Le bras de fer se poursuit entre la Coordination rurale du Gers et l'Office français de la biodiversité. Fin mai : l'OFB porte plainte après une action menée par les agriculteurs. Une plainte aujourd'hui classée sans suite. Les agriculteurs, eux, contre-attaquent.
L'information a été transmise, ce lundi 1er juillet 2024, par la gendarmerie du Gers après décision du parquet d'Auch. La plainte déposée par l'Office français de la biodiversité pour des dégradations et menaces à l'encontre de la Coordination rurale du Gers, vient d'être classée sans suite. Fin du bras de fer ? Pas du tout. L'organisation syndicale agricole ne tient pas à laisser les propos tenus par deux ministres, Christophe Béchu et Agnès Pannier-Runacher.
"Ce n'est pas parce qu'on est ministre, qu'on doit tout se permettre"
Petit retour en arrière. Dans la nuit du 26 au 27 mai 2024, la Coordination rurale du Gers décide de passer à l'action. Les grilles d'entrée de l'OFB à Pavie sont cadenassées par des agriculteurs qui dénoncent des contrôles inopinés et abusifs. L'organisme va alors dénoncer des dégradations et menaces. Plainte est déposée.
Je condamne avec la plus grande fermeté les dégradations commises par la Coordination rurale sur les locaux de l’OFB à Pavie, dans le Gers. Je renouvelle tout mon soutien aux agents de l’OFB qui mènent un travail sans relâche au service de la nature. Toute tentative… https://t.co/LLQOgrGl8B
— Christophe Béchu (@ChristopheBechu) May 27, 2024
"Toute tentative d'intimidation est vaine et ne saurait être tolérée" s'empresse alors de réagir Christophe Béchu sur son compte X (anciennement Twitter). Il est rapidement suivi par la ministre déléguée, Agnès Pannier-Runacher. Ces propos avaient alors fait rugir le président de la Coordination rurale du Gers qui n'entendait pas laisser passer. Le voici conforté avec le classement sans suite de la plainte de l'OFB.
"On va faire les démarches pour tenter de faire réparer ce qui a été commis par des ministres tels des ados de 15 ans", nous annonce Lionel Candelon, le président du syndicat agricole.
Quand on affirme publiquement, et que c'est autant relayé, qu'un syndicat agricole a dégradé, vandalisé et commis des actes de menace et d'intimidation et que ce n'est pas vrai, il y a matière à être puni. Ce n'est pas parce qu'on est ministre qu'on doit tout se permettre.
Lionel Candelon, président de la Coordination rurale du Gers
Une plainte pour dénonciation calomnieuse va être déposée dans les heures qui viennent par l'avocat de l'organisation agricole.
Appel au bon sens sur la question des contrôles
"Propriété privée. Ligne rouge. Défense d'entrée. Dernière sommation." Ce sont là les mots inscrits en lettres capitales sur une banderole, accrochée sur les grilles de l'OFB, dans la nuit du 26 au 27 mai 2024 à Pavie. Ce que reprochent les agriculteurs de la Coordination rurale, ce sont des contrôles inopinés, jugés abusifs.
"Les agriculteurs ne sont jamais au courant du jour où ils viennent, ni de ce qui a été constaté sur place, précise Lionel Candelon. En fait, on n'a aucune preuve, on n'a aucun suivi de procédure, on n'a rien du tout." Ce que continue de réclamer aujourd'hui le syndicat agricole, c'est de pouvoir être présent lors de ces contrôles. "On veut être sur place pour voir ce qui est constaté."
Selon le président de la coordination rurale du Gers, un agriculteur des Hautes-Pyrénées serait convoqué le 8 juillet prochain pour un constat de l'OFB effectué entre janvier et avril. Difficile de contredire quoi que ce soit faute d'avoir été sur place au moment de la venue des agents. "Nous, ce qu'on demande juste, c'est le bon sens. C'est de pouvoir être présent, discuter avec eux, savoir pourquoi ils constatent ça", rajoute Lionel Candelon.
La coordination rurale du Gers souhaite voir la porte de la discussion s'ouvrir en préfecture sur le sujet.