Le 11 Mai 2021, Valentin Marcone employé d’une scierie dans les Cévennes a abattu son patron Luc Teissonnière (55 ans) et Martial Guérin (32 ans) un de ses collègues en arrivant sur son lieu de travail dans le village des Plantiers. Un témoin a eu la vie sauve. À la veille de l’ouverture du procès, les versions divergent.

Il est tendu. Ému. À quelques jours de l’ouverture du procès de son fils, Frédéric Marcone explique : «Toutes les nuits, je me refais un procès pour que les gens comprennent ce que nous, nous avons compris, notre vérité ». Depuis le jour funeste où il a appris que son fils Valentin avait tué deux personnes, le quinquagénaire, infirmier à Anduze tente de comprendre les raisons de son passage à l’acte.

Deux morts et un témoin qui s'enfuit

Le 11 mai 2021, vers 8h30, Valentin Marcone, arrive sur son lieu de travail vêtu d'un gilet pare-balles et armé d'un pistolet. Il abat son patron Luc Tessonière, 55 ans et Martial Guérin un collègue de travail de 32 ans, employé comme lui à la scierie. Il épargne Vincent. Le jeune homme de 19 ans, qui a assisté à la scène prendra la fuite et donnera l’alerte.

Quand c’est arrivé, personne n’a compris. Valentin n’est pas quelqu’un de violent. Quand on nous a dit qu’il s’en était pris à son patron et à son collègue, on est tombés de la stratosphère et personne ne comprenait pourquoi.

Frédéric Marcone

Père de Valentin Marcone

Valentin est quelqu’un de posé, strict, posé dans sa façon de faire, méticuleux. Très respectueux des lois, des institutions", explique le père de famille très ému à l'évocation du drame.

Prostré

Ce matin-là, il est prévenu par sa belle-fille Blandine. « Elle ne m’appelle jamais. J’ai tout de suite compris à sa voix qu’il s’était passé quelque chose de grave. J’ai d’abord cru que Valentin avait eu un accident de voiture. Puis Blandine m’a dit qu’il avait fait des choses incroyables et là, c’est le reste de la terre qui m’est tombé dessus. Je suis resté plus d’une heure prostré à ne pas savoir ce qu’il fallait faire pour me rendre utile".

350 gendarmes à ses trousses

Frédéric Marcone finit par appeler les gendarmes. Après le double homicide, son fils, lourdement armé et entraîné au tir sportif prend la fuite dans les Cévennes. Plus de 350 militairess sont déployés pour tenter de le retrouver. Le tueur, entraîné au tir et en conflit avec un ancien maire, aurait menacé de s’en prendre à d’autres personnes. Les villageois sont confinés. Son père enregistre un message en lui demandant de se rendre.

Cache près d'un stand de tir

Valentin Marcone qui se cachait dans un trou de sanglier se rend après quatre jours de traque. Il était terré à 600 mètres de chez lui dans une cache proche d’un stand de tir qu'il avait aménagée pour s’entraîner.

Le mobile

Après sa reddition, Valentin Marcone reconnaît tout de suite les faits mais à ce moment-là, son mobile reste flou. Selon ses proches, il aurait surpris une conversation entre son patron et un employé pour le pousser à la faute et le licencier. "Je crois qu’il faut arriver à se mettre dans la tête de Valentin au moment où il passe à l’acte", explique Hélène Mordacq, une des avocates de Valentin Marcone.

"Il faut revenir un peu en arrière et avoir en tête les événements qui se sont passés auparavant avec son précédent employeur, un ancien maire des Plantiers contre qui il avait nourri un certain nombre de griefs réels ou pas. C’est vraiment la façon dont il a perçu les choses qui le plonge dans une paranoïa".  

Il nourrit un sentiment d’injustice et d’insécurité réel ou pas pour en arriver à ce jour fatidique.

Hélène Mordacq

Avocate de Valentin Marcone

En arrivant à la scierie ce jour-là, il assure que son patron lui aurait reproché de ne pas avoir dit « bonjour » . Il affirme avoir surpris une conversation entre Luc Teissonnière et Martial Guérin qui aurait eu pour but de le pousser à la faute et à le licencier.

Le drame

« Lorsqu’arrive ensuite cette réflexion sur son absence de civilité, à ce moment-là il se dit : ils ont commencé à mettre en place mon prochain licenciement pour faute et là, il bascule complètement », explique Hélène Mordacq.

Une version battue en brèche par le principal témoin Vincent Amalric que nous avons rencontré aux Plantiers. "Valentin était de l’autre côté de la scie. Luc est arrivé il lui a dit : « la moindre des choses, le matin, c’est de se dire bonjour. Valentin a répondu : «  ferme ta gueule » . Il est passé de l’autre côté de la scie". 

Il a tiré sur Luc, ça s’est passé en dix secondes puis il a tué Martial. Les deux sont morts sur le coup.

Vincent Amalric

Témoin

"C’est Luc qui a embauché Marcone en lui proposant directement un CDI ce qui prouve qu’il lui faisait confiance.

À aucun moment, il n’a été question de le licencier, cela sort de l’esprit tortueux de Mr Marcone.

Rémy Nougier

Avocat des parties civiles

La conversation qu’il évoque n’a jamais eu lieu. En tout cas, pas ce jour-là, cette histoire et ce mobile ne tiennent pas la route », renchérit Rémy Nougier, avocat des parties civiles.

Deux versions

"Je crois à la version de Valentin", soutient Frédéric Marcone. "Il est là pour sauver sa peau. Il veut essayer de minimiser les faits. À part la vérité, je n’ai rien d’autre à dire", assure Vincent Amalric, le survivant.

Deux versions pour un drame qui a coûté la vie à deux hommes et détruit des familles du minuscule village des Plantiers, où les proches des deux parties continuent à vivre.

L'enjeu de la préméditation

Elles seront nombreuses au procès ce mercredi 24 janvier. Valentin Marcone, dont les expertises ont établi que le jugement avait été altéré au moment des faits devra répondre d’un double assassinat. Pour sa défense, l’enjeu sera aussi de faire tomber la préméditation. À 32 ans, iI risque la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict sera rendu le 29 janvier 2024.

 

 

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