.

100 000 de spectateurs en plus depuis 2019

En attendant, la recette actuelle fonctionne plutôt bien. Selon Nicolas Triol, le président de la Féderation Française de Course Camarguaise (FFCC), le taux de fréquentation dans les arènes sur les deux dernières années a fortement progressé. "Nous avons enregistré 50 000 spectateurs de plus l'an passé, autant qu'entre 2019 et 2022. Ce succès est lié en partie à une meilleure organisation de la saison", explique-t-il.

"Les courses sont mieux réparties dans les villes et villages. On en compte neuf maximum en même temps, alors qu'auparavant, cela pouvait monter jusqu'à 14 courses le même jour. Et puis, il y a aussi l'effet "Carte Jeune" qui fonctionne bien. Ce système, mis en place par la fédération, permet aux adolescents de venir voir une course pour 2 euros. Les premières courses de cette saison 2024 ont rassemblé 3500 personnes à Lunel et 2500 à Mauguio. Nous sommes dans une bonne dynamique", se réjouit Nicolas Triol.

Les spectacles de rue sur la sellette

Globalement, entre ventes et rachats d'élevages, le nombre de manades reste stable : autour des 140 sur les quatre départements du sud ou se pratique la bouvine.

Les manades les plus en difficultés sont celles qui ne pratiquent que les spectacles de rue : les bandides et les abrivades où les taureaux galopent dans les rues, encadrés par des cavaliers.

La FFCC en compte une quinzaine. Vivre uniquement de tradition de spectacle s'avère de plus en plus difficile car les accidents avec les spectateurs sont fréquents et les assureurs font flamber les tarifs, quand ils ne dénoncent pas les contrats.

"Là, les accidents sont souvent imprévisibles et plus graves que sur la piste. Les manades spécialisées qui ne pratiquent que cela sont en danger, car la législation française estime que le propriétaire de l'animal est responsable de tout. En revanche en Espagne, la répartition du risque est beaucoup plus équilibrée entre la municipalité qui organise la fête et l’éleveur. Il faudrait que l'on s'oriente vers ce type de législation, mais d'ici à ce que la loi française change, ces festivités risquent de disparaître", déplore le président de la fédération.

 

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