Les Etats-Unis ont annoncé une hausse prochaine des droits de douane pour de nombreux produits. En France, les fromages, la charcuterie ou le vin sont concernés. De quoi susciter de nombreuses inquiétudes dans les vignobles qui exportent beaucoup vers les Etats-Unis, comme celui de Cahors.
Les Etats-Unis ont annoncé mercredi qu'ils allaient frapper 7,5 milliards de dollars de produits européens de tarifs douaniers punitifs, quelques heures seulement après avoir remporté une "grande victoire" à l'OMC dans l'interminable affaire des subventions à Airbus. Ces taxes douanières seront imposées à partir du 18 octobre. Elles seront de 10 % sur les avions importés de l'Union européenne et de 25% sur d'autres produits comme le vin, le fromage, les olives ou encore la charcuterie. Une très mauvaise nouvelle pour les producteurs de vin de l'Appellation d'origine contrôlée (AOC) de Cahors qui exportent 10% de leur production, 15 000 hectolitres par an, vers les Etats-Unis.
Une très mauvaise nouvelle pour l'AOC Cahors
"Aujourd'hui, c'est un peu l'affolement" explique Pascal Verhaeghe, le président de l'union interprofessionnelle des vins de Cahors, "les distributeurs m'appellent, ils sont catastrophés." "Les Etats-Unis font partie des trois pays vers lesquels on exporte le plus" poursuit-il, "ils représentent 25% de nos exportations. Une telle hausse est un coup de massue, une énorme baisse des ventes annoncée." Car si les Etats-Unis envisagent de taxer les vins français, ils exemptent les vins argentins, chiliens, australiens et italiens. "Les vins argentins sont nos principaux concurrents aux Etats-Unis et eux ne seront pas taxés. Sur une bouteille à valeur équivalente, ils seront désormais moins chers que nous. Une hausse de 25% du prix de la bouteille, c'est catastrophique pour nous"."Un empêchement de vendre" pour les Côtes de Gascogne
Même inquiétude du côté des Côtes de Gascogne, dans le Gers. "On exporte entre 3,5 et 4 millions de bouteilles par an vers les Etats-Unis, soit 4% de notre production" explique Alain Desprats, le directeur du syndicat des Côtes de Gascogne, "c'est un marché en pleine progression, le seul pays au monde où la consommation augmente. Cette augmentation est catastrophique. C'est plus qu'une taxe, c'est un empêchement de vendre, surtout face à nos concurrents qui, eux, ne sont pas taxés. Les bouteilles de Côtes de Gascogne se vendent entre 10 et 15 dollars sur la marché américain. Elles vont passer à des prix entre 12,5 et 18 dollars, c'est un handicap plus que majeur face à nos concurrents".Un appel à leurs représentants
"On subit ces sanctions alors que les Etats-Unis en ont plutôt contre les aides à Airbus" estime Pascal Verhaeghe, "il faut que nos syndicats et que l'Etat voient ce qui peut encore être négocié." Dans le Gers, Alain Desprats est du même avis : "notre filière subit alors que c'est une représaille sur les avions, c'est très injuste, il faut que nos organisations le fassent valoir à l'Etat".Le soutien de la Région
De son côté, la présidente de la Région occitanie en appelle à l'Union européenne et à l'Europe. "Nos producteurs vont faire les frais de conflits économiques et diplomatiques dans lesquels ils n'ont rien à voir ! Cette situation est inadmissible" indique Carole Delga dans un communiqué. "Même si les Etats-Unis ne sont pas les premiers importateurs, la valeur de ces exportations est cruciale pour l'équilibre financier de nombreux viticulteurs de notre territoire. La Région n'a pas vocation à intervenir à ce niveau diplomatique, mais nous ne pouvons pas rester les bras croisés à attendre que cela se passe".Elle indique aussi que "de manière symbolique, nous organiserons dès le 18 octobre, une vaste campagne de promotion des produits Sud de France au sein de la Maison de Région de New-York et plus largement aux Etats-Unis. Nous valoriserons les produits auprès des enseignes et magasins, soutenant ainsi tant les importateurs que les producteurs". La date du 18 octobre n'a pas été choisie par hasard, c'est ce jour-là que l'augmentation des droits de douane doit entrer en vigueur. La Région indique par ailleurs qu'elle soutiendra les producteurs de vins, de charcuterie et de fromages d'Occitanie dans leurs démarches à l'export et pour les aider à trouver de nouveaux débouchés dans d'autres pays que les Etats-Unis.