Un rapport révèle qu'Airbus, basé à Toulouse (Haute-Garonne), est actionnaire d'une société chinoise qui livre à l'armée de Birmanie des avions, les mêmes qui bombardent la population civile.
Depuis le retour au pouvoir des militaires en Birmanie, le 1er février 2021, les bombardements sur les civils sont quotidiens. Des écoles sont détruites, provoquant la mort d'adolescents de 12 ans dans les bras de leurs enseignantes. Les bombes pleuvent sur les hôpitaux, les maisons et les édifices religieux. D'après le recensement de l'ONG birmane indépendante Nyan Lynn Thit Analytica, au moins 833 civils sont morts au cours des 6 premiers mois de l'année 2024.
Des attaques aériennes meurtrières, perpétrées grâce au soutien d'Airbus, selon un rapport d'enquête des ONG Info Birmanie et Justice for Myanmar, en partenariat avec nos confrères de Disclose.
Dans une enquête publiée ce lundi 16 septembre, l'ONG accuse le leader mondial de l'aéronautique d'être associé à une société chinoise, figurant parmi les principaux acteurs mondiaux de l’industrie de l’armement, baptisée AviChina.
Un embargo depuis 2013
Partenaire d'Airbus, cette société est inconnue du grand public mais cotée à la bourse de Hong-Kong. Problème : il existe un embargo européen sur les armes vendues à la Birmanie, en vigueur depuis 2013. Une restriction renouvelée en 2018 par les États membres. Info Birmanie et Justice for Myanmar Airbus de violer cet embargo en possédant des actions d’AviChina. Le capital du géant aéronautique est détenu, pour le quart par la France, l'Allemagne et l'Espagne.
Quel est le rapport entre l'ent européenne @Airbus & les
— Info-Birmanie (@InfoBirmanie) September 16, 2024
atrocités commises en #Birmanie ?
Notre dernier rapport #Airbusted expose le triangle des affaires sales entre Airbus, AVIC & l'armée de Birmanie 👉 https://t.co/YCy9fhMqzp
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En raison de ces éléments, un plainte pourrait être déposée pour non-respect des sanctions européennes, selon Disclose. Les acteurs de ce dossier risqueraient alors une peine de 5 ans de prison. Interrogé sur ce point, Bercy répond : "Le règlement européen [concernant la Birmanie] ne s’applique pas au groupe Avichina et à ses filiales, de droit chinois". De son côté, contacté par Disclose, Airbus assure qu’il "respecte l’ensemble des sanctions applicables en Birmanie" et que "les questions relatives aux droits humains sont déjà prises en compte dans les processus d’approbation internes de la société ".
Violation des droits humains
Le 6 septembre 2024, dans une ville du nord-est de la Birmanie, à la frontière avec la Chine, un raid aérien mené par la junte a fait au moins 19 morts civils, selon la presse locale. Parmi eux, 8 enfants. Disclose souligne la contradiction de la présence d'Airbus au capital d'une société accusée d'armer la junte birmane, avec ses engagements en matière de respect de droits humains. Airbus est signataire du pacte mondial des Nations Unies, qui prône notamment le fait de "ne pas se rendre complices de violations des droits de l’homme".