Cinq militants d'extrême droite comparaissaient ce mardi 25 octobre 2022 pour des faits de violence en réunion lors d'une manifestation anti pass sanitaire en septembre 2021. Ils ont été relaxés par le tribunal correctionnel de Toulouse.
Cinq militants nationalistes, jugés mardi 25 octobre 2022 pour violences en réunion, ont été relaxés par le tribunal correctionnel de Toulouse a indiqué Maître Bonneau, l'un des avocats des prévenus, auprès de France 3 Occitanie. Il faut remonter au mois de septembre 2021 pour comprendre les raisons de cette comparution. Lors d'une manifestation contre le pass sanitaire, environ 40 militants attaquent la tête de cortège qui tenait une banderole. Les esprits s'échauffent, les deux groupes s'affrontent physiquement. Certains y vont à coups de bâton ou de béquille, comme on peut le voir dans cette vidéo publiée sur une page Youtube.
Une action relayée par un Twittos identitaire
À l'époque, un compte Twitter justifie les raisons de cette action sur le réseau social. Il s'agit de Sylvain Durac (un pseudonyme) qui relaie avoir " été contacté par des proches (au sens politique) " afin de se rendre à cette manifestation. Le but était de " prendre le leadership du cortège afin de déployer une banderole anti-gouvernementale" d'après ses propos. Il affirmait également " vouloir renforcer un noyau de droite révolutionnaire au sein de la ville rouge, et se rapprocher du peuple qui descend chaque samedi". Ses tweets explicatifs ont été supprimés depuis.
Groupuscules identitaires
Cinq des 40 militants extrémistes avaient été interpellés après les faits. Ils étaient âgés de 27 à 32 ans au moment des faits. Ils comparaissent aujourd'hui devant le tribunal correctionnel pour violences volontaires. Trois appartiennent au mouvement Bordeaux Nationaliste : parmi eux, Tristan A. Ce fiché S et ancien membre du Bastion Social a déjà été condamné à plusieurs reprises. Les deux autres sont toulousains : l'un d'eux, Adrien. D, est l'ancien responsable de Génération Identitaire à Toulouse.
"Ce sont mes clients qui ont pris des coups"
Pour Maître Didier, l'un des avocats qui représente les deux prévenus toulousains, ses clients ne sont pas responsables des altercations. " On reproche à mes clients d'avoir donné des coups alors que ce sont eux qui en ont pris" affirme-t-il. " Les vidéos montrent que tout est faux, qu'il n'y a pas eu d'acharnement. C'est une bagarre de cour de collège, il n'y a pas eu de violence " poursuit-il. En accord avec les deux autres avocats, Maîtres Thevenot et De Caunes, il plaidera la relaxe pour ses deux clients.
"J'ai donné un coup de poing pour assister quelqu'un"
L'audience a démarré à 14 heures. Trois des cinq prévenus sont présents. La question des violences est rapidement posée. " Je n'ai pas donné de coups, mais j'ai été témoin de violences" affirme Adrien D. Quant à Clément G., autre prévenu dans cette affaire, il avoue à demi mots avoir mis un coup de poing, mais " seulement pour assister quelqu'un, pour le défendre". Quid de leur présence à ce moment-là, en tête de cortège ? " Pas pour être violent" assure Corentin M. qui avoue néanmoins avoir amené, dans son sac, une banderole avec un message politique qui sera déployée.
Les images ne montrent pas les prévenus auteurs de violence
Au milieu de plusieurs désaccords verbaux sur certains points du dossier entre le président du tribunal et les avocats, des photos sont diffusées à l'audience. On reconnaît certains des protagonistes. Comme ce cliché où Corentin M. est visible en train de s'accrocher avec deux manifestants. D'autres images de vidéosurveillance montrent Adrien D. proche des échauffourées, sans déterminer s'il y participe ou non. Ce jour-là, en fin d'après-midi, les forces de l'ordre procèdent à des interpellations, dont celles des prévenus.
Pour la procureure, les prévenus "n'ont pas été en reste pour répliquer"
Lors de ses réquisitions, la procureure de la République insiste sur les " violences réciproques entre des extrêmes", soulignant que les militants " n'ont pas été en reste pour répliquer". Elle tient à rappeler la complexité pour les policiers de démêler le vrai du faux, et la gestion difficile des manifestations à Toulouse. Pour elle, les violences en réunion des prévenus sont matérialisées : elle requiert 70 à 120 jours-amende (montant fixé selon les revenus des prévenus), ainsi que l'interdiction de participer à une manifestation en Haute-Garonne pendant deux ans.
En face, les avocats dénoncent un "dossier vide"
La défense, elle, rappelle " qu'aucun élément matériel ne prouve la culpabilité de nos clients" pendant l'audience. Elle insiste sur le fait que " les prévenus ne possédaient pas d'armes au moment des faits ". Pour eux, " le dossier est vide". Maître Thévenot rappelle, lui, le contexte de l'époque, avec le " ministère de l'Intérieur qui trouvait des boucs émissaires pour annihiler ces manifestations". Les quatre avocats réclament la relaxe pure et simple de leurs clients : " vous ne pouvez pas condamner ces hommes", conclut Maître Didier.