Double meurtre des Plantiers : Valentin Marcone fera face au seul témoin survivant de la tuerie lors d'une reconstitution

La reconstitution prévue ce mercredi 22 juin dans la scierie du Gard s'annonce comme un moment difficile pour les familles des deux victimes et les habitants du petit village cévenol. Valentin Marcone, qui a reconnu avoir tué son patron et son collègue, fera face à Vincent, le seul témoin du drame. Une étape aussi importante pour la procédure judiciaire que lourde en émotions pour la commune.

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Le 11 mai 2021, Valentin Marcone tue son patron, Luc Teissonnière, 55 ans, et l'un de ses collègues, Martial Guérin, 32 ans, dans la scierie du village gardois des Plantiers. Il épargne Vincent, 19 ans, l'autre employé, qui s'échappe et prévient les secours. Le tueur, membre d'un club de tir, s'enfuit et se cache dans le maquis cévenol. Sa traque va durer quatre jours. Le village et ses 250 habitants sont en émoi. Le fugitif se rend aux gendarmes le 14 mai, épuisé et assoiffé, après s'être terré dans une cache au milieu des bois, à 600 mètres de chez lui.

Un village solidaire

C'était il y a un peu plus d'un an mais le petit village cévenol des Plantiers n'a rien oublié : la sidération, l'incompréhension, l'inquiétude puis la colère, la douleur et la solidarité. Pendant quatre jours, du 11 au 14 mai 2021, les habitants ont vécu sous cloche, protégés par 350 gendarmes et assiégés par les médias de toute la France. Ici, tout le monde se connaît, les familles des victimes et celle du tueur se croisent tous les jours et personne n'aurait pu imaginer un tel drame dans un lieu si calme et si isolé. 

Quand Valentin Marcone, 29 ans, se rend aux gendarmes le 14 mai en fin de journée, les habitants sont soulagés. Le temps qui passe est celui de l'apaisement et de la reconstruction. Fiona, la veuve du patron de la scierie décide de relancer l'entreprise. Vincent, seul témoin du drame, retourne y travailler. La vie reprend doucement et le maire Bernard Mounier veille à la cohésion du village.

La reconstitution des faits, "souffrance et vérité"

Bernard Mounier considère la reconstitution des faits, premier retour sur les lieux du drame de Valentin Marcone, comme une étape difficile mais indispensable, qui "va générer de la souffrance et des moments de vérité."

C'est une souffrance nécessaire pour faire émerger la vérité et permettre à la justice d'être juste. Il n'y a a pas de justice en France sans la recherche de la vérité et sans le débat contradictoire.

Bernard Mounier, maire des Plantiers

"On trouve que la justice est lente mais pour reprendre les propos de Carla Del Ponte, juge au Tribunal pénal international (TPI) : la justice est lente mais elle est patiente et elle n'oublie pas. Je pense qu'il faut qu'on intègre ça", rajoute Bernard Mounier, qui a travaillé en tant que consultant auprès des Nations-Unies.

Vers la fin de l'instruction judiciaire

Avant de transmettre son dossier au procureur de la République, le juge d'instruction en charge de ce dossier très médiatisé a estimé nécessaire ce retour sur le déroulement du drame. 

Pour Hélène Mordacq, l'une des avocates de Valentin Marcone, "le juge n'a rien voulu laisser au hasard, c'est une affaire sensible, mais il y a peu de zones d'ombre sur les faits. Cela va être un moment difficile pour mon client mais aussi pour l'ensemble des parties civiles et du village."

Rémy Nougier, avocat des parties civiles, s'attend aussi à une journée difficile. Pour Vincent, l'unique témoin du drame, qui va revivre ce  moment où il a cru mourir. Mais aussi pour l'épouse et la compagne des victimes : Fiona Teissonnière et Camille Dusort, devenues amies en traversant la même épreuve, avaient toutes deux souhaité assister à cette reconstitution mais le juge d'instruction a refusé.

Pour Vincent, cela va être une épreuve compliquée. Il sait depuis longtemps qu’il va y avoir une confrontation. Il s’y prépare comme il peut. Il va devoir revivre une scène effroyable, il a cru qu’il allait mourir comme son patron et son collègue, tués devant lui.  

Rémy Nougier, avocat des parties civiles.

"Pour les compagnes des victimes, le juge d’instruction estime que leur présence n’apporterait rien [NDLR  elles n’étaient pas à la scierie au moment des faits], regrette Maître Nougier, "C’est dommage parce qu’elles avaient souhaité y participer, pour des raisons qui leur appartiennent, c’était important pour elles".

Pour lui, cette reconstitution est un acte fondamental de la procédure judiciaire, qui permet de disséquer le déroulé de cette matinée tragique en présence des experts. 

Valentin Marcone a reconnu les faits mais son mobile reste aussi flou qu'insignifiant : une altercation verbale à propos du paiement d'heures supplémentaires a été notamment évoquée. Il semble aussi qu'il était en conflit avec plusieurs personnes du village et avait un comportement que certains habitants qualifient de paranoïaque : il se rendait à son travail avec un gilet par balles. 

Pour l'instant, la préméditation a été retenue et Valentin Marcone, mis en examen pour assassinat, encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

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