Pendant quelques heures hier soir, des poubelles enflammées, des barrages routiers et des tirs de mortiers d'artifice ont embrasé le rond-point de la route d'Arles, près du quartier des Jonquilles à Nîmes. Voici les images de ces violences commises par des émeutiers après la mort de Nahel, 17 ans, tué par un policier à Nanterre.
Notre journaliste Alexandre Rozga se trouvait hier sur le rond-point de la route d'Arles à Nîmes lorsque des émeutiers ont semé le trouble à coups de poubelles enflammées, de barrages routiers et de tirs de mortiers d'artifices. Des heurts sporadiques, contenus par les forces de l'ordre, qui ont duré quelques heures avant de cesser vers minuit trente.
Les images qu'il nous a fait parvenir montrent notamment des passants tentant de se frayer un chemin, mais pris dans une pluie de feux d'artifice et de fumée. On voit un couple apeuré dont la femme est en pleurs. Un peu plus loin, les riverains du quartier des Jonquilles, qui borde le rond-point, voient leurs poubelles brûler, impuissants.
Des riverains spectateurs impuissants
Sur les deux barrages érigés de part et d'autre du giratoire, au moins cinq conteneurs à ordures brûlent. Sur l'espace vert central, un autre a aussi été incendié. Les habitants confient leur désarroi à notre reporter.
D'abord observatrices, les forces de l'ordre ont sécurisé la circulation autour de ce point chaud. Des policiers néanmoins sur le qui-vive, montant le ton avec certains jeunes, sans toutefois intervenir. Alexandre Rozga a observé trois fourgons de police s'engager dans le rond-point mais, reçus par des tirs de mortiers, éviter le face-à-face et finalement contourner l'obstacle en se dirigeant vers le centre-ville.
Fourgons de police et voitures particulières ciblés
Malgré l'arrêté préfectoral d'interdiction de vente, de détention et d'usage de feux d'artifices, les émeutiers semblaient bien fournis. Selon des riverains, ils disposent de stocks importants commandés sur Internet. Des mortiers avec lesquels ils ont pris pour cible les automobilistes qui se risquaient à traverser le rond-point.
Ces heurts ont débuté vers 23 heures 30, au lendemain d'une première nuit cahotique et plusieurs heures après une manifestation pacifique qui a réuni une vingtaine de personnes devant la préfecture du Gard à Nîmes.
Elles répondaient à un appel national lancé sur les réseaux sociaux et relayé par le syndicat anarchiste CNT (Confédération Nationale du Travail). Des militants de La France Insoumise étaient présents.
Des commerces et une administration incendiés
Ce matin, sur Twitter, la ville de Nîmes annonce la fermeture à la circulation des artères proches des Arènes les soirs de festival. Ce soir, Damien Saez s'y produit : "Le boulevard Victor Hugo, le parvis des Arènes, la rue de la République et le Boulevard de la Libération seront coupés samedi 1er juillet de 18 heures à 1 heure du matin".
Au total, dans le Gard, on a dénombré au cours de la nuit 32 feux de détritus et poubelles. Huit véhicules ont été incendiés, ainsi qu'un opticien, un bureau de tabac et une agence du Crédit Agricole à Nîmes.
Le rez-de-chaussée de la Direction Départementale des Territoires et de la Mer (DDTM) a aussi été détruit par les flammes.
Ce matin, notre journaliste sur place Chloé Fabre a constaté les dégâts : mobilier détruit, murs noircis, plafonds effondrés, vitres brisées.
La police visée à Alès et Bagnols-sur-Cèze
Ailleurs dans le Gard, ce sont les forces de l'ordre qui ont essuyé les tirs de mortiers d'artifices des émeutiers.
A Alès, une barricade avait été installée dans le quartier du pré Saint-Jean pour en découdre, mais les policiers sont restés cantonnés dans le commissariat où, malgré des jets de coktails molotov, il n'y a pas eu de blessé.
A Bagnols-sur-Cèze, un Burger King, une enseigne Sport 2000, un pressing et un salon de coiffure ont été pillés. Là aussi, les policiers ont fait face à des tirs de mortiers. Un véhicule de la police municipale a été dégradé.