Ancien président d'un CLAE (Centre de loisirs), Olivier Z. s'est présenté ce lundi 18 septembre 2023 devant la justice Accusé d'avoir détourné 680 000€ au profit, entre autres, de "soirées de défonce", il encourt 3 ans de prison ferme, pour abus de confiance.
"Je regrette tout ce qui a pu se passer et j'ai honte". À la barre, Olivier Z., 52 ans et employé à la mairie de Toulouse, comparaît devant le tribunal correctionnel de Toulouse (Haute-Garonne), ce lundi 18 septembre, pour avoir détourné 680 000€ du CLAE qu'il dirigeait, celui de l'école Fabre, aux Carmes. Fondateur de l'association Atoll Loisirs France, c'est par le biais des financements versés par la CAF et la mairie de Toulouse, qu'il détourne, puis blanchit cet argent, entre 2018 et 2020. Ce sont ces trois organisations qui se sont portées partie civile.
La cause principale d'un tel détournement ? La drogue. Beaucoup de drogue : de la cocaïne, du crack. Endetté, dépassé, Olivier Z. sombre peu à peu, sans jamais ralentir.
Un faux contrat de travail
Ce n'est pas la première fois que l'employé municipal a des ennuis avec la justice. En 2017, il est jugé pour des faits similaires : 70 000€ détournés lui valent une peine de prison d'un an avec sursis. À peine condamné, il réitère. "Ça ne s'est jamais arrêté", avoue-t-il à présidente.
Sur le banc des accusés, il n'est pas seul : sept autres hommes sont jugés dans l'affaire, et un huitième manque à l'appel. Tous sont poursuivis pour avoir blanchi une partie de l'argent détourné par l'ancien directeur d'Atoll Loisirs. Il y a d'abord Sébastien G., avec qui il se défonçait régulièrement. L'argent dépensé était tel, qu'Olivier Z. est allé jusqu'à lui créer un faux contrat de travail dans son association.
De drôles de soirées
Son acolyte Sébastien G. lui présente rapidement un certain Samir S., qui les approvisionnerait en drogue, en échange de virements instantanés. Quelque temps plus tard, viennent Paul B. et Karim S., à qui Olivier Z. propose de l'argent en échange de petites faveurs. "Chiche ou pas chiche de soulever mon t-shirt", raconte Karim S. À la clé : "des virements de 2000-3000 direct. C'était comme un jeu, on ne se rendait pas compte." L'agent municipal assure que ces deux-là l'approvisionnaient aussi en drogue, "ils me mettaient même la pipe dans la bouche parfois", avant de quitter les lieux une fois les virements effectués.
Les deux intéressés réfutent cette version, et n'évoquent que des "déguisements, du maquillages, des soirées étranges". Olivier Z. affirme néanmoins que Paul B. avait accès à ses comptes en banque et effectuait des très gros virements sur les comptes de personnes qu'il ne connaissait pas, pendant que lui était "trop défoncé" pour s'en rendre compte.
La faute à la drogue ?
Dans cette affaire, toutes les versions se contredisent. Ce qui est certain, c'est qu'un très grand nombre de virements ont été faits sur le compte d'autres accusés. Il y a Steve M. qui, épris de Paul B., accepte de recevoir une grosse somme provenant "d'un héritage" pour "lui rendre service". Et puis il y a Jacques H., ancien commerçant de vin, dont des sommes exorbitantes sont versées sur son compte sous le nom "d'Atoll Loisirs".
"C'est un mythomane, qui a rêvé sa vie avec de l'argent qui ne lui appartenait pas", conclut maître Pierre Le Bonjour, avocat de deux des prévenus. Mais lorsque l'avocate d'Olivier Z., maître Sarah Nabet-Claverie, prend la parole, elle assure que son client n'a "pas pu consommer 700 000€ de drogue" et appuie son axe de défense sur "l'état pitoyable" dans lequel il se trouvait, qui l'aurait amené à être arnaqué.
La procureure réclame une peine de 3 ans de prison ferme pour Olivier Z., 18 mois, dont 12 de sursis pour Paul B.,10 mois de sursis pour Karim S., 15 pour Sébastien G.
Il faudra attendre le 16 octobre, 14h, pour connaître le délibéré.