Le rectorat de Toulouse organise ce jeudi 24 mars un “job dating” pour recruter des enseignants contractuels en collège et lycée. La situation est d’autant plus critique que le second degré “a accueilli ces 5 dernières années 65 000 élèves supplémentaires, en perdant 7 900 postes”, souligne le syndicat SNES-FSU.
“Le rectorat improvise des solutions d’urgence, mais le problème n’est pas traité correctement par le ministère”, relève Pierre Priouret, secrétaire général SNES-FSU Toulouse et enseignant en mathématiques. “Ils sont amenés à conduire ces opérations-là, presque de racolage, par tous les leviers qu’ils peuvent inventer. Mais c’est structurel, ça s’aggrave, et le ministère laisse filer.”
L’académie de Toulouse a de plus en plus recours aux enseignants contractuels, tandis que la liste de postes non pourvus s’allonge - 200 début décembre, note le SNES-FSU. A ce jour, ils représentent 12% des postes - un chiffre qui a doublé en cinq ans, symptomatique de la précarisation de la profession.
“On recrute de vacance à vacance, pour faire des économies budgétaires substantielles”, dénonce Pierre Priouret. “Pour les gens qui naviguent entre ces contrats-là et Pôle Emploi, c’est juste invivable…”
Les “pré-recrutements” à l’épreuve de la pénurie d’enseignants
Ce job dating serait “un bricolage pédagogique hors sol” selon le SNES-FSU. “Il révèle au grand jour le recours désormais systématique et massif” aux contractuels, participant ainsi à une “dégradation assumée du service public d’éducation”, avance le syndicat dans un communiqué.
C’est un cercle vicieux enclenché depuis longtemps, mais qui s’amplifie fortement sous l’effet des orientations de la loi de Transformation de la Fonction publique, instituée pendant le quinquennat.
SNES-FSU
Les postes de contractuels sont désormais ouverts aux bac+2. Un personnel pas nécessairement formé aux techniques pédagogiques. “On a une multiplication d’initiatives tous azimuts pour faire venir des gens”, détaille Pierre Priouret.
“Cela pose un vrai problème de formation et de fidélisation des personnels. Beaucoup de contractuels s’en vont au bout de quinze jours ou ne renouvellent pas leur contrat à la fin de l’année scolaire”, entre autres en raison de salaires toujours plus bas, insiste l’enseignant.
Face à cette situation alarmante, plusieurs syndicats estiment nécessaire le recours aux pré-recrutements (le dispositif IPES), pour la “reconstitution d’un vivier d’étudiants qui se destinent au métier d’enseignant”, explique Pierre Priouret.
Les étudiants sont rémunérés pour suivre leurs études, avec comme seule contrepartie l’engagement à rester professeur un certain temps après leur cursus. Un dispositif déjà largement utilisé dans les années 1970-1980, lors de la précédente crise de recrutement.
“C’est la proposition principale que l'on fait, elle est unanimement demandée par les organisations syndicales. On a l’expérience, on sait que ça fonctionne”, assure Pierre Priouret. “La difficulté que l’on a, c’est que si l’on enclenche ce dispositif tout de suite, il produira au mieux ses premiers effets dans trois ans”. L’entre-deux reste compliqué, mais il est temps de porter des propositions fortes, pour les syndicats. Et un job dating ne suffira pas.
80 offres de poste
Ce recrutement de personnels enseignants contractuels dans le second degré, ce job dating, est organisé ce jeudi 24 mars, de 9h à 18h, au rectorat de Toulouse. Dans un communiqué de presse, il est précisé que ces recrutements concernent aussi bien des postes d'enseignement d'anglais, de sciences et technologies industrielles, en passant par les lettres et l'histoire-géo.
Mais Vincent Denis, le secrétaire général de l'académie de Toulouse tient à préciser que le niveau de recrutement est à Bac+3. "Si nous avons des postulants de très bonne qualité de niveau Bac+2, on ne s'interdit pas la possibilité d'aller aussi sur ce niveau de recrutement. L'exigence reste la même. Nous avons en fait la nécessité d'avoir le meilleur devant les élèves".
Quatre-vingt offres ont été mises en ligne. Les candidats doivent s'inscrire au préalable pour participer à ce job dating. Ils seront ensuite reçus par "un binôme de professionnels - un inspecteur de la discipline et un responsable RH" qui répondra à leurs questions.