"Beaucoup d'enfants se plaignent d'avoir faim" : chips et sandwich à répétition à la cantine, le personnel de restauration se bat pour plus de moyens

Des agents territoriaux du collège Georges Brassens à Montastruc-la-Conseillère en Haute-Garonne débrayeront ce vendredi 26 avril 2024 au moment du service de restauration. Ils réclament le remplacement systématique des personnels absents depuis plusieurs semaines. Une intersyndicale prévoit une journée "cantine morte" le mardi 30 avril, nouvelle étape d'un mouvement de grève illimitée.

Les élèves du collège Georges Brassens de Montastruc-la-Conseillère (Haute-Garonne) ne déjeuneront pas d'un repas chaud. Ce vendredi 26 avril 2024, les agents territoriaux employés dans leur établissement par le Conseil départemental et notamment en charge de la restauration, reconduisent leur mouvement de grève, comme ce sera le cas dans d'autres établissements sur la centaine que compte le département. Mais un repas froid sera servi aux élèves, comme durant 15 jours avant les congés de printemps, lors des précédents débrayages organisés à l'heure des repas.

Au menu : chips, sandwich au jambon maison, compotes et biscuits. Un repas un peu amélioré en qualité, comparé à ceux proposés précédemment et qui ont fait grincer des dents les parents. "Les chips sont une constante. Ils ont aussi eu une salade en conserve pleine d'huile. Cela va à l'encontre de ce que le Conseil départemental veut mettre en place, un repas équilibré et en quantité suffisante. Car beaucoup d'enfants se sont plaints d'avoir faim. Si un repas froid est servi, il doit pouvoir continuer de répondre aux besoins nutritionnels des élèves", expose Madeleine Aïnadjoglou, la présidente de la Fédération des conseils des parents d'élèves du collège, qui soutient le mouvement des agents territoriaux.

On s'inquiète forcément pour ce personnel qui n'est pas écouté et surtout à bout. C'est un métier très exigeant et très dur.

Delphine Gomès, parent d'élève élue sur la liste FCPE du collège Georges Brassens

Au cœur des revendications, le non-remplacement des effectifs qui impacte lourdement le service de restauration. Sur 11 équivalents temps plein, six sont présents. Un est affecté à la maintenance, l'autre à la loge. Six assurent normalement le service de restauration. Mais depuis la rentrée de septembre, certains personnels en arrêt longue maladie, à mi-temps thérapeutique, ou en formation longue, n'ont pas été remplacés ou complétés. Conséquence, certains jours seulement deux personnes sont dédiés à la préparation et au service des repas, comme c'était le cas hier. "Le matin, on est deux à préparer les repas, à gérer les livraisons, les protocoles de désinfection, une autre personne est censée nous aider ensuite. Au moment du service d'hier, on était, deux aussi", raconte un des agents qui souhaite garder l'anonymat. 

On ne peut plus resservir les élèves, on privilégie la vaisselle jetable pour gagner du temps, on leur propose du fromage emballé, car on n'a plus le personnel pour le découper. Pour les repas froids, on n'a pas trop le choix.

Un agent territorial du collège Georges Brassens

Pour augmenter les quantités, des fruits et du pain sont désormais laissés à disposition.

Soutien de la FCPE aux personnels

La FCPE du collège Brassens a écrit deux courriers adressés au Conseil départemental, à la direction du collège, ainsi qu'à divers élus des communes avoisinant l'établissement pour soutenir le mouvement des agents. Ils ont également tenté de négocier de meilleures conditions de restauration pour les élèves. "On a obtenu que les élèves demi-pensionnaires puissent être récupérés par un parent pour manger à l'extérieur et être ramené ensuite. Le parent désigné doit signer à la loge. Le principal refuse tout repas, toute nourriture en provenance de l'extérieur conformément au règlement intérieur", relate encore Madeleine Aïnadjoglou. Des solutions qui ne sont pas viables alors que certains agents se disent déterminés à poursuivre le mouvement de grève jusqu'à l'été.

Opération "cantine morte"

L'intersyndicale formée par la CGT CD 31, Sud CT et FO 31 qui a déposé un préavis de grève illimitée, le 22 mars, organise une journée "cantine morte", mardi 30 avril et appelle à un rassemblement devant le Conseil départemental. Dans ses murs, se tiendra un comité social territorial où la question des personnels dans les collèges sera être abordée, après une rencontre avec les élus la veille.

La précédente mobilisation du 5 avril dernier avait été suivie par près de 400 agents sur un total de 1100, selon la CGT CD 31. " Pour que le personnel soit remplacé, le Conseil départemental veut nous imposer de nouvelles règles :  il faut au moins que 2 ETP soient absents sur au moins six mois.  La collectivité veut doubler le pouls d'agents remplaçants en les passant de 15 à 30 à la rentrée, alors qu'ils vont supprimer fin juillet une quarantaine de contractuels, et qu'il y a en moyenne 2 agents par semaine dans les collèges", affirme Raphaël Croset, secrétaire général, de la CGT CD 31.

De son côté, le Département assure "qu’il n’y a aucune démarche de réduction des effectifs dans les collèges. La collectivité redouble d’efforts pour maintenir les effectifs sur les 1122 postes permanents, et ce, malgré les difficultés du marché de l’emploi. Des recrutements ont été effectués pour la rentrée des vacances de printemps et le Département recherche en continu de nouveaux candidats."

Ce que confirme un autre responsable syndical. 

On a du mal à recruter dans certains métiers comme des responsables de cuisine au vu des conditions salariales pratiquées et du point d'indice qui n'augmente que rarement même si ce dernier point n'est pas le fait de la collectivité.

Romain Azans, référent collège de la CGT CD 31

Par ailleurs, la collectivité affirme que "l’ensemble des absences longues, auxquelles sont confrontés plusieurs collèges, continuent d’être remplacées poste par poste".

Face au manque de personnel, les organisations syndicales, s'inquiètent des futurs menus. Le conseil départemental souhaite généraliser progressivement le bio, le local et le fait maison dans les cantines des collèges. Ce qui paraît compliqué à mettre en place à effectif constant, selon les représentants syndicaux comme les personnels du collège Brassens.  

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