Aéronautique et Covid : faut-il changer de cap pour Toulouse et notre région ?

Parmi les secteurs touchés de plein fouet par la crise économique, celui de l’aviation commerciale. Lundi 12 octobre a été signé chez Airbus un Plan de Sauvegarde de l’Emploi censé limiter voire empêcher les licenciements. Mais cette industrie ne doit-elle pas revoir son modèle ?
 

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Des aéroports désespérément vides. L’image hante toujours les professionnels du secteur. Jean-Louis Chauzy, lui, ne veut pas se laisser abattre. « Dans le monde, on aura toujours besoin de se déplacer pour connaître d’autres pays, pour les affaires ou pour le plaisir. Ça, ça ne va pas tomber » affirme le président du Conseil Economique et Social Environnemental Régional (CESER).

En attendant que le trafic redécolle, lundi a été signé chez Airbus un Plan de sauvegarde de l’Emploi. « Cet accord crée les conditions pour le zéro licenciement » déclare Jean-François Knepper. Le délégué syndical FO reconnaît que les 4 mois de de négociations ont été âpres. « La direction a eu un temps l’envie de faire de ce plan, un plan d’économie. Ils étaient juste opportunistes » avoue-t-il.

Plus de 100 000 emplois à préserver

L’aéronautique représente en Haute-Garonne 110 000 emplois dont 70 000 rien que sur la métropole toulousaine. Et au-delà, « c’est une partie de l’économie essentielle voire vitale » assène Laurent Calvet  secrétaire national de l’Unsa aérien et délégué syndical chez Derichebourg. Derichebourg, l’une des nombreuses entreprises sous-traitantes de l’avionneur européen sans doute encore plus exposées qu’Airbus.

« Maintenant que le PSE est signé chez nous, on va s’atteler à protéger la sous-traitance. Si on veut redémarrer quand la reprise sera là, il ne faudra pas qu’il manque une seule de ses entreprises » martèle Jean-François Knepper. « Si nous renoncions à avoir une industrie aéronautique française et européenne, nous aurions le désagrément d’acheter des avions chinois ou américains dans les 10 ans ou 15 ans qui viennent parce que eux se préparent à l’avenir » argumente Jean-Louis Chauzy.

L'avion vert à quel horizon ?

L’avenir, « Les Amis du Monde Diplomatique » y réfléchissent aussi. Cet été une de leur parution a fait grand bruit. Son titre : « Toulouse : le syndrome Detroit » (référence à la faillite de l’industrie automobile américaine). « En fait, il n’y a pas de solution à court et moyen terme, l’avion vert, c’est à des horizons lointains, 2035 voire 2050 » explique Jean-Pierre Crémoux. « On nous parle de l’avion à hydrogène, on voit bien que c’est une filière qui n’est pas du tout mature. On en est à peine au balbutiement ».

Jean-François Knepper, lui, croit plus dans le carburant vert. Il dénonce par ailleurs un « fly basching ». « L’avion est loin d’être le moyen de circulation le plus polluant par rapport aux paquebots qui polluent dix fois plus. Même le train est carboné. Il y a beaucoup de posture dans cette affaire » se défend-t-il.

Vers une décroissance du trafic aérien ?


Mais pour les chercheurs de l’Atelier Ecologie Politique de Toulouse (Atecopol) la décroissance du trafic aérien s’impose tout comme la reconversion de tout un secteur. « On a des compétences de gens qui travaillent dans l’aéronautique qui sont extrêmement précieuses et qui pourraient être utiles dans une nouvelle industrie compatible avec l’urgence climatique » avance l’enseignant-chercheur Julian Carrey.

Jean-François Knepper, lui, ne panique pas. « On a dix ans de travail devant nous. Nous sommes sur une industrie à long terme. Boeing est au tapis pour un moment. On est seul au monde, donnons-nous du temps ». Info ou intox, l’avionneur américain, lui, mise sur une reprise du trafic en 2024 et prévoit déjà de livrer plus de 43 000 appareils dans le monde dans les vingt prochaines années. Plus qu’une vitesse de croisière si cela se réalisait.
« Aéronautique : changement de cap ? »

Retrouvez le reportage sur l'avenir de l'aéronautique et Jean-François Knepper comme « Témoin de la semaine » dans Dimanche en Politique à 11h25
 
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