L'industrie aéronautique est un secteur de forte coopération entre la France et la Chine depuis de longues années, notamment avec Airbus. Il se murmure que lors de la visite de Xi Jinping, une commande de 50 avions pourrait être annoncée. L'occasion de faire le point sur le développement des industriels de l'aéronautique en terres chinoises.
À chaque rencontre entre chefs d'État, son lot d'annonces de coopération, notamment sur le plan économique. La visite de Xi Jinping en France et sa venue dans les Hautes-Pyrénées, ce mardi 6 mai 2024, pourrait être l'occasion d'une annonce concernant la filière aéronautique. "On peut effectivement espérer que cette visite va apporter des annonces qui vont permettre de poursuivre le développement de l'aéronautique dans la région toulousaine", estime Julie de Cevins, la présidente de l'association Tompasse qui regroupe les industriels de l'aéronautique, du spatial et des systèmes embarqués de Midi-Pyrénées.
Malgré son lancement dans la construction d'avion de ligne, le C919, il se murmure que la Chine devrait évoquer une commande de cinquante avions à Airbus.
Airbus et la Chine : près de 40 ans d'histoire commune
Depuis sa première livraison d'un A310 à China Eastern Airlines en 1985, Airbus n'a eu de cesse de miser sur la Chine. Et cela n'est pas près de s'arrêter compte tenu des dernières prévisions du constructeur toulousain, publiées en décembre 2023. C'est bien simple, selon Airbus, la Chine deviendra le plus grand marché des services d'aviation au monde d'ici 2042. Un marché d'une valeur estimée à 54 milliards de dollars. Et sa flotte d'avions commerciaux devrait atteindre les 10.930 appareils d'ici 2042.
Pour répondre à la demande et continuer à accaparer le ciel chinois, Airbus ne cesse d'investir dans l'Empire du Milieu. Après l'installation d'une première chaine d'assemblage de ses avions en 2008 à Tianjin, au sud de Pékin, une seconde devrait être opérationnelle au cours du second semestre 20225.
La construction de la deuxième chaîne d'assemblage final d'#Airbus pour les avions de la famille A320 est en cours à #Tianjin, dans le nord de la Chine. Le projet, visant à fabriquer des avions A320 et A321neo, devrait entrer en service fin 2026. pic.twitter.com/keny5SrHeO
— Dialogue Chine-France (@dialogueCHN_FRA) April 1, 2024
Airbus ne se contente pas de construire ses avions en Chine. Sur la chaine de télévision chinoise CGTN, Olivier Malet, directeur financier d'Airbus Chine, évoquait ainsi un partenariat de longue date avec la Chine. "Nous sommes présents en Chine depuis quasiment 30 ans. Et nous avons contribué au développement d'une économie de haute qualité. Je pense notamment à notre chaine d'assemblage de Tianjin, à notre capacité d'ingénierie présente à Biejing, à nos centres d'innovation de Shenzhen et Suzhou. Et récemment, nous venons d'ouvrir une nouvelle capacité de stockage de démantèlement d'avion. Donc, cette coopération au niveau de l'aviation est extrêmement riche et nous espérons qu'elle perdurera dans le futur."
Selon la chaine de télévision CGTN, Airbus compte environ 200 fournisseurs en Chine. Et le montant de ses collaborations dans l'industrie aéronautique chinoise s'élevait à environ 1 milliard de dollars en 2020.
"Difficile de faire sans le marché chinois"
Si Airbus est tout particulièrement visible sur le marché chinois, sachez qu'il n'est pas le seul. Récemment, l'avionneur a entrainé l'entreprise basée à Tarbes, Tarmac Aerosave, dans une entreprise commune : un centre de stockage, de maintenance, de remise à neuf et de recyclage des avions, construit dans la ville de Chengdu, la plus grande mégalopole dans l'ouest de la Chine.
"Il s'agit là de couvrir l'ensemble du cycle de vie d'un avion" dans ce centre dédié d'une superficie de plus de 700.000 mètres carrés et d'une capacité de stationnement de 125 avions.
Autre acteur de poids de l'aéronautique, présent en Chine : Safran, groupe international de haute technologie et leader mondial de la propulsion aéronautique. Depuis 2009, celui-ci a passé plusieurs accords avec l'Aviation Industry Corporation of China afin de fabriquer ensemble des trains d'atterrissage, dispositifs de freinage ou encore des moteurs à turbine.
Du côté de Daher, "on a une entité de services industriels basée en Chine, nous a précisé Julie de Cevins qui assure la présidence de l'association Tompasse. Et le marché chinois reste un secteur sur lequel on a des activités commerciales pour nos avions, le TBM et le Kodiak." Julie de Cevins laisse à chaque industriel le soin d'en dire plus sur ses relations avec la Chine. À la question de savoir s'il est possible aujourd'hui pour l'industrie aéronautique de faire sans le marché chinois, voici sa réponse : "Cela me semble difficile. On ne peut pas faire abstraction du marché chinois, sauf ceux qui sont évidemment sous embargo."