Après une année difficile sur le plan météorologique, les viticulteurs gersois de l'Indication Géographique Protégée "Côtes de Gascogne" bénéficient des conditions climatiques idéales pour leurs vendanges, qui ont commencé deux semaines plus tôt cette année.
Des vendanges en août, il n'y en a pas eu depuis des dizaines d'années dans le Gers. Au domaine Chiroulet à Larroque-sur-l'Osse, elles ont commencé le 26 août 2020. Une précocité, qui s'explique par une météo idéale.
Aujourd'hui on a des journées ensoleillées et des nuits fraîches. Cette alternance est parfaite pour que le raisin fabrique ses arômes typiques de notre IGP à savoir ceux d'agrumes et de fruits exotiques
"Toutes les semaines, les vignerons effectuent des prélèvements dans leurs parcelles, pour tester la quantité de sucre et l'acidité". Ce sont en fonction de ces résultats qu'est décidé le jour de récolte.
Car trop attendre peut se révéler contre-productif : "L'acidité se dégrade avec la chaleur. Plus vous mûrissez, plus vous perdez en arômes. Il faut trouver un équilibre" explique Philippe Fezas, vigneron du Domaine Chiroulet
"Ça va être une année atypique"
"C'est une année solaire" résume Philippe Fezas. Pour l'instant, seuls les blancs sont récoltés, mais les premiers retours sont prometteurs. Le vigneron les décrit "D'habitude le sauvignon part sur une note florale, de pêche blanche. Cette année, il approche la pêche jaune, les fruits plus mûrs".Mais pour le vigneron pas de doute : "Ça va être une année atypique".
"Les thiols (ndlr : arômes) sont sensibles à l'ensoleillement. Pour les blancs, cela va donner des vins plus riches en gras, en matière, en onctuosité."
Pour les rouges, il faut attendre le début des analyses des premières vendanges.
Une météo en dents de scie
Une météo favorable pour les vendanges...Mais très capricieuse le restant de l'année. Les 82 producteurs de l'IGP en ont vu de toutes les couleurs. Un hiver doux qui a favorisé le bourgeonnement précoce, un printemps très arrosé et à partir du 15 juin une absence de précipitations...jusqu'à un épisode orageux fin août, qui aura ravagé 5% de la superficie viticole de l'IGP, autour d'Eauze.Malgré tout, hormis pour les viticulteurs touchés par les intempéries, "on s'attend à une récolte normale", commente Alain Desprats, directeur du syndicat et de la section interprofessionnelle des vins "Côtes de Gascogne".
Des ventes qui remontent depuis juin
Outre la météo, la crise sanitaire a aussi compliqué la tâche de toute une filière. En 2019, la production est d'un peu plus de 800 000 hectolitres.En mars, avril et mai, les ventes ont baissé de 35%, principalement à cause de la fermeture des restaurants et des cavistes. En juin et juillet, les ventes ont progressé de 11 à 20% par rapport à l'an passé.
Effet rattrapage ou anticipation d'un nouveau confinement..."On attend les mois à venir pour savoir si cette tendance se confirme" répond Alain Desprats.
L'export, qui représente 60% des ventes est remonté notamment pour les marchés européens (Allemagne, Royaume-Uni, Pays-Bas), mais a été stoppé net pour le grand export (Etats-Unis, Canada, Asie).
Pour Alain Desprats, "les consommateurs français ont été au rendez-vous cet été". "Les côtes de Gascogne, ce sont des vins qui sont rentrés dans la vie des gens, dans leur quotidien. Je suis optimiste car ils offrent un très bon rapport qualité-prix", estime de son côté Philippe Fezas, vigneron du Domaine Chiroulet. Synomyme de l'intérêt porté par les Français à l'appellation, son domaine a battu des records de fréquentation cet été, bénéficiant de l'afflux de touristes nationaux dans le Sud-Ouest de la France.