"Il faut réduire le trafic aérien" ! Ce point de vue n'est pas asséné par des militants écologistes mais par un groupe d'experts de l'aéronautique dans une tribune publiée dans le quotidien Le Monde, dimanche 10 mars 2024. Pour ce collectif, il est impératif d'aller dans ce sens pour répondre aux objectifs de neutralité carbone mais aussi pour éviter une crise économique et sociale au secteur.
Le débat sur l'avenir de l'aviation est polarisé entre les défenseurs du secteur industriel et ses détracteurs, le plus souvent des militants climatiques. La tribune publiée dans le quotidien Le Monde appelant à réduire le trafic aérien est d'autant plus marquante qu'elle vient d'un "collectif de huit chercheurs, ingénieurs et experts de l’aéronautique et de l’environnement". Ce groupe appelle à "dépasser les clivages pour s’entendre sur des solutions concrètes de décarbonation de la filière, y compris la sobriété."
« Nous appelons Airbus, Safran, Air France, Aéroports de Paris, à envisager publiquement une réduction du trafic aérien » – via @lemondefr https://t.co/Yv2YbhuSGY
— AudreySommazi (@AudreySommazi) March 10, 2024
Pour les auteurs de ce texte, l'objectif actuel de neutralité carbone d'ici 2050, bien que louable, est jugé insuffisant pour répondre aux accords de Paris : "Pour remplir l’objectif d’atteindre la neutralité carbone en 2050, le secteur table majoritairement sur la technologie, l’optimisation des opérations, l’abondance d’énergie bas carbone et la compensation dans des trajectoires de croissance soutenue du trafic mondial. Nous rappelons que le climat de 2050 ne dépend pas du niveau d’émission de 2050, mais de la quantité de gaz à effet de serre totale que nous aurons émise entre aujourd’hui et 2050."
Les signataires rappellent qu'"Airbus table sur une croissance mondiale du trafic à 3,6 % par an (« Airbus Global Market Forecast 2023 »), entraînant un doublement du trafic avant 2050." Selon leur point de vue, cette croissance rapide, combinée à une dépendance accrue à des besoins énergétiques incertains, compromet la capacité du secteur à atteindre ses objectifs climatiques.
Ils appellent donc à une réflexion sur la modération du trafic aérien dès aujourd'hui pour éviter une crise économique et sociale dramatique à l'avenir.
"Nous appelons donc à ce que les grands acteurs français du secteur, en particulier Airbus, Safran, Air France, Aéroports de Paris, envisagent publiquement cette réduction du trafic et la planifient de manière responsable dans leurs scénarios de développement."
Une responsabilité qui passe par la nécessité de dépasser les querelles actuelles pour engager des débats responsables et prévoyants sur l'avenir de l'aviation, en tenant compte des impératifs climatiques et environnementaux.