Arrestation à Toulouse d'une femme portant le niqab : la vidéo qui pose question

Depuis lundi, une vidéo de l'interpellation dimanche de la femme qui portait un niqab circule sur les réseaux sociaux. Cette interpellation et sa vidéo sont-elles à l'origine des violences au Mirail ? "C'est un prétexte" selon le responsable d'une association de quartier. Explications. 

C'est une vidéo de mauvaise qualité d'une durée de 44 secondes, filmée avec un téléphone, à distance de l'interpellation dimanche à Toulouse d'une femme portant le niqab et qui refusait de se soumettre à un contrôle d'identité, dans le quartier de Bellefontaine. Une vidéo qui pourrait être, selon certaines sources, à l'origine des violences urbaines qui secouent certains quartiers de Toulouse depuis dimanche.

Après deux jours de garde à vue, la jeune femme de 37 ans a été déférée au parquet de Toulouse. Elle sera convoquée mi-mai prochain devant le tribunal correctionnel et devra répondre d'outrage sur personnes dépositaires de l’autorité publique, en l’occurrence un fonctionnaire de police, de rébellion, à savoir une résistance violente lors de l’intervention et enfin de menaces de mort sur personne dépositaire de l’autorité publique. Elle est également passible d'une contravention de 2ème classe pour le port d’un vêtement ne permettant pas son identification.

Cette vidéo a été partagée de très nombreuses fois depuis sa mise en ligne lundi, au lendemain de l'interpellation. Partagée notamment sur les réseaux sociaux par des groupes ou des personnes dénonçant "une violence disproportionnée" et une "humiliation islamophobe". Contacté par France 3 l'un des sites qui l'a partagé, très influent auprès de musulmans en France, indique que l'auteur de la vidéo, un habitant du quartier, "souhaite rester anonyme". 


Le parquet de Toulouse a confirmé mardi à France 3 la véracité de cette vidéo, tout en se montrant extrêmement prudent sur son interprétation : si on voit sur l'image la femme plaquée au sol par un policier qui l'immobilise pour la menotter, on ne voit pas en effet ce qui a précédé, notamment le refus d'obtempérer de la part de cette femme d'une trentaine d'années. 

Ce que l'on voit et ce que l'on ne voit pas

Alors que voit-on réellement sur ce film ? Plusieurs policiers entourer une femme qui est au sol. Un jeune homme en scooter qui s'est approché pour parler avec les policiers. Des gaz lacrymogènes à proximité, sans doute déclenchés quelques secondes plus tôt par les policiers pour éloigner les personnes qui s'approchaient. Puis la vidéo est coupée lorsque la femme, plaquée au sol par un policier, est entravée. 

Que ne voit-on pas ? La vidéo mise en ligne ne montre pas le début de la scène. Selon des sources policières et le parquet de Toulouse, la femme qui portait donc un niqab, un voile intégral qui masque le visage dont le port est interdit dans l'espace public en France, a refusé de retirer son voile devant les policiers qui contrôlaient son identité. Elle aurait présenté une photocopie en mauvais état de sa carte nationale d'identité. 

Surtout, la vidéo ne montre pas les raisons pour lesquelles la jeune femme a été placée en garde à vue dès dimanche soir et pendant presque 48 heures, à savoir le refus d'obtempérer aux demandes des policiers.

Beaucoup de commentaires accompagnant cette vidéo sur les réseaux sociaux dénoncent la méthode forte employée pour maîtriser la jeune femme. Selon les policiers, elle s'est rebellée, a crié à l'aide et très rapidement un groupe d'une trentaine de personnes (que l'on ne voit pas sur les images) s'est formé autour des policiers, d'où l'emploi de moyens de désencerclement comme les grenades lacrymogènes.

Voici la vidéo en question (source : compte Twitter de Islam & Info) : 
[Mise à jour du 18 avril]
Une seconde vidéo a été mise en ligne après la parution de cet article sur d'autres comptes sur les réseaux sociaux. Cette seconde vidéo est filmée de plus loin, mais elle est de meilleure qualité. On voit le début de la scène avec la femme, qui, au moment où elle est emmenée vers le fourgon de police, crie et ne se laisse pas faire. Les policiers tirent alors plusieurs grenades lacrymogènes et plaquent la femme au sol pour la maîtriser.

Un prétexte pour "mettre le feu" aux quartiers​ ?

Reste la question des liens de cette interpellation avec les événements que connaissent certains quartiers de Toulouse depuis dimanche soir. Des policiers font en effet le lien entre cette arrestation qui s'est déroulée vers 16h30 dimanche et le début des événements à Toulouse dimanche soir vers 20h30. Mais la rumeur concernant les circonstances de la mort d'un détenu en détention provisoire à la maison d'arrêt de Seysses pourrait également avoir mis le feu aux poudres. Ce mardi, le parquet de Toulouse a indiqué que l'autopsie du jeune homme de 27 ans avait conclu à une mort par asphyxie compatible avec une pendaison. L'enquête sur les recherches de la mort devra confirmer le suicide.


Selon un responsable d'une association de quartier au Mirail, contacté par France 3, la vidéo de l'interpellation et le suicide du détenu ne seraient que "des prétextes pour s'en prendre à la police". Selon lui, ce sont les trafiquants de stupéfiants qui pousseraient des jeunes à s'en prendre à la police et à incendier des voitures, pour "rendre coups pour coups" aux policiers qui, ces derniers mois, ont mis à mal plusieurs réseaux de trafic de drogue au Mirail. Une position qui rejoint celle de Didier Martinez, responsable régional du syndicat Unité SGP Police, qui indique que le travail des enquêteurs dans les quartiers commence à porter ses fruits et pose problème aux trafiquants qui cherchent, d'une certaine manière, à se venger !
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