Au cœur de Toulouse, la mémoire de l'illustre chanteur Claude Nougaro semble peu à peu s'effacer, tandis que son œuvre perdure dans les souvenirs des plus anciens et le dévouement de sa fille. Un regard sur le lent passage du temps qui n'altère en rien la magie intemporelle de sa musique.
Dans le doux écho des souvenirs, lorsque l'enfant de la Garonne taillait les mots depuis son appartement sur le quai de Tounis, son regard se perdait dans le doux méandre du fleuve depuis son balcon.
La Garonne, telle une mère bienveillante, était sa muse, une source inépuisable d'inspiration. Aujourd'hui, c'est près des rives de ce majestueux cours d'eau que les paroles de sa célèbre chanson "C'est une Garonne" trouvent leur écrin.
"Moi mon océanC'est une GaronneQui s'écoule commeUn tapis roulant
Moi mon océanC'est une GaronneLa grande personneDont je suis l'enfant"
D'Amstrong à Toulouse
Ils sont encore quelques uns à se souvenir du vaste répertoire de l'artiste, de ses mots emblématiques tels que "Armstrong, je ne suis pas noir, je suis blanc de peau." Dans ces vers, c'est le "Canal du Midi" et "la brique rouge des Minimes" qui s'animent, offrant une peinture vivante de la ville rose, "Toulouse". Pourtant, au fil des ans, la présence de l'artiste semble s'estomper dans les mémoires, comme l'immense photo installée près de la place Saint Pierre.
La seule trace tangible de l'enfant du pays réside dans une imposante sculpture en bronze, une réplique grandeur nature qui rappelle que Claude Nougaro fait désormais partie intégrante du patrimoine de Toulouse. "C'est un artiste français qui est très connu, qui a rendu ses lettres de noblesse à Toulouse, qui a fait de Toulouse une ville hyper connue en France, peut-être par des chanteurs et des gens à l'étranger qui ne connaissaient pas la ville."
Mais en vérité, chez les plus jeunes, son nom ne provoque souvent que la moue dubitative de celui qui ne connait pas.
Cécile, sa fille, se bat pour sa mémoire
Sa fille, Cécile se bat depuis de nombreuses années pour porter la mémoire vacillante de son père. C'est elle qui a ouvert un péniche qui est dédiée. Sa voix rocailleuse, son accent distinctif, et son écriture envoûtante imprègnent le lieu. "Moi j'étais beaucoup intimidée par mon père. Il n'y avait pas besoin de se parler pour se comprendre, se rappelle la fille du poète. Et en même temps une grande timidité, lui envers moi et moi envers lui. Beaucoup de pudeur, de délicatesse. Le cœur qui bat forcément."
Claude Nougaro disait de lui-même qu'il n'était pas à la mode, mais à la mode de l'éternité. Celui qui se voulait un pont inaltérable entre les générations, comme le pont neuf, reste un enfant de la Garonne dont les admirateurs espèrent que le patrimoine ne disparaissent pas au fil de l'eau.