Le départ (à suivre en direct sur notre site) de la transat en double Med Max sera donné le dimanche 29 septembre à 13h de Grau du Roi - Port Camargue (Gard), direction Saïda au Maroc. 27 équipages en multicoques et monocoques seront sur la ligne de départ. Le skipper Kito de Pavant est à l'origine de cette nouvelle course.
La Transmed, le Triangle du Soleil, La Porquerolles Solo, Cap Istanbul, la Med Max n'est pas la première transat en Méditerranée, mais il y avait un vrai manque pour tous les amoureux des courses à la voile. Pas d'IMOCA ni d'Ultims mais des Class40 et des Ocean fifty, plus abordables financièrement.
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La Med Max fait le plein avec 27 bateaux au départ. Et quelques grands noms comme Yann Eliès, triple vainqueur de la Transat Jacques Vabre. Le départ (à suivre en direct sur notre site) de la transat en double Med Max sera donné le dimanche 29 septembre à 13h de Grau du Roi - Port Camargue (Gard), direction Saïda au Maroc. Arrivée prévue dès le 4 octobre après cinq jours de course.
Une première réussite pour Kito de Pavant, l'organisateur qui a souhaité casser les codes.
Entretien.
La genèse
Kito de Pavant, quelle est la genèse de la Med Max ?
La genèse, elle, est assez simple. Nous avons un terrain de jeu, la Méditerranée, qui est formidable. Avec de l’eau, des îles, du vent et des histoires maritimes incroyables depuis quelques siècles. Et de l’autre côté, une course au large qui s’est concentrée depuis quelques décennies en Bretagne et moi j’ai toujours estimé qu’il y avait de la place pour faire quelque chose d’intéressant et de pérenne dans cette Méditerranée.
J’ai eu la chance de participer il y a 40 ans à la Transmed (La Grande-Motte - Alexandrie aller-retour). Et depuis il y a un peu de frustration.
Naviguer sur la Méditerranée, c’est trop facile ?
Ce n’est pas du tout ça. Dans la Méditerranée, on a les endroits les plus vantés d’Europe. Et dans notre région avec le cap Bear ou le cap Creus et la tramontane qui sévit sur nos côtes. Pour nous, marins, qui naviguons au large, on s’aperçoit vite que c’est une mer assez difficile qui est un peu casse bateau.
Cette Méditerranée est assez capricieuse. C’est à la fois ce qu’on aime et ce que l’on déteste le plus.
La particularité première de la Méditerranée est qu'elle est entourée de relief, de montagne, d’îles plus ou moins hautes qui perturbent énormément le vent et c’est particulièrement intéressant. Finalement, cette Méditerranée est assez capricieuse. C’est à la fois ce qu’on aime et ce que l’on déteste le plus.
27 bateaux
Comment attirer les skippers bretons ?
C’était un pari et une des grandes difficultés du projet de la Med max. Ce pari est réussi aujourd’hui puisque nous avons 27 bateaux inscrits.
Vous avez choisi la course en double. Pourquoi ?
C’est vrai qu’en France, le solo est très développé et il remporte beaucoup de succès médiatique. Mais la Méditerranée est tellement capricieuse que la navigation en solitaire est assez périlleuse et donc je trouve que ce n’est pas très raisonnable de faire des courses en solitaire en Méditerranée surtout avec les bateaux qui seront présents à Port Camargue.
Deux parcours
Quels sont les parcours ?
Le parcours a pas mal évolué depuis le début du projet. Au départ, il était beaucoup plus long, on allait virer des îles en Grèce et puis finalement, on est revenu sur un parcours un peu plus court avec un objectif qui est de faire arriver deux catégories de bateaux monocoques et multicoques à peu près en même temps au Maroc.
Cela nous a contraints à imaginer deux parcours, car les bateaux ne vont pas à la même vitesse. Les multicoques sont plus rapides que les monocoques, mais tous les bateaux vont partir en même temps. La première bouée du parcours sera le passage devant le théâtre de la mer à Sète. Puis tous les bateaux prendront la direction des bouches de Bonifacio entre la Corse et la Sardaigne. Ensuite, les deux flottes vont se séparer.
Notre volonté était de proposer des bateaux très simples et très rapides avec une limitation des coûts
Class 40 et Ocean 50
Deux catégories de bateaux vont participer à la course : les Class 40 et les Ocean 50
Notre volonté était de proposer des bateaux très simples et très rapides avec une limitation des coûts. Ce sont des bateaux qui se développent beaucoup et qui restent abordables. Ce sont des bateaux qui ont du mal à supporter la concurrence sur des grandes courses comme les IMOCA et les Ultim. C'est donc l’occasion de les mettre en avant.
Vous cassez les codes en ne demandant pas de frais d'inscription. Pourquoi ?
Pour une 1ère édition et pour faire descendre les concurrents jusqu’à Port Camargue, il fallait avoir quelques arguments.
Je suis avant tout skipper et je sais qu’il y a quelques dysfonctionnements dans la course au large et notamment l’inflation sur les frais d’inscription. Il faut savoir que pour la Route du Rhum, ils sont au minimum de 12 000 euros et ça peut monter jusqu’à 100 000 euros pour les Ultim. C’est colossal pour des marins qui ont déjà du mal à boucler leur budget. J’estime toujours que sur les courses, on devrait inviter les coureurs. On leur fait donc cadeau de ces frais d’inscription, c’est un gros plus pour eux et on a des primes de course qui sont assez importantes : 50 000 euros par classe seront redistribués.
Le vivre ensemble
Est-il difficile de monter ce type de course aujourd’hui ?
Oui, c’est très difficile, très ambitieux. C’est sûr que l’on va perdre un peu d’argent pour cette 1ère édition, mais l’ambition, c'est de construire. On souhaite que dans 50 ans, la Med max fasse complètement partie du paysage de la course au large au niveau international.
C’est le début, c’est difficile. En 2024, il y a une récession en Europe. Des problèmes géopolitiques très inquiétants, d’ailleurs ça fait partie des objectifs que l’on se fixe : essayer de mettre du lien entre la France et le Maroc, entre les pays de la Méditerranée. Ce n’est pas simple de vivre ensemble. Il y a beaucoup de choses à faire. Mettre du lien entre ces pays qui ont la nécessité de vivre ensemble.
J’ai toujours considéré que le sport et la culture permettaient d’adoucir ce monde de brutes dans lequel on vit
Vous portez un message de tolérance et d’ouverture
Aujourd’hui, la tolérance est presque un gros mot. On ne supporte plus son voisin, il y a des problèmes de violences inouïs dans notre société et j’ai toujours considéré que le sport et la culture permettaient d’adoucir ce monde de brutes dans lequel on vit. C’est peut-être complètement utopiste, mais je crois beaucoup à ces vertus du sport pour essayer de créer des choses ensemble et mettre des ponts entre certains pays.
Vous vous projetez sur le long terme ?
L’idée de base était de faire une course entre les trois continents qui bordent la Méditerranée : l’Europe, l’Afrique et l’Asie. Cela prendra du temps, il faut convaincre parce que ce serait plus long. Cela s’installera dans le temps
L'arrivée de la Med max se déroulera au Maroc, un pays de voile ?
Pas du tout. Et pourtant, c'est un grand pays maritime, bordé par la Méditerranée et l’Atlantique. Au Maroc, il n’y a que sept clubs de voile. Ils ont commencé la création de certaines marinas, comme à Saïda, capable d’accueillir quelques milliers de bateaux. C’est un sport en développement, il y a peu de gens qui font de la voile et c’est peut-être le début d’une nouvelle histoire pour ce sport au Maroc.
Modification apportée la veille du départ de la course. Par manque de vent, le parcours est modifié
En ce qui concerne les Ocean Fifty : les neuf multicoques prendront le parcours initial des Class40 : les Bouches de Bonifacio, descente de la Sardaigne Est, oublier le Stromboli, puis prendre plein ouest, direction les Baléares, pour « descendre » ensuite sur Saïdia. « Nouveau parcours, un peu moins long, c’est plus raisonnable au niveau des conditions météo », saluait Luke Berry (Le Rire Médecin Lamotte). « Nouveau parcours, nouvelle course, cela n’empêche pas de profiter de la magie de notre sport », lâchait Thibaut Vauchel-Camus (Solidaires en Peloton).
Pour les Class40, trois options étaient sur la table. Finalement, Kito a tranché : les monocoques, après avoir passé la bouée de Sète, tireront plein sud, pratiquement au 180, vers l’île de Minorque qu’ils laisseront à tribord avant d’aller franchir à leur tour le passage entre Ibiza et Formentera. Et toujours arrivée à Saïdia, après les Zaffarines. « On est au final très content d’aller à Minorque. Ça permet de sécuriser l’arrivée à Saïdia dans les temps. Et il y aura plus de jeu, on aura des chances, avec nos vieux bateaux », précisait Mathieu Claveau (Prendre la Mer – Agir pour la forêt). Tandis que Corentin Douguet (Centrakor) se satisfait de « prendre cette partie ou il y aura plus de vent. Avec la Sardaigne, on allait vers un mur. Il y aura du jeu quand même, avec toujours deux portes aux Baléares, qui permettront à la direction de course de réadapter au besoin ». Toujours contents d’aller sur l’eau, de toute façon, ces skippers.