Les juges d'instruction antiterroristes chargés de l'enquête sur les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis ont délivré fin juin des mandats d'arrêt
à l'encontre de Fabien et Jean-Michel Clain, ces deux frères d'origine toulousaine qui ont fréquenté les frères Merah.
Cette annonce a été faite par les magistrats lundi lors d'une réunion d'information des rescapés et proches de victimes des attaques perpétrées contre des terrasses et la salle du Bataclan à Paris et au Stade de France à Saint-Denis, qui ont fait 130 morts au total.
La délivrance de ces mandats d'arrêts internationaux signifient que les juges réclament leur audition, en vue de leur mise en examen dans le dossier.
Au cours de cette réunion, qui s'est tenue à l'Ecole militaire à Paris, les juges ont également indiqué qu'ils espéraient boucler l'instruction en septembre 2019, a rapporté l'avocat de l'association française des victimes du terrorisme (AFVT), Antoine Casubolo Ferro.
Fabien Clain avait été rapidement identifié comme la voix du message sonore du groupe EI diffusé au lendemain des attaques perpétrées par trois commandos d'hommes revenus de Syrie. Son frère Jean-Michel a été identifié dans les Anasheeds - chants religieux - de l'enregistrement. Vétérans du jihad, ils sont dans le viseur des services antiterroristes depuis des années et se trouvent toujours probablement en Syrie, selon les enquêteurs.
Selon Maître Casubolo Ferro, les juges d'instruction ont décidé de délivrer ces mandats d'arrêt internationaux après avoir analysé la revendication, qui évoquait aussi un attentat dans le 18ème arrondissement de Paris. Or, ce dernier n'a pas eu lieu, ce qui mène les magistrats à penser que les frères Clain étaient au courant des préparatifs des attentats.
"Ils sont probablement quelque part en Syrie"
"Pour nous parties civiles, c'est une bonne nouvelle", a déclaré l'avocat, qui a qualifié la réunion de lundi de "très intéressante". "A priori les frères Clain ne sont pas morts et n'ont pas été arrêtés, ils sont probablement quelque part en Syrie", a-t-il ajouté, soulignant que lors de la réunion, des parties civiles s'étaient demandé comment ils avaient pu quitter le territoire français malgré leur surveillance par les services de renseignement.
Fin mai, une source proche du dossier avait affirmé à l'AFP que les frères Clain étaient toujours en vie et ne manifestaient pas leur envie de revenir ni en Turquie ni en France.
Converti à l'islam, Fabien Clain, né à la Réunion, a vécu plusieurs années à Toulouse où il a fréquenté les frères Mohamed - auteur des
tueries de Toulouse en 2012 - et Abdelkader Merah. Il a été condamné à 5 ans de prison ferme en 2009 au procès d'une filière d'acheminement de jihadistes vers l'Irak, la filière dite d'Artigat.
En mars, le juge Christophe Teissier qui dirige cette enquête tentaculaire avait refusé une demande d'acte formulée par l'association de victimes Life For Paris qui réclamait l'audition des frères Clain et la délivrance de mandats d'arrêt, au regard de leur possible "rôle de premier plan" dans les préparatifs des attaques parisiennes.
Dans sa réponse, le juge avait notamment expliqué que "des investigations" étaient "en cours" pour "permettre avec précision de déterminer le rôle précis que chacun d'entre eux a pu avoir", selon une source proche du dossier.
Au total, douze hommes sont poursuivis dans le dossier instruit à Paris et au moins cinq autres dont les frères Clain font l'objet d'un mandat d'arrêt.