Ce mardi 22 février, le groupe Eramet confirme la possible acquisition par Airbus, Safran et Tikehau Ace Capital de sa filiale Aubert et Duval. Les 900 salariés du site de Pamiers en Ariège sont soulagés, mais dans l'attente de connaître la stratégie de leur futurs propriétaires.
L’entreprise Aubert et Duval devrait bien rester française. La filiale du groupe Eramet, dont les alliages métalliques sont utilisés dans l’aéronautique et le nucléaire, vient de conclure un accord de rachat par un consortium réunissant Airbus, Safran et Tikehau Ace Capital.
Des négociations étaient en cours depuis des mois entre le groupe minier et métallurgique mondial Eramet et les trois partenaires. Elles se concluent par la signature d’un "protocole d’accord non engageant" qui devrait se concrétiser avant la fin de l’année. La réalisation de l’opération reste toutefois soumise à la consultation des instances représentatives du personnel.
"Une bonne nouvelle" pour l'usine
« L'annonce de cet accord est une très bonne nouvelle, estime Christel Bories, PDG d'Eramet. Une fois finalisée, l'opération permettra à Aubert et Duval, entreprise stratégique pour la filière, de s'adosser à des acteurs majeurs de l'industrie aéronautique.»
Du côté des syndicats de l’usine Aubert et Duval à Pamiers, l’annonce a également été accueillie de façon positive.
Globalement c’est une bonne nouvelle, ça nous donne des perspectives et nous allège de quelques inquiétudes. Mais avant de sauter au plafond, on attend de rencontrer nos futurs propriétaires et de connaître leur stratégie pour la suite.
Gilles Pont, représentant CGT à Aubert et Duval
« Depuis près de deux ans, on savait qu’on ne faisait plus partie de la stratégie d’Eramet qui veut se recentrer sur le minier et donc se débarrasser de nous », continue Gilles Pont, représentant CGT et responsable qualité du laboratoire d’Aubert et Duval à Pamiers. « On avait donc des inquiétudes, un outil industriel comme le notre ne doit pas être revendu à n’importe qui. Là on est en partie rassurés, parce que lorsque Safran reprend une entité, en général c’est pour la développer et la faire prospérer. »
Pour Airbus et Safran : "sécuriser leur approvisionnement stratégique"
L’avionneur européen Airbus, le motoriste Safran et le fond d’investissement Tikehau Ace Capital « visent l’acquisition de la société Aubert et Duval à travers une holding détenue à parts égales créée à cet effet », ont-ils détaillé.
Cette acquisition permettrait à Airbus et Safran, ainsi qu'aux autres clients d'Aubert et Duval, de sécuriser leur approvisionnement stratégique et le développement de nouveaux matériaux destinés aux programmes d'avions et de moteurs civils et militaires, actuels et futurs.
Guillaume Faury, président d'Airbus
Le président d’Airbus souligne également que « cette opération s'intègre aux initiatives de soutien à l'ensemble de la filière aéronautique française prises ces dernières années. »
Au cœur de la ville de Pamiers, l’usine Aubert et Duval est l’un des fleurons industriels de l’Ariège depuis plus de deux siècles. Mais avec l'épidémie de Covid, la crise économique a violemment frappé le secteur aéronautique et donc, les clients de la filiale, qui représentent 70% du chiffre d'affaires d'Aubert & Duval.
L’année dernière, 327 postes ont été supprimés dans l’ensemble de ses usines, dont une centaine d' emplois à Pamiers. L'usine ariégeoise compte désormais près de 900 emplois.
L'usine métallurgique a également subi un important incendie en septembre dernier.