Grippe aviaire. Éleveurs du Gers et ministre de l'Agriculture ne sont pas vraiment sur la même longueur d'onde

Plus de 4,5 millions de volailles ont été euthanasiées depuis l'été 2022. Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture s'est voulu rassurant avant sa visite dans le Gers ce vendredi 10 février. Mais l'éleveuse Sylvie Colas de la Confédération paysanne n'a pas la même analyse de la situation.

En Occitanie, 25 foyers de grippe aviaire ont été détectés dont 13 dans le Gers depuis le 1er août 2022. À la date du 9 février 2023, 296 foyers en élevage ont été confirmés depuis le 1er août dernier d'après le ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire.

Plus de 4,5 millions de volailles ont été euthanasiées depuis l'été 2022. Les abattages préventifs qui se succèdent consistent à vider tous les élevages à moins de 10 kilomètres des foyers contaminés.

"On n’est pas encore sorti de la zone de danger"

Invité de la matinale de France Bleu Occitanie, le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau, en visite dans le Gers ce vendredi 10 février, s'est voulu rassurant."Cette année nous sommes à 400 cas environ, l’an dernier nous étions à 1700 cas. Il faut saluer tout le travail qui a été fait avec les éleveurs pour avoir des zones de vide sanitaire qui soient allongées et d’avoir des zones de précaution qui soient renforcées", a souligné Marc Fesneau.

Malgré ces précautions, les éleveurs sont encore durement touchés par ce nouvel épisode de grippe aviaire et le ministre de l'Agriculture confirme que "l'on n'est pas encore sorti de la zone de danger".

Face à l'inquiétude des éleveurs, Marc Fesneau estime qu'il y a des mesures d'espoir. Le ministre rappelle que ses équipes "travaillent sur un protocole de vaccination pour le mois de septembre qui peut amoindrir les épisodes que l’on a en ce moment".

Il y a quatre expérimentations de vaccin en Europe dont un qui est expérimenté à l’école vétérinaire de Toulouse. On espère avoir des éléments tangibles pour démarrer le protocole en septembre.

Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture

Reste des questions sur la production et sur les conditions d'administration du vaccin. Mais le ministre considère "que la vaccination, en plus des mesures sanitaires et des indemnisations, est une solution prometteuse et devrait aider à stabiliser la filière".

La réalité des éleveurs 

Sylvie Colas, éleveuse de volailles à Lectoure dans le Gers et porte-parole de la Confédération paysanne se veut beaucoup moins rassurante. Selon l'éleveuse, "une fois de plus, car cela dure depuis 6 ans, cette grippe aviaire est gérée sur le plan économique mais pas sur le plan sanitaire. C’est-à-dire que l’on défend les intérêts des filières longues, de l’agroalimentaire mais assurément pas les intérêts des petits éleveurs plein air".

C’est la catastrophe. C’est l'effondrement de la filière. Beaucoup d'éleveurs n'ont pas pu mettre en production et sont désespérés.

Sylvie Colas, porte-parole Confédération paysanne

"Touchée" en 2022 car il y avait un foyer à 6 kilomètres de son élevage, Sylvie Colas s'explique. "Quand on est à moins de 10 kilomètres d’un foyer de grippe, on ne peut plus mettre en production jusqu’à ce que la zone dite de surveillance soit levée et cela a mis pratiquement 4 mois".

Sylvie Colas n'a pas pu produire pendant 4 mois, et elle n'a donc rien vendu. "À partir de début janvier, plus un poussin. Donc début avril je n’avais rien à vendre. Ça correspond à 2000 volailles que je n’ai pas mises en production".

Je suis en vente directe, je fais tout. L’élevage, l’alimentation, l’abattage à la ferme. Lorsque que l'on a 4 mois en moins, cela fait 25% de l’année en moins. Ça fait des grosses pertes, elles s’élèvent à peu près à 10 000 euros.

Sylvie Colas, porte-parole Confédération paysanne

Pour Sylvie Colas, "le ministère discute seulement avec les gros abattoirs, les groupes commerciaux, les fabricants d’aliments, les transporteurs. Et nous, les éleveurs, ne sommes plus associés à ces discussions et c'est eux qui décident qui mettra en production ou non. De plus, on nous a dit, c’est la faute du plein air, il faut enfermer les volailles. Donc on a industrialisé les élevages en construisant des bâtiments".

Maintenant que les bâtiments sont construits, la grippe aviaire continue. En 2022, 25 millions de bêtes abattues alors que tout était claustré. On était obligé d’enfermer la volaille et il n’y a jamais eu autant de mortalité.

Sylvie Colas, porte-parole Confédération paysanne

Le nombre de cas de grippe aviaire est actuellement bas parce qu'il n’y a plus de caneton à mettre en place. "On a un manque de 20% de poulettes prêtent à pondre en France et un manque de 50% de canetons, donc c’est normal qu’il y ait moins de cas de grippe aviaire", insiste l'éleveuse.

En ce moment, il travaille sur le vaccin mais on n’est même pas sûr d’y avoir accès. 

Sylvie Colas, porte-parole Confédération paysanne

Le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, "comprend parfaitement la détresse et les difficultés des éleveurs et c’est pour ça que nous œuvrons au quotidien". 

Mes équipes sont mobilisées en permanence, 24 heures sur 24 auprès des éleveurs et de leurs représentants et nous avons versé 1.1 milliard d’euros d’indemnisations sur l’année 2022.

Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture

En ce début d'année 2023, de nombreux volatiles sont touchés par le virus de la grippe aviaire. 150 volatiles de la ferme pédagogique du Domaine des oiseaux en Ariège ont été abattus en raison de plusieurs cas de grippe aviaire.

Pour mieux comprendre la situation, vous pouvez retrouver les 3 questions que nous avons posées à Jean-Luc Guérin, chercheur à l'école nationale vétérinaire de Toulouse.

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