INFO FRANCE 3 : André Thomas vient de prendre ses fonctions auprès du maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole, Jean-Luc Moudenc. Officiellement "délégué général à la modernisation de l'administration", il est en charge de chasser les dépenses jugées inutiles ou non-indispensables.
Chaque euro dépensé par la ville de Toulouse et la Communauté urbaine va devoir désormais recevoir l'aval d'André Thomas. Ce quinquagénaire vient de prendre ses fonctions à la ville et à la métropole comme adjoint au directeur général des services, Xavier Patier, avec le titre de délégué général à la modernisation de l'administration.
On appelle cela un "cost killer". En français : un chasseur de coûts. André Thomas arrive du conseil général du Haut-Rhin où il était directeur général des services. Mais il a passé près de 20 ans de sa carrière professionnelle à la mairie de Paris (de 1982 à 1988 puis de 1991 à 2002) successivement sous Jacques Chirac, Jean Tibéri et le tout début du mandat de Bertrand Delanoë, avant de rejoindre la ville et la communauté urbaine de Strasbourg en 2002.
Ce haut-fonctionnaire va donc devoir rapidement mettre en musique la partition fixée par le maire UMP Jean-Luc Moudenc à son arrivée en avril dernier au Capitole et que le maire-président de la métropole a répété devant la presse jeudi dernier : il faut faire des économies !
Jean-Luc Moudenc ne partage pas la conception de son prédécesseur socialiste Pierre Cohen qui avait prévu de recourir à l'emprunt dans le budget 2014 comme cela avait été le cas fin 2013. Le nouveau maire et son adjoint aux finances Sacha Briand ont répété la semaine passée, devant la presse et en conseil municipal, qu'ils estimaient à 90 millions d'euros le besoin d'emprunt pour équilibrer le budget 2014 "si toutes les dépenses prévues étaient effectuées".
Jean-Luc Moudenc sait qu'il n'évitera pas le recours à l'emprunt cette année, mais il le souhaite le plus "à minima possible". Il a donc donné comme instruction aux services de la ville et à chacun des élus de faire la chasse aux dépenses inutiles, non-indispensables ou pouvant être reportées à l'année prochaine.
Le travail du cost-killer André Thomas va donc consister à accentuer cette chasse aux dépenses à court-terme pour l'exercice 2014 mais aussi à plus long terme pour le reste du mandat, l'objectif étant de diminuer les coûts de fonctionnement.
Le dilemme auquel doit faire face le nouveau maire et ses équipes avec l'aide de son "cost-killer", consiste à mettre un grand coup de frein aux dépenses de la collectivité tout en ne donnant pas l'impression aux Toulousains qu'il n'applique pas le programme pour lequel il a été élu et ne lance pas les projets qu'il a promis de réaliser.
Certaines économies se feront donc la marge, euro après euro, service par service. D'autres sont beaucoup plus visibles : abandon du soutien financier au futur tournoi de tennis féminin professionnel WTA, abandon du projet de Maison de l'Image à la Reynerie, augmentation des tarifs dans les CLAE (centre de loisirs attachés à l'école) ou dans les centres de loisirs (déjà votée en conseil municipal en juin).
Il faudra aussi faire avaler une nouvelle pilule aux 13.000 salariés de la ville et de l'agglomération et aux organisations syndicales de fonctionnaires territoriaux : pour financer certains de ses projets, notamment en matière de sécurité, Jean-Luc Moudenc a confirmé qu'il ne remplacera pas tous les départs à la retraite. C'est notamment le cas pour l'embauche des 30 premiers policiers municipaux dont le recrutement a été lancé (Jean-Luc Moudenc veut en embaucher 150 pour doubler les effectifs) : ces postes seront pris sur des départs en retraite non-remplacés dans d'autres services de la mairie.
La gauche a déjà dénoncé sur ce sujet, la "dégradation prévisible du service public" dans l'éducation ou le social.