En Occitanie, la crise sanitaire et les deux mois de confinement ont profité aux circuits courts. La population s’est tournée vers les producteurs locaux. Cet engouement va-t-il se maintenir ? Si certains éleveurs gardois ont confiance en l'avenir, des maraîchers déchantent dans l'Hérault.
Aujourd'hui, les circuits courts ont le vent en poupe ! Selon une étude réalisé par l'Ifop pour l'agence Australie, la plupart des Français font confiance aux producteurs locaux : ils estiment à plus de 80% que leurs produits sont de qualité et qu'ils leur donnent envie de cuisiner.
Et de boire aussi, si l'on en croit un vigneron de Vauvert dans le Gard qui travaille en bio depuis une trentaine d'années.
Jean Paul Cabanis a vu ses ventes augmenter depuis le mois de mars. Il travaille principalement avec des plates-formes qui alimentent des magasins bio en France mais aussi avec la Belgique.
Ce sont les " Bib" et les vins d’entrée de gamme qui m'ont été le plus plus demandé pendant le confinement.
De nouveaux clients sont également venus au caveau sur sa propriété pour acheter ses vins.
Il sont venus grâce au bouche-à-oreille des clients et parce qu’ils avaient le temps. Je n’ai fait aucune publicité, je ne cherche pas à développer mes ventes car je travaille tout seul actuellement et j’ai beaucoup trop de travail.
En discutant avec cette nouvelle clientèle, le vigneron gardois affirme avoir senti un vrai mouvement de sympathie envers les producteurs locaux mais aussi une prise de conscience.
Et pour le moment, les gens sont revenus acheter du vin sur son domaine.
10% de clients en plus pour un éleveur gardois
Même constat chez Mathieu Lacan qui élève des Gasconnes et de vaches Angus en petite Camargue.
Ce jeune homme s'est lancé dans l'élevage en 2016 avec son épouse. Dès le départ, il a opté pour la vente en direct, via les réseaux sociaux.
Lorsque le confinement et son cortège d'interdictions sont arrivés, beaucoup de consommateurs se sont mis à chercher des producteurs locaux sur internet.
Ce qui a été bénéfique aux Lacan qui avaient un coup d'avance. D'autres producteurs gardois, des maraîchers ou des éleveurs spécialisés dans les volailles par exemple, ont dû s'adapter à marche forcée au mode de fonctionnement des réseaux sociaux.
Au point que les clients ont dû faire preuve de patience et de persévérance pour parvenir à les joindre afin de pouvoir passer leur commande. C'est le cas d'Hélène, une habitante de Gallargues :
Il y en avait qui ne savaient plus où donner de la tête, débordés par les commandes arrivant de toute part, facebook, mail et texto, j'avais l'impression de leur courir après pour pouvoir acheter mon poulet et mes oeufs ! Mais ça en valait la peine, j'ai découvert de bon produits près de chez moi.
Pendant la crise sanitaire, les Lacan se se sont mis à livrer les colis de viande à domicile, un service qu'ils ne proposent pas d'habitude. Résultat : leur clientèle a augmenté de 10 %.
Nous avons suivi Mathieu Lacan au milieu de ses bêtes au pré, entre Saint Gilles et Vauvert dans le Gard :
Garder les nouveaux clients
Au total, nous avons eu 50 clients supplémentaires, affirme son épouse Sabrina.
Pendant le confinement, nous n’avons pas pu satisfaire toutes les demandes car notre offre n’est pas extensible. On espère en garder 70 %, et qu'ils feront l'effort de venir chercher leur colis chez nous.
Pour le moment, leur activité s'arrête car les bêtes partent en estive.
Le couple d'éleveurs reprendra les ventes en septembre, octobre. Il faudra attendre cet hiver pour pouvoir vraiment évaluer cette hausse de clientèle.
Déception pour certains maraîchers
Néanmoins, pour certaines AMAP -Associations pour le maintien d'une agriculture paysanne -, c’est déjà la déception.
Ces associations, destinées à favoriser l'agriculture paysanne et biologique, créer un lien direct entre paysans et consommateurs, qui s'engagent à acheter la production du paysage en le payant à l'avance
Sarah Bellini travaille avec deux de ces associations paysannes à Saint Mathieu de Tréviers et Viols en Laval,
Pendant le confinement, les nouveaux clients sont arrivés en masse et les ventes ont été multipliée par 4 !
Cette jeune femme qui a crée son entreprise, un atelier-conserverie artisanal de fruits et légumes locaux, a vu les gens repartir dès l'annonce du déconfinement.
"Les gens venaient parce que c’était à côté de chez eux, beaucoup par peur d’aller au supermarché et il y avait aussi ceux qui étaient motivés par le fait qu'ils avaient enfin le temps de faire attention à ce qu’il mangent, mais 80 % d’entre nous ont quittés début mai."
Pris d'assaut pendant le confinement, les circuits courts sauront-ils transformer l'essai ?
Pour l'heure, le bilan reste encore difficile à dresser, on y verra sans doute plus clair à la fin de l'été.