Canicule : 54°C sur une aire de jeux à Toulouse, lorsque le collectif les "Faiseurs de ville" constate que la Ville rose voit rouge

A Toulouse (Haute-Garonne), le collectif "Faiseurs de ville" a lancé une campagne de mesures de la température du sol. L'objectif en cette période de canicule, sensibiliser et faire prendre conscience de la présence de certains phénomènes dans la Ville rose, comme les îlots de chaleur.

La canicule, ou quand la Ville rose voit rouge... Les fortes chaleurs sont bien installées dans l'Occitanie, et Toulouse n'échappe pas aux îlots de chaleur.

"Premier point de mesure à 9h40 au soleil... 28,4 degrés. A l'ombre, 25,3. Voyons le revêtement de la piste cyclable ? 25,2. Enfin, sur l'herbe, 20,1... Pour une température ambiante de 27 degrés." Bitume, pavés, pelouse... Arnaud Rivière fait partie des "Faiseurs de ville", un collectif d'une douzaine de membres installé à Toulouse.

En amateur, armé d'un thermomètre laser infrarouge, l'homme de 44 ans mesure de manière instantanée la température du sol. L'objectif, observer l'évolution de la chaleur emmagasinée dans les différents types de sol au fil de la journée et les comparer à la température ambiante de l'air.

Ces différences de température de surface varient en fonction des différents revêtements, selon l'ensoleillement et la nature des matériaux. Les mesurer peut compléter les modèles faits par les scientifiques et aider à comprendre comment diminuer ce phénomène d'îlot de chaleur urbain.

Arnaud Rivière, collectif Les faiseurs de ville

54°C sur une aire de jeux

Dans le futur parc du Ramier, grand projet de la mairie, le constat est sans équivoque : il manque cruellement d'ombre, alors que le soleil tape sur les dalles de béton.

Le but de cette campagne de mesures est de comprendre quelle politique d'aménagement peut être mise en place dans chaque zone. Ici, il faut plus de végétalisation.

Arnaud Rivière, Collectif Les faiseurs de ville

Une enquête parisienne a montré que la végétalisation peut faire descendre la température de quelques précieux degrés. "Cela nous donne donc des pistes pour diviser par deux ce phénomène d'îlot de chaleur ici à Toulouse", affirme le bénévole.

Par exemple, cette aire de jeux au sein du parc est déserte. Peut-être parce que le sol est à 54 degrés à 10 heures du matin...

D'ailleurs, on peut observer une légère différence de température entre le revêtement de couleur bleu et celui de couleur claire, qui lui indique 52 degrés. Sur le pont neuf, même constat. Preuve que peindre certaines surfaces en blanc permettrait de soulager un peu ces îlots de chaleur ?

"Les matériaux emmagasinant la chaleur la rejettent pendant la nuit", explique Arnaud. C'est aussi le cas de la célèbre brique rouge toulousaine, qui indique une température de 36°C dès 10 heures du matin.

Ainsi, un cercle vicieux s'installe et si rien n'est mis en place, l'îlot de chaleur s'alimente en continu et ce de manière autonome.

Le raté de la Canopée

Fin août 2019, la structure de la première canopée urbaine de France a été installée à Toulouse, en plein cœur du quartier Saint-Cyprien. Imaginée par la société parisienne Urban Canopee, elle devait accueillir des plantes grimpantes, dans le but de revégétaliser le centre-ville. L'ensemble devait couvrir 100 m² et ainsi offrir des îlots de fraîcheur.

Mais, malgré un système d'arrosage autonome, problème : rien ou presque n'a poussé en trois ans et les corolles n'amènent pas l'ombre attendue. Le Covid-19 et le choix d'espèces végétales non adaptées au climat toulousain peuvent expliquer l'échec du projet... Qui a coûté entre 5 et 10 000 euros. En voirie, planter un arbre coûterait environ 4 500 euros; un prix qui pourrait doubler en fonction des travaux à réaliser sur le sol environnant.

Si la mairie pourrait faire appel au collectif des Faiseurs de ville, ce n'est pas le cas. 

C'est intéressant de voir comment la ville et les politiques publiques évoluent au fil du temps par rapport au changement climatique, notamment sur les mesures disponibles, la formation du personnel aux enjeux climatiques... Nous sommes juste un collectif, ce que nous faisons peut très bien être fait par les pouvoirs publics...

Arnaud Rivière, collectif Les faiseurs de ville

Dans d'autres quartiers plus larges, comme celui de Montaudran, réaménagé il y a trois ans, "se pose aujourd'hui la question de la végétalisation. Ce qui aurait pu être une partie intégrante du projet à la base..." regrette Arnaud.

Îlots de fraîcheur ?

Pour échapper à la chaleur caniculaire, Toulousains et touristes foulant la place du Capitole se pressent à l'ombre des arcades. Il faut dire que le mercure indique déjà plus de 34 degrés... À 11 heures du matin.

Après un tour en petit train pour visiter la ville, Dolorès et son époux se sont installés sous les parasols équipés de brumisateurs d'une terrasse de café : "Ensuite, on ira sûrement au cinéma. Le plus dur, c'est dans les endroits où il n'y a aucun arbre... Heureusement qu'il y a des parasols sinon, on serait sous la canicule !", s'exclame-t-elle. Un serveur de l'établissement partage le même sentiment : "Il faudrait des brumisateurs et la clim partout... Déjà que faire des services de neuf heures est compliqué, alors avec cette chaleur..."

Quant à Thomas, en vacances dans la Ville rose avec ses deux enfants en bas âge : "On reste à l'intérieur, volets et fenêtres fermés !"

Le Capitole ne verdit pas

Si la célèbre place toulousaine a fait l'objet d'une proposition de végétalisation, cela ne semble pas être à l'ordre du jour. Malgré l'aide de 500 millions d'euros de l'Etat pour développer des îlots de fraîcheur, en juin dernier, la Ville s'exprimait sur les contraintes d'un tel projet sur la place : "Il y a un parking en dessous de la place du Capitole, donc on n'a pas de terre. Et comme c’est un monument historique, il faut qu’on ait l’aval de l’architecte des bâtiments de France"

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