Le groupe Airbus s'est élevé dimanche contre les "allégations répétées" de corruption à son égard qui nuisent à sa "réputation", après la parution d'un article dans le magazine allemand Der Spiegel.
Le Spiegel a affirmé dans son édition de samedi que le parquet "prépare des mises en accusations", sans citer de sources ni préciser qui se verrait renvoyé devant un tribunal.
"L'article donne l'impression que le procureur de Munich prépare une mise en accusation contre d'anciens et d'actuels employés d'Airbus et son PDG Tom Enders sur la base de leur enquête sur des faits de corruption autour de la vente d'avions de combat Eurofighter à l'Autriche en 2003. Cette affirmation est fausse", a indiqué le groupe dans un communiqué.
"Des allégations formulées de manière répétée nuisent sérieusement à la réputation de l'entreprise. Airbus juge cette situation comme inacceptable
et étudie toutes les options possibles pour défendre sa réputation", a-t-il ajouté.
Le parquet général de Munich interrogé vendredi par l'AFP a indiqué qu'une enquête pour corruption, menée en Allemagne contre l'avionneur Airbus autour de la vente d'avions de combat Eurofighter à l'Autriche, allait "bientôt" être bouclée. Parallèlement aux procédures menées à Vienne, en France et au Royaume-Uni, la justice bavaroise "enquête depuis 2012" contre le groupe franco-allemand et ses investigations "approchent de leur terme", selon Hildegard Bäumler-Hösl, magistrate du parquet général.
"Nous déciderons dans la foulée", soit d'un non-lieu, soit de la tenue d'un procès, a-t-elle précisé, mais "pour l'heure nous disposons de peu de preuves de corruption", a ajouté la même source.
Dans le cadre de la plainte déposée en février par le gouvernement autrichien contre le groupe aéronautique, Airbus avait indiqué le 18 septembre avoir remis au parquet de Vienne un avis juridique exposant son point de vue selon lequel "l'Autriche n'a pas été trompée sur la capacité de livraison
et les coûts des opérations de compensation" de ce contrat qui remonte à 2003. Le groupe avait dénoncé par ailleurs les accusations formulées à son encontre par le ministre autrichien de la Défense, Hans Peter Doskozil.
Le président exécutif d'Airbus, Tom Enders, a indiqué vendredi dans un courrier aux salariés du groupe qu'il craignait d'importantes pénalités
pour l'entreprise à la suite de diverses enquêtes en cours.
Mediapart affirme détenir des documents qui accusent le patron d'Airbus
Dans son édition du 6 octobre, le site internet de Mediapart est formel. Il y a bien soupçon de corruption autour du groupe Airbus. Dans son article, on y apprend que le dossier qui menace directement l epatron allemand de l'avionneur, c'est l'affaire Vector : ''une société britannique, gérée par Airbus allemagne et dotée de 114 millions d'euros qui devait apporter des marchés à l'économie autrichienne, en échange de l'achat par Vienne de quinze avions de chasse Eurofighter en 2003 pour 1.7 milliard d'euros."
Le journal affirme qu'en réalité Vector était une simple société écran, une énorme caisse noire qui a redistribué, à travers des contrats fictifs, 104 millions d'euros à des dizaines de sociétés offshore immatriculées dans les paradis fiscaux comme Chypre, l'île de Man ou Hong Kong. Les procureurs sont convaincus que l'argent a été utilisé, pour la plus grande part, à des fins de corruption, en particulier pour influencer des décideurs officiels afin d'obtenir le contrat.
Le patron de la division défence d'Airbus basé à Ottobrunn n'était autre que Tom Enders.
Mediapart ajoute que sa rédaction a pu se procurer les dossiers judiciaires de l'enquête et qu'ils contiennent des documents très embarrassants pour le patron d'Airbus. Ils montreraient que Tom Enders a été personnellement très impliqué dans la création de Vector et qu'il pouvait difficilement ignorer son objet réel.