Créé en 1972, le service remplacement s'est imposé dans le monde agricole. Le temps d'un arrêt maladie, d'un congé maternité, d'un événement familial ou simplement quelques jours de repos, les agriculteurs peuvent être remplacés sur leur exploitation. Dans le Gers, nous avons rencontré Thomas Peffau lors du passage de relais à sa remplaçante Sarah Carrera.
C'est une matinée un peu particulière à la ferme du chemin de la Grand Borde. Thomas Peffau donne les dernières consignes à Sarah Carrera. C'est elle qui va le remplacer sur l'exploitation. Un élevage de 200 veaux et vaches. Le jeune éleveur doit s'absenter pour raisons de santé pendant 2 mois.
Il a donc fait appel au service remplacement du département du Gers. Un service indispensable pour que ce jeune éleveur de 34 ans puisse se soigner sereinement.
" Je culpabilise de ne pas pouvoir travailler. Quand j'ai su que je devais me faire opérer. J'ai contacté le service de remplacement agricole. Il fallait trouver une solution. Je ne pouvais pas faire peser une charge de travail supplémentaire sur mon père et mon cousin ", explique Thomas.
Passionnée à 23 ans par le métier d'éleveur
Sarah écoute attentivement. Même si elle connaît bien la ferme. Elle y a fait son apprentissage pendant deux ans. À 23 ans, cette fille d'agriculteur, est passionnée par le métier d'éleveur. Mais elle sait qu'au-delà de ses compétences professionnelles il faut surtout rassurer le professionnel qui confie les clés de son exploitation.
"Il faut les rassurer oui. Je travaille aussi bien dans une exploitation viticole, de maraîchage, d'élevage de vaches ou de canards. Il faut s'adapter et respecter les méthodes de travail de celui qu'on remplace. Il faut changer le moins possible ses habitudes !", raconte Sarah salariée du service de remplacement agricole. Une expérience qui lui permet d'être très polyvalente avant peut-être de reprendre l'exploitation familiale.
Malgré la confiance, Thomas a un peu de mal à lâcher les rênes."C'est très compliqué de quitter nos fermes. On peut leur faire confiance. Ils sont formés, compétents. Mais on vit du lundi au dimanche avec nos animaux. On y pense jour et nuit. Quand on s'en va plusieurs jours, c'est dur pour nous."
On laisse une partie de sa vie. Il faut une personne de confiance. Il faut que le courant passe entre nous.
Thomas Peffau, éleveur
Sarah a déjà trouvé sa place dans l'équipe aux côtés du père de Thomas et de son cousin en apprentissage. "Moi j'ai 62 ans, je n'ai pas connu ça. Mais c'est nécessaire. Pouvoir s'absenter quelques jours. C'est l'équilibre d'une vie, d'une famille, d'un couple. Et puis ces jeunes, sont bien formés. Ils sont tout à fait capables de remplacer un chez d'exploitation", commente Philippe Peffau le père de Thomas.
Un service créé il y a 50 ans
Le service remplacement agricole existe depuis 1972. Mais il s'est développé ces dernières années. C'est en fait une association, un groupement d'employeurs qui salarie 340 personnes dans le département du Gers.
Des salariés agricoles capables d'intervenir dans tout type d'exploitation et pour différents motifs. "Il y a bien sûr l'arrêt maladie, le congé maternité ou paternité. Les agriculteurs ont besoin de passer du temps avec leur famille. Et puis on peut aussi faire appel à nous pour quelques jours de congés", nous explique Stéphane Minguet président du service remplacement à l'échelle de l'Occitanie. Un service qui revient en moyenne de 10 à 12 euros de l'heure pour les agriculteurs en fonction des situations, des aides et assurances.
Pour éviter le burn-out
Un nouveau motif de remplacement fait son apparition ces dernières années. Il s'agit de l'aide au répit en cas d'épuisement professionnel mis en place avec la Mutualité Ssociale Agricole (MSA).
"On peut nous appeler aussi pour un répit. Là il s'agit d'envoyer un salarié pendant une à deux semaines donner un coup de main à un agriculteur en difficulté parfois proche du burn-out. Cela lui permet de redresser la tête, de prendre un peu d'oxygène. C'est une période où on peut remettre les choses en ordre. Les retours que l'on a de ce type d'intervention sont très positifs ", précise Stéphane Minguet.
Un motif de remplacement qui compte pour 10% des demandes et qui augmente ces derniers mois. Un signe du malaise du monde agricole. "On a des assistantes sociales qui peuvent aussi nous alerter sur la situation d'un agriculteur. Et on lui propose cette aide temporaire", précise le président du service remplacement qui aimerait que ce motif n'ait plus lieu d'être.
En Occitanie le service remplacement est un vivier de 2800 personnes réparties dans les 13 départements.
Il en faudrait 10 à 20% de plus pour répondre aux demandes et aux besoins. .