"Aucun cv, aucune lettre de motivation, je n'avais jamais vu ça !" l'impossibilité pour ce coiffeur de trouver un employé, faute d'apprentis

Les difficultés de recrutement dans certains secteurs se durcissent. Hervé Boibessot, gérant d'un salon de coiffure à Toulouse en Haute-Garonne, offre des conditions sur mesures pour tenter de recruter un nouveau collaborateur. Mais aucune candidature ne lui est parvenue.

"Aucun cv, aucune lettre de motivation, je n'avais jamais vu ça ! " Hervé Boibessot, gérant d'un salon de coiffure à Toulouse en Haute-Garonne et d'un second à Mazères en Ariège n'en revient pas.

Un mois qu'il a posté une annonce de recrutement restée sans réponse. Son besoin est pourtant urgent. L'un de ses employés à Toulouse a dû quitter son poste pour raisons de santé. Après un mois passé sans réponse, le coiffeur barbier connu pour ces apparitions dans l'émission Famille nombreuse, la vie en XXL, a reposté son annonce sur le réseau social Linkedin en étant très ouvert sur les conditions de travail : "Si vous êtes barbier confirmé et que vous voulez travailler en hypercentre de Toulouse, je vous propose un travail sur mesure : je suis ouvert sur la rémunération, vous choisirez vos jours de travail (et de repos, possibilité d’avoir vos samedis) vos horaires", écrit-il dans son annonce. 

Des conditions optimums qui, il l'espère, décideront de futurs candidats à venir passer un entretien d'embauche. Le gérant recherche un coiffeur expérimenté, mais surtout très motivé. Mais recruter dans ce secteur est devenu très compliqué. "Depuis le Covid, ça s'est dégradé", analyse l'ancien coiffeur barbier officiel du Tour de France 2015, qui jouit pourtant d'une bonne notoriété.

Deux salons, un en Ariège, l'autre à Toulouse

Arrivé à Toulouse en 2006, il avait d'abord ouvert un petit salon dans la Ville rose, avenue de la Gloire. Puis un second beaucoup plus grand, quartier des Carmes, qu'il gérait avec des associés. "J'ai ensuite voulu revenir à une structure plus familiale. Comme je suis père de huit enfants, j'ai voulu m'installer à la campagne à Mazère en ouvrant un petit salon avec un concept store baptisé " Au nom du père".

Certains de ses clients toulousains lui sont restés fidèles et viennent s'y faire coiffer. "Mais comme tous ne peuvent pas se déplacer jusqu'en Ariège, j'ai rouvert un salon familial à Toulouse, du même nom, rue d'Astorg." C'est donc pour ce dernier qu'il cherche à recruter. 

Comme pour ces confrères de la profession, il constate que ce métier de service a du mal à rester attractif. "C'est un métier manuel et très mal payé, explique Hervé Boibessot. Avec ma femme, on a toujours fait le pari de mieux payer nos coiffeurs, chez nous nos coiffeurs barbiers gagnent 1 800 euros par mois net pour 35 h de travail." Le salaire moyen est de 1 300 euros nets par mois. "On sait être reconnaissant envers nos salariés, c'est sans doute pour cela qu'on les garde aussi. On leur accorde aussi un samedi de libre par mois." 

Manque d'apprentis

Pour Romain Mouynet, président régional de l'Union nationale des entreprises de coiffure, principal syndicat de la profession le secteur "fait face à un manque d'apprentis suite à la suppression des aides par François Hollande avant qu' Emmanuel Macron ne les rétablisse. On est dans le creux".  Selon l'Unec, le secteur compte 101 900 établissements en France et emploie 179 700 actifs, dont 108 900 salariés (alternants inclus).

La profession doit aussi faire face à de nouvelles conditions d'exercice. De plus en plus de coiffeurs choisissent de s'installer à leur compte avec un statut d'autoentrepreneur pour décider de leurs horaires. "Beaucoup ne veulent plus travailler le samedi, mais c'est compliqué de ne pas travailler quand la clientèle est là. Le samedi, on réalise 30 à 40 % de notre chiffre d'affaires. On est un métier de services, il faut donc rendre service aux gens !" , estime le président de l'Unec. 

Un choix qui n'est pas toujours pérenne. "Ils sont seuls et au bout de trois ans, ils sont rattrapés par les charges. Et qui dit plus d'autoentrepreneurs, dit moins de coiffeurs pour former des apprentis", souligne-t-il encore.  

Hervé Boibessot, a lui décidé d'être très flexible, pour pouvoir embaucher un nouveau collaborateur dans son salon toulousain. 

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