Aéroport Toulouse-Blagnac : trois compagnies se font taper sur les doigts pour non-respect des procédures de décollage

L'Autorité de contrôle des nuisances aéroportuaires indique que 133 procès verbaux ont été dressés en 2020 contre 3 compagnies aériennes de l'aéroport de Blagnac pour "non-respect des procédures de décollage vers le sud". Ces modifications de trajectoires ne sont pas sans conséquences.

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2020 n’était pas une année faste pour le secteur aérien, beaucoup d’avions sont restés cloués au sol. Moins de trafic et pourtant trois compagnies de l’aéroport de Toulouse-Blagnac se sont vues dresser 133 procès verbaux pour ne pas avoir respecté, de manière récurrente, entre janvier et février 2020, les procédures de décollage. C’est étonnamment trois fois plus que les années précédentes. « Ces incidents ont amené à autant de poursuites pour vols litigieux à Toulouse qu’à Marseille » souligne Gilles Leblanc, président de l'Acnusa (l'Autorité de contrôle des nuisances aéroportuaires).

Le motif de ces 133 procès-verbaux en 2 mois

Gilles Leblanc indique que « les manquements verbalisés concernent les décollages vers le sud. Il y a eu des déviations de trajectoires. Normalement, le départ se fait face au sud, puis virage à droite pour remonter ensuite vers le Nord. Le virage est déclenché à une certaine altitude. Il s’avère que pour l’essentiel, ces virages ont été amorcés trop tôt ou trop bas, ce qui génère donc nécessairement plus de bruit et de pollution pour les gens qui se trouvent en dessous ».

La DGAC a expérimenté de nouvelles trajectoires

Entre mai 2019 et le début d’année 2020, l’administration du secteur aérien avait changé les règles pour trouver la trajectoire optimale. Finalement, la DGAC est revenue au trajet initial. Mais trois compagnies n’ont pas respecté ces modifications lorsqu’elles étaient en vigueur et font donc l'objet de procès verbaux, qui sont instruits par un magistrat indépendant rattaché à l'Acnusa.

Les noms des compagnies incriminées ne sont pas dévoilés pour préserver le secret de l’instruction en cours. Les fautifs risquent une amende de 20 000 euros maximum. Toutefois, « il n’y a pas nécessairement de sanction lorsqu’un procès verbal est dressé », précise Gilles Leblanc.

Jérôme Favrel, responsable technique au CCNAAT (collectif contre les nuisances aériennes dans l'agglomération toulousaine) confie l’inquiétude de l’association dont il est membre : «Certes la DGAC a tâtonné quelques mois et fait des expérimentations de trajectoires. Mais ce qui est inquiétant est qu’une publication fixe est envoyée 3 à 4 fois par an, ainsi qu’une publication quotidienne, indiquant les changements de procédures temporaires. Cela veut donc dire que les pilotes et les compagnies ne lisent pas ces documentations aéronautiques qu’ils devraient pourtant consulter avant de décoller ».

De nouvelles villes impactées par les modifications de couloirs aériens

Jérôme Favrel, membre du CCNAAT, explique qu'en 2019-2020, la DGAC a fait beaucoup d’expérimentations temporaires, souhaitant changer "les trajectoires sud". La DGAC avançait des raisons de sécurité, contestés par le CCNAAT qui a soulevé que « les problèmes de sécurité venaient surtout du fait que les avions décollaient à 3 minutes d’intervalle ».

Avec la déviation de couloirs aériens, des communes comme Tournefeuille, Vieille-Toulouse, La Salvetat Saint-Gilles, Frouzins ou Plaisance-du-Touch qui n’entendaient pas les avions décoller ont donc eu la désagréable surprise de découvrir ces nouvelles sensations auditives.

Le CCNAAT a ainsi recensé plusieurs milliers de plaintes de riverains pendant le période mai 2019-février 2020 contre ces « nouvelles nuisances » et a mis sur son site internet un lien permettant de « signaler un avion bruyant » et ainsi de faire remonter les nuisances auprès du collectif. Aujourd’hui encore, une dizaine à une quinzaine de plaintes quotidiennes sont reçues par le collectif.

La gêne nocturne, principale nuisance aéroportuaire

Gilles Leblanc, président de l’Acnusa, précise cependant que ces épisodes sont un « épiphénomène des nuisances aéroportuaires ». L’autorité de contrôle aérienne est particulièrement vigilante aux impacts sur la santé, l’environnement et le climat sur et autour des aéroports. En ce qui concerne les nuisances sonores, la vigilance est encore accrue pour les bruits nocturnes répétés, dont les effets sont les plus préjudiciables sur la santé.

En 2011, la décision a été prise de ne pas fermer l’aéroport de Toulouse-Blagnac la nuit, contrairement à d’autres aéroports français comme Orly, Montpellier, Beauvais ou encore Nantes (ville pour laquelle la mise en place est en cours). En revanche, des mesures devaient être mises en place pour limiter la gêne nocturne.

Jérôme Favrel, responsable technique au CCNAAT, indique que "ces promesses n’ont pas été respectées et qu’une nette augmentation a même été constatée sur Toulouse sur une période de six ans, jusqu’en 2017 "(date des derniers chiffres).

L’autorité de contrôle comme le collectif contre les nuisances aériennes estiment qu’un « couvre-feu aérien » permettrait de limiter sensiblement la gêne nocturne, néfaste pour la santé des riverains. Par ailleurs, dans son rapport publié en mai 2021, l’Acnusa recommande la mise en place d’un observatoire national des mouvements de nuit sur les grands aéroports français.

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