Gers : peut-on concilier élevage de volailles plein air et maîtrise de la grippe aviaire ?

Quelque 150 membres du collectif Sauve qui poule 32 et de la Confédération paysanne du Gers ont manifesté le 22 février devant la préfecture d’Auch. Éleveurs de plein air, ils plaident pour une dérogation au confinement des volailles lié à la grippe aviaire.

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Depuis 20 ans, le bien-être animal fait partie de l’ADN de la Ferme en Coton. Anne Catherine et Nicolas Petit ne conçoivent pas l’élevage autrement. Leurs poules vivent en plein-air 24 heures sur 24, et s’en portent bien. Mais les gérants de cette exploitation basée à Auch (Gers) ont été mis en demeure de se mettre aux normes.

Pour enrayer l’épizootie de grippe aviaire, ils devront bel et bien avoir confiné leurs volailles d’ici le 25 février prochain. Alors que le principal vecteur de la maladie serait, au contraire, l'élevage intensif : "nous rentrons des poussins à 1 jour, ils restent là jusqu’au bout de leur vie. Il n’y a pas de circulation sur l’élevage qui risquerait de conduire à une circulation du virus", assure Anne-Catherine Petit.

"Par animal, on passe de 4 à 0,5 mètres carrés"

Le couple Petit proteste contre la claustration systématique des volailles dans des élevages en totale autarcie, où le virus H5N1 ne circulerait pas : "quand on emmène un poulet label ou industriel à l’abattoir, c’est une entreprise qui se déplace, en provenance d’un autre élevage", détaille Nicolas Petit. "Ces gens-là transportent la problématique d’élevage en élevage. Nous, personne ne vient, on fait tout sur place."

Malgré tout, ils devront se soumettre à la réglementation, sous peine d’une lourde sanction pénale. Conséquence, leurs volailles verront pour la première fois le jour à 10 semaines, et évolueront sur un espace limité. "Par animal, on passe de 4 mètres carrés à un demi-mètre carré. Ça veut dire qu’on passe de 2000 mètres carrés à 200 mètres carrés", se désole Anne-Catherine Petit. 


A l’initiative du collectif Sauve qui poule 32, ils ont fait entendre leur colère devant la préfecture, mardi 22 février 2022, aux côtés de la Confédération paysanne. Avant de rencontrer le préfet.

La nécessité d'une dérogation

Les années précédentes, des dérogations avaient pourtant été instaurées pour les élevages de plein air. Une demande qui n’a pas abouti en 2021. Et la claustration stricte fait perdre l’intérêt même de l’élevage de plein air, selon une consommatrice venue soutenir la manifestation à Auch.

"Le plein-air, c’est vraiment une condition obligatoire pour un label de qualité", avance-t-elle. "Si on continue à acheter du label alors qu’on sait que les volailles sont enfermées, il n’y a plus aucun sens."


"Pour moi, le plein air, c’est aussi le signe que les volailles sont en bonne santé", plaide une autre femme venue encourager les éleveurs. "Qu’elles puissent justement avoir fabriqué leurs propres anticorps, qu’elles ne soient pas sous antibiotiques, qu’on ne nous fasse pas manger quelque-chose qui ne soit pas bon, quoi."

"L'élevage paysan est la solution"

Dans un communiqué, la Confédération paysanne et le Modef (Confédération syndicale agricole des exploitants familiaux) ont dénoncé l’inefficacité des mesures gouvernementales et incité à "agir sur les densités d’élevage, les flux de transports d’animaux et d’humains et mettre enfin en place des analyses de risques par exploitation".


"C’est à l’Etat de reprendre en main la gestion de la grippe aviaire. L’élevage paysan est la solution ; le plein air l’avenir", plaident conjointement les syndicats.

La mesure de claustration a pris effet en novembre dernier et restera active tant que des cas seront constatés. L’année dernière, la crise s’était arrêtée au mois de mai. Plus de 4,5 millions d’animaux ont déjà été abattus en 2021-2022.

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