La journée mondiale de la contraception, c'est aussi pour les hommes et ils sont de plus en plus nombreux à s'y intéresser par conviction féministe, pour partager la charge mentale, ou parce que leur partenaire ne supporte plus la pilule. À Toulouse, l’association Garçon organise des ateliers de couture de slips contraceptifs.

À l'occasion de la 17ème journée mondiale de la contraception, coup de projecteur sur les hommes avec un tour d'horizon des méthodes à leur disposition.

Des ateliers contraception

C'est une soirée d'hommes, dans un appartement toulousain. Il y a à manger, à boire, mais plutôt que du dernier match du Téfécé, on y parle couture. L'objectif est de réaliser des slips contraceptifs masculins.
Depuis cinq ans, l'association Garçon (Groupe d’action et de recherche pour la contraception) propose des ateliers de discussion et de confection de sous-vêtements de contraception, à découvrir dans la vidéo ci-dessous. De quoi aussi partager l'information sur les dernières techniques disponibles pour les hommes désireux de ne pas laisser la contraception à la charge exclusive de leur partenaire.

La contraception masculine n'est désormais plus marginale en France. Il faut dire que les hommes français restent encore loin des pratiques constatées dans d'autres pays européens. Revue de détails des techniques actuellement autorisées en France.

Le préservatif : la valeur sûre

C’est un incontournable de la contraception pour homme, efficace aussi contre la transmission des infections sexuellement transmissibles. Une valeur presque sûre, qui est utilisée par 10% des couples aujourd'hui.

Désormais délivré gratuitement et sans ordonnance en pharmacie pour les moins de 26 ans. Son inconvénient : entre rupture et mauvais ajustement, les études ont évalué le risque de grossesse à 18% par an.

La vasectomie : difficile retour en arrière

La vasectomie est une méthode de stérilisation masculine, qui consiste à sectionner les canaux déférents qui transportent les spermatozoïdes à partir des testicules. Elle est choisie par 0,5% des hommes.

Cette intervention chirurgicale légère de plus en plus pratiquée en France, autour de 30 000 opérations chaque année et 2000 en Occitanie. Au point que cette stérilisation masculine dépasse aujourd'hui le nombre de ligatures des trompes, son équivalent chez les femmes. La vasectomie ne change rien à la libido ni à l'érection. Inconvénient : le retour en arrière est très compliqué.

Aujourd'hui, la demande de vasectomie est exponentielle.

Professeur Éric Huyghe, chirurgien urologue à Toulouse

France Bleu Occitanie

La vasectomie sans bistouri

Le CHU de Toulouse est le premier en France à proposer une technique moins invasive, sans scalpel, réalisée sous anesthésie locale. Avantage : l'intervention est moins douloureuse et les complications jusqu'à quatre fois moins élevées. À Toulouse, les urologues constatent que la plupart des patients ont la trentaine et presque tous sont en couple. La grande majorité a des enfants. Dans 78% des cas, c'est un choix de partage des responsabilités avec la conjointe. Mais certains décident de ne plus avoir d’enfant, ou s'inscrivent dans le mouvement "No Child", parfois par souci écologique.

La contraception thermique

La méthode thermique s'appuie sur un principe simple : en remontant les testicules plus proches du corps, on bloque la production des spermatozoïdes, qui n'aiment pas la chaleur. Plusieurs dispositifs existent, dont l'anneau contraceptif, le slip chauffant ou le jockstrap.

Grâce aux études réalisées par l'équipe d'andrologie du CHU de Toulouse, l'efficacité est reconnue, avec un risque de grossesse évalué à 2.3% par an. Mais la méthode présente quelques contraintes : le seuil contraceptif n'est atteint qu'après plusieurs mois. Et il faut porter le slip au moins 15 heures par jour. Pas de quoi néanmoins freiner la demande, qui explose avec les évolutions égalitaires de la Société. Comme en témoigne Jonathan, technicien en informatique et membre de l'association Garçon à Toulouse, qui revendique "de faire un acte politique".
Cofondateur de l'association Garçon, Erwan Taverne constate une explosion de demandes autour de la méthode thermique. Et pointe désormais le retard français de l'information délivrée aux hommes.

Il faut un accompagnement pour que les hommes comprennent comment fonctionne la spermatogénèse.

Erwan Taverne, co-fondateur de l'association Garçon

Les injections hormonales

Réputée très efficace, la méthode est plus contraignante, et nécessite une bonne hygiène de vie sans problème de santé. Une injection intramusculaire de testostérone chaque semaine permet de réduire radicalement le taux de fécondité. Mais son usage est limité à 18 mois, ce qui explique que cette solution reste marginale.

Une pilule qui passe mal

Et la pilule contraceptive ? Toujours rien pour les hommes ? A contrario de celle des femmes, la contraception orale journalière n’est pas compatible avec le fonctionnement du corps masculin.

Des chercheurs américains travaillent sur une pilule contraceptive masculine, reposant sur une limitation de la production de spermatozoïdes. À ce jour, elle n’a pas encore été testée sur l'Homme mais est efficace à 99% chez les souris.

Enquête sur les "Contraceptés"

Guillaume Daudin et Stéphane Jourdain, tous deux journalistes, ont sillonné la France à la rencontre de spécialistes et d’hommes qui ont fait le choix de se "contracepter". 

Une enquête passionnante de plusieurs mois qui les amène à s’interroger sur leur propre parcours de déconstruction des rapports sociaux patriarcaux.