"On n'est pas confinées, on est cloîtrées !" : les sœurs de l'abbaye de Boulaur dans le Gers gardent la foi

Le coronavirus n'a pas tout changé à l'abbaye cistercienne de Boulaur. Les soeurs font de l'esprit, liées au Saint-Esprit. Entre offices religieux et travaux agricoles, mais aussi les médias, tout n'est pas qu'ascèse dans le Gers. Dans la joie, et avec humour les 27 soeurs se préparent pour Pâques.

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Soeur Anne a toujours le sourire et sa joie est communicative. Elle nous parle d'Instagram, de réseaux sociaux, du buzz à chaque vidéo postée, des nombreux médias qui la sollicitent, des offices qu'elle filme avec son i-phone et bien sûr, de la semaine sainte qui se profile.
 


Le coronavirus n'a pas changé sa manière d'être, et la vie est toujours intense au sein de l'abbaye cistercienne à Boulaur (Gers). Seul le grand projet d'agrandir la ferme avec 2 nouveaux bâtiments a été impacté. Mais pour l'heure, la semaine Sainte se profile.



Pâques au goupillon

"Dimanche 5 avril, la semaine Sainte commence. Dans la liturgie, la mémoire de la mort et de la ressurection de Jésus-Christ c’est le plus important. Nous avons la chance d'avoir un aumonier qui habite à l'extérieur du monastère et qui est confiné avec nous. On va pouvoir fêter Pâques comme d’habitude. Malheureusement sans les fidèles."

Pas de chômage partiel à l'abbaye. Pour soeur Anne comme pour les autres, sept fois par jour, les offices liturgiques rythment la journée, dès 5h15 le matin, jusqu'à 21h le soir.
 

"On garde juste nos distances dans l'église. On ne peut plus communier en prenant l'hostie dans la bouche. L'aumonier nous la dépose dans la main. Il n'y a plus d'eau dans les bénitiers. Ce sont les seuls changements. Bien sûr, on se lave les mains avant et après les offices."


Pas de coronavirus au sein de l'abbaye

Avant, le public pouvait assister à la messe ou simplement visiter les lieux deux fois par jour. Ce n'est plus possible. Les vèpres ont été avancées à 18H pour permettre aux soeurs de faire la vaisselle, le ménage et désinfecter les lieux. Ce qui prend plus de temps que d'habitude.
 
Pour l'heure, aucun cas de coronavirus. "Il y a juste 2 soeurs -la doyenne de 93 ans et une autre de 70 ans- qui sont mises en quarantaine par prévention. Elles prennent les repas séparemment et se tiennent à l'écart dans l'église".

Pas de soucis d'approvisionnement non plus car les religieuses vivent sur une exploitation agricole de 45 ha. Elles avaient déjà fait leurs commandes auprès des centrales d'achats et des producteurs locaux.


Cultiver son jardin

Les cisterciens suivent la règle de Saint Benoît. Le travail a été érigé comme un pilier de la vie monastique. Quasiment toutes les religieuses travaillent sur l'exploitation; pour consommer et vendre ce qu'elles produisent mais surtout pour souder la communauté.

"On vient de semer 2 hectares de lentilles. C'est aussi la haute saison pour les semis dans le jardin. On a mis des tomates, poivrons, courgettes, aubergines... Cette année on a semé plus que d'habitudes pour donner des plants à ceux qui sont confinés."
 

Sans oublier les cornouillers qui servent aux confitures (4 T par an quand même!). Quotidiennement, les fleurs du jardin sont postées Instagram.

Quant aux 17 génisses et les 2 petits veaux, ils ont élu domicile chez la voisine car l'abbaye se prépare au grand chantier de construction de 2 nouveaux bâtiments. 


"Grange 21", le grand projet des soeurs 2.0

Notre projet est de bâtir une grange cistercienne pour le 21e siècle, une micro-ferme diversifiée et écologique. 


Un nouveau lieu pour 25 vaches et une douzaine de cochons. Histoire de multiplier par 4 la production et renforcer l'autonomie avec ce projet "de circuit-court, écologique et responsable". Coût total des travaux de "Grange 21" : 4M d'€. Les soeurs bénéficient de subventions publiques (650.000 €), mais la communauté religieuse doit trouver 1,5 million d’euros de par le mécénat auprès des entreprises, des grands donateurs et des particuliers.
 
Les terrassements doivent commencer autour du 10 mai. "Il n'y a pas de retard pour l'instant. Les chantiers participatifs avec la population commenceront juste après. Il s'agira de fabriquer des briques en terres crues pour les 2 bâtiments. Un pour l'élevage, l'autre pour transformer les produits agroalimentaires".

Pourquoi de la terre crue? Parce que le site de l'abbaye est classé par les Bâtiments de France. Les soeurs avaient fait le buzz sur les réseaux sociaux lors du lancement du financement participatif. "C'est un peu le point noir du coronavirus. Nous avons arrêté les démarches auprès des mécènes et des entrepreneurs. Ils ont d'autres soucis. Ce n'est pas le moment d'aller les voir. "
 

Autres difficultés : l'hotellerie sur le site est fermé depuis le 13 mars. D'habitude, l'abbaye est accueillante et de nombreux pèlerins des chemins de Saint-Jacques de Compostelle s'y arrêtent.
Le magasin pour vendre les produits lui aussi a des difficultés. Il avait fermé au début du confinement mais il vient de rouvrir. En revanche, les religieuses ne vont plus sur les marchés pour vendre. Le chiffre d'affaire à baissé de 72% au mois de mars. Mais la solidarité est toujours là : face à la pénurie de farine, les soeurs ont moulu du grain pour ceux qui en voulaient.
 


Malgré ces changements, les 27 soeurs continuent de vivre, prier et travailler. On regardant leur site internet., leur Facebook, leur compte Instagram, vous ne trouverez que du positif : pas une photo, une tranche de vie où le sourire n'illume pas leur visage.

Confinées, cloîtrées, peu importe. En pleine pandémie de coronavirus, les soeurs de Boulaur n'ont pas les foies, elles gardent toujours la foi heureuse. 
 




 
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