Coma, arrêt cardiaque : extrêmement dangereuses pour la santé, les grèves de la faim, nouvelles armes des militants écologistes

La mobilisation contre l'autoroute A69 entre Castres et Toulouse a récemment pris une nouvelle forme, plus dangereuse et radicale : la grève de la faim. Dans le sillage de Thomas Brail, fondateur du Groupe National de Surveillance des Arbres (GNSA), treize autres militants ont engagé ce combat contre eux-mêmes. Combien de temps une grève de la faim peut-elle durer ? Pour quelles conséquences sur l'organisme ?

Si sa détermination semble plus forte que jamais, son regard est usé, sa mine affaiblie, et sa silhouette très amaigrie. Après 25 jours de grève contre la faim, Thomas Brail ne sait pas exactement combien de poids, il a perdu, mais il l'assure, il a "dû resserrer sa ceinture de 4 trous". 

S'il a été délogé de son arbre devant le Ministère de l'écologie, le fondateur du GNSA compte bien poursuivre son combat contre l'avancée des travaux de l'autoroute A69. Un combat qu'il mène contre l'État, mais aussi contre lui-même. 

Bientôt 1 mois que l'écologiste de 47 ans n'a rien mangé, ou presque. Pour tenir le plus longtemps possible, il ingère du bouillon de légume, du miel et du citron. De quoi fournir un léger apport en glucides et vitamines, et limiter certains symptômes, comme les maux d'estomac. 

De sérieux risques pour la santé

Car les symptômes provoqués par une grève de la faim sont nombreux, et s'accentuent au fil des jours. Sur son site Internet, l'association France Prévention les répertorie : apathie, irritabilité, céphalées, étourdissement, difficultés de se mettre debout et de marcher, anxiété, tristesse, insomnie, troubles de la concentration, douleurs abdominales, ulcère peptique, nausées, constipation, diarrhée, colique, insuffisance rénale, hypotension artérielle et risque d'AVC. 

Au bout de 14 jours de grève de la faim, Thomas Brail a dû être hospitalisé, pour des douleurs au niveau de la cage thoracique. 

Une conséquence "légère", au vu des risques que représente cette pratique extrême du jeûne. Car la malnutrition peut directement atteindre les organes, pour des conséquences irréversibles. Arrêt cardiaque ou troubles neurologiques pouvant conduire à un coma ne sont pas exclus.

La fin de la grève, toute aussi dangereuse

L'arrêt d'une grève de la faim peut aussi être très dangereux. Les quatre premiers jours de réalimentation sont cruciaux. Une reprise "normale" de l'alimentation peut entraîner une surproduction de sodium et ainsi provoquer de la rétention d'eau. Le corps va également recommencer à produire de l'insuline, ce qui peut drastiquement affaiblir les cellules de l'organisme. Un suivi médical est donc impératif. 

Rejoint par treize autres militants dans son combat, qui assurent "ne pas avoir peur des conséquences", Thomas Brail s'apprête à démarrer une grève de la soif. Si l'organisme peut tenir environ 30 jours sans aucune alimentation (et donc plus longtemps grâce aux légers apports du citron, miel et bouillon), un homme peut difficilement survivre plus de 3 jours sans boire.

Malgré de rares exceptions (le record du monde étant de 18 jours dans le World Guiness Record), Thomas Brail s'engagerait donc dans une course contre la montre encore plus rude. Le militant le confiait à nos confrères de Libération, il n'a "pas peur de mourir" pour ses idées. 

Des grèves de la faim historiques

Si comme le révélait Le Monde, les grèves de la faim en France sont rarement efficaces (seules 29% des grévistes obtiennent gain de cause), certaines ont marqué l'Histoire. 

La grève de la faim de Gandhi avait duré 21 jours en 1948, mais d'autres sont allés bien plus loin, comme Boby Sands, indépendantiste irlandais (IRA), décédé après 66 jours sans s'alimenter en prison, en 1981. L'année précédente, dix militants de l'IRA avaient obtenu gain de cause auprès du gouvernement britannique après 53 jours de grève. L'un d'eux, Sean McKenna, tombant plusieurs fois dans le coma durant cette période. 

Le combat le plus long aura duré près d'un an, 324 jours. En 2016, deux enseignants turcs ont mené une grève partielle (à l'image de celle de Thomas Brail, se nourrissant de sucre, sel et vitamines), contre les purges menées après une tentative de coup d'État. Elle n'aura pas abouti et les deux grévistes ont fini par interrompre leur jeûne. 

L'actualité "Environnement" vous intéresse ? Continuez votre exploration et découvrez d'autres thématiques dans notre newsletter quotidienne.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
Occitanie
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité