Le système LAPI mis en place en 2022 par la ville de Toulouse pour contrôler le paiement des stationnements continue d'avoir des ratés. Amendes pour des riverains déjà enregistrés, contraventions pour les professionnels des autos-écoles, les poursuites vont parfois jusqu'à la saisie. La municipalité affirme corriger le système avec les contentieux.
Recevoir une amende pour stationnement lorsque vous êtes dans votre bon droit, rien de plus énervant. Et le système LAPI avec ses voitures Robot n'est pas encore au point à Toulouse (Haute-Garonne). 6% des contraventions sont contestées.
Des contraventions abusives
Je vous l'avoue, je n'en peux plus de recevoir des PV. Je suis depuis depuis longtemps abonnée au stationnement résident. Depuis la mise en place du système LAPI à Toulouse, je reçois régulièrement des contraventions, alors même que ma voiture bien garée et que je suis en règle avec mon abonnement annuel.
Certaines semaines, je peux en recevoir deux, parfois dans la même journée, alors que je suis en télétravail. À chaque fois, il faut contester. C'est un quart d'heure de paperasse pour chaque PV. Vous imaginez le temps perdu pour une douzaine de contraventions annuelles. Et encore quand ça s'arrête là.
Un contrôle automatisé
Car j'ai déjà reçu des rappels avec majoration. Ou pire : un avis de saisie administrative à envoyer à mon employeur et à ma banque. Là je me suis dit que ça allait trop loin. Je n'ose pas imaginer le nombre de personnes qui, comme moi, se retrouvent dans cette situation absurde et finissent par payer.
L'explication de cette situation est la suivante. Depuis fin 2022, cinq voitures banalisées, équipées de caméras, sillonnent les rues de Ville rose et ses plus de 16.300 places payantes. Les plaques sont lues, et analysées en temps réel. La technologie est censée détecter immédiatement si vous avez payé le stationnement ou non.
"Nous l'améliorons en continu"
Mais la municipalité reconnaît des bugs : "La technologie ne prend pas en compte certaines places et le découpage des zones est complexe", explique Emilion Esnault, adjoint au maire, en charge de la sécurité. "Mais nous l'améliorons en continu, en suivant l'activité du contentieux, qui nous permet d'affiner le processus."
En septembre 2022, avant la mise en place de LAPI, 35.000 amendes, appelés FPS, avaient été émises pour 90 533 contrôles effectués. En 2023, le nombre a bondi à 360.000 : des contrevenants, mais aussi des résidents ou des professionnels.
4000 euros de PV annuel
Dans cette auto-école du centre-ville, la direction ne décolère pas : "Ces PV automatisés c'est un budget de 3 à 4000 euros par an", explique Grégoire Lourme, directeur d'ECF. "On doit stationner la voiture 5 minutes pour faire un retour d’expérience avec l'élève à la fin de chaque heure. Et on se fait verbaliser alors même qu'on paye un abonnement professionnel et qu'une personne reste dans la voiture".
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"En plus, c'est à nous de prouver que l'on n'était pas en tort", poursuit-il. "Jamais cela ne nous est arrivé, lorsque la police municipale passait". Remplacer l'humain par l'électronique, une question qui est au cœur du mécontentement. Pourtant les patrouilles à pied continuent. Et la mairie affirme que les erreurs étaient aussi fréquentes.
Un taux de contestation stable
"Ce n'était pas les mêmes erreurs", admet Emilion Esnault. "Cela dit, les chiffres des contestations montrent que peu de choses ont changé. Avant le système LAPI, on était entre 3 et 6% des PV contestés. En 2023 on est monté à 6,4% et on devrait redescendre pour les chiffres de 2024".
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Reste que des associations de défense des handicapés ont déposé deux recours pour protester contre les contraventions injustifiées et voir enfin leur situation réglée. Pour les autres, contester reste le seul recours. Mais la municipalité promet d'étudier la situation des autos-écoles et des garagistes, les plus touchés.
"Ce n'est pas un problème de moyen de contrôle, mais de règle", affirme Emilion Esnault. "La règle n'a pas changé avec le système LAPI. Peut-être faudra-t-il la revoir pour certains professionnels, mais cela dépend de mon collègue Maxime Boyer". L'épineuse question des PV automatisés sera à l'ordre du jour du prochain conseil municipal le 20 septembre.