Cinq jours après l'effondrement d'un immeuble rue Saint-Rome à Toulouse (Haute-Garonne), les détails restent flous sur les causes exactes de l'incident, et sur le rôle du syndic de copropriété, en charge de cet immeuble privé. Car c'est bien la mairie de Toulouse qui s'est substituée aux copropriétaires, pour mener l'évacuation des lieux et sécuriser au mieux le site.
Dans l'effondrement de l'immeuble rue Saint-Rome à Toulouse, à quelques pas de la place du Capitole, "il y a toute une chaîne de responsabilités privées", a assuré Jean-Luc Moudenc, le maire, lors d'une conférence de presse.
Aucun des logements du 4, rue Saint-Rome n'appartenait à la commune. Il y a en fait sept copropriétaires. Tous se font particulièrement discrets depuis le 9 mars et l'effondrement de la bâtisse.
Silence radio du syndic
Nous avons tenté de contacter l'un d'eux, pour l'interroger sur le sujet, mais sans succès : "À ce stade et au regard des nombreuses imprécisions, voire déformations des propos de certaines personnes qui se sont exprimées, aucun entretien ne sera accordé. [...] Aucune communication ne sera faite à cette heure par les copropriétaires ou le syndic, elle interviendra en temps voulu", nous a-t-on répondu par mail.
Du côté de la mairie, on a bien conscience d'avoir dû se substituer au syndic de copropriété. C'est l'expert mandaté par la municipalité qui a décelé une fissure importante sur le bâtiment. C'est toujours la mairie qui a débloqué 50.000€ pour mener l'évacuation et la sécurisation du site, avec, entre autres, l'étayage du bâtiment, le syndic ayant fait savoir à la Ville qu'il n'avait pas les moyens de prendre en charge ces dispositifs.
Avant l'évacuation, le syndic avait bien fait venir un expert suite au signalement des habitants, mais sa visite n'avait révélé aucune anomalie. C'est à la suite de nouvelles alertes, et d'un mail envoyé à la municipalité, que la procédure s'est accélérée, et que le risque d'effondrement a été démontré.
Viendra le temps des comptes
À la mairie, on nous confie qu'à cette heure, "on est encore dans l'action", et que le déblayage des restes de l'immeuble, mais aussi la situation "en péril" d'un bâtiment voisin, au 1 rue des Puits Clos, retiennent toute l'attention de la municipalité.
Viendra le temps des comptes. Si pour le moment tout dépôt de plainte est exclu, à la mairie on assure pouvoir se retourner vers le syndic le moment venu, et pourquoi pas "leur présenter les factures".
Claire Nison, conseillère municipale déléguée à la lutte contre le logement insalubre, le rappelle : "On parle de bâti privé. Les solutions d'anticipation, ce n'est pas à la mairie de les prendre. À chaque propriétaire de prendre ses responsabilités. Si on possède un bâtiment du Moyen Âge, je pense qu'on a envie d'en prendre soin. Sinon, c'est de votre responsabilité s'il s'écroule."
Blocage institutionnel
Antoine Mellier fait partie des copropriétaires de l'immeuble voisin, au 1 rue des Puits Clos, lui aussi menacé d'effondrement. S'il a bien conscience de la responsabilité des propriétaires dans la gestion de leurs logements, il regrette un blocage institutionnel.
"On est confronté à un feu rouge des architectes des Bâtiments de France, qui se contentent de refuser les dossiers qu'on dépose, pour entreprendre des travaux de rénovation, dénonce-t-il. Le temps passe, et le danger devient de plus en plus important pour les habitants et les riverains."
Pour Antoine Mellier, la mairie a aussi son rôle à jouer "dans la protection de ses administrés. Elle se doit d'être présente pour nous épauler, nous propriétaires, et pour court-circuiter cette procédure envers les architectes des Bâtiments de France".
Alors à qui la responsabilité ? Une fois les situations d'urgence réglées, la question devra se poser.