Plus de 50 agriculteurs des Coordinations rurales du Gers, des Landes, des Hautes-Pyrénées et des Pyrénées-Atlantiques se sont réunis, lundi 19 août, pour manifester contre les contraintes et le coût qui pèsent sur l'irrigation de leurs cultures. Ils sont prêts à se faire entendre avec fermeté, si les pouvoirs publics n'agissent pas.
Ils étaient une cinquantaine, dans la soirée du lundi 19 août, à s'être rassemblés devant les locaux de l'institution Adour à Mont-de-Marsan (Landes) pour exprimer leur colère. Des agriculteurs, pour la plupart céréaliers, du Gers, des Landes, des Hautes-Pyrénées et des Pyrénées-Atlantiques.
À l’origine du mécontentement, les redevances et les baissent de quotas sur l'irrigation : "On tente d'interpeller depuis le mois de mars l'institution, en s'adressant aux Préfets", déclare Lionel Candelon, président de la Coordination rurale du Gers. Sans réponse, les agriculteurs en colère décident de passer à l'action.
"On n'a pas notre mot à dire"
Le 2 août 2024, le juge des référés du tribunal administratif de Pau (Pyrénées-Atlantiques) a décidé de suspendre l'arrêté concernant plusieurs préfectures, dont le Gers et les Hautes-Pyrénées, autorisant les prélèvements d'eau pour l'irrigation agricole dans le sous-bassin de l'Adour. Le juge des référés a ordonné une réduction immédiate de 25% des volumes prélevés. Pour Lionel Candelon, cette décision vient contredire les promesses du gouvernement à la suite des mouvements de contestation, au début de l'année 2024, pour améliorer les conditions de travail et de vie des agriculteurs.
Le président du syndicat rappelle qu'à ce jour, la plupart des départements du sud-ouest sont soumis à trois redevances sur l'irrigation : celle de l'agence Adour-Garonne, celle d'Irrigadou et celle de l'Institution Adour. "On a donc plus de 50% du capital qui est détenu par la région Occitanie, constate Lionel Candelon. On a eu des augmentations de près de 200 à 300% et on n'a pas eu notre mot à dire."
La région Occitanie souligne les propos inexacts de Lionel Candelon : "la Région n’est actionnaire ni de l’Agence de l’Eau, ni de l’institution Adour, et pas non plus de Irrigadour. Membre du conseil d’administration de l’Agence de l’eau comme l’ensemble des autres usagers, la Région avait exprimé ses réserves sur une augmentation des redevances (par ailleurs annulée par le gouvernement à la suite des manifestations agricoles menées cet hiver). L’Institution Adour a pour sa part décidée seule d’une augmentation de ses tarifs pour l’eau agricole. "
La collectivité assure donc ne pas être "responsable des augmentations de tarifs".
Acte 1 avant d'aller plus loin
Les agriculteurs puisent alors dans des lacs ou des retenues d'eau artificielles destinés à l'agriculture, pour lesquels ils sont "facturés plein pot" selon le président de la Coordiation rurale du Gers. Alors que "70% de l’eau qui sert à l’irrigation des cultures revient à la nature", martèle-t-il.
Le syndicat réclame plusieurs mesures : "Il faut d'abord améliorer le stockage de l'eau l'hiver pour la restituer l'été, déclare Lionel Candelon. On souhaite surtout une redevance unique, dans tous nos départements, pour pouvoir baisser le coût de production au niveau de l'irrigation. Enfin, on veut savoir où va notre argent. On demande à nos départements de consulter les comptes publics depuis des mois."
L'action d'hier soir n'était que "l'acte 1" de cette colère. Sans nouvelles des institutions, les agriculteurs des Coordinations rurales du sud-ouest sont prêts à aller encore plus loin. "On ira tous à Toulouse, en tracteurs, voir directement les concernés : les élus, martèle Lionel Candelon. Ça suffit. Les pouvoirs publics doivent prendre conscience que pour sauver l'agriculture, il faut agir."