En marge du match TFC/Montpellier disputé pour le compte de la 15ème journée de Ligue 1, le club toulousain et Pôle Emploi ont signé une convention pour anticiper la reconversion des footballeurs et des salariés du club.
C’est une première dans le milieu du foot professionnel.
La force des témoignages
Derrière la table de conférence de presse qui a vu défiler match après match des centaines de joueurs ou d’entraîneurs professionnels, un joueur et une joueuse du TFC, venus témoigner de leur parcours et de leur statut de « simple » amateur.
Seïti Touré, 21 ans, a côtoyé le groupe professionnel du TFC sans jamais l’intégrer de plain-pied. Ce milieu de terrain, arrivé au club à 13 ans, capitaine de l’équipe réserve des Violets, et international chez les espoirs guinéens, ne désespère pas de décrocher un jour un contrat pro. Titulaire d’un B.E.P, il a trouvé récemment grâce à la mise en place de ce partenariat avec Pôle Emploi un travail d’Auxiliaire de Vie Scolaire en lycée. Lorsqu’il n’est pas sur les terrains avec son équipe de CFA 2, il travaille 20 heures par semaine dans un lycée en tant qu’Auxiliaire de Vie Scolaire, pour assister des élèves handicapés…
Il poursuit également une formation d’éducateur, avec pourquoi pas à terme l’idée de le devenir au sein de son club formateur.
Margaux Robinne, 25 ans, est, quant à elle, à la pointe de l’attaque de l’équipe féminine du TFC. Arrivée la saison dernière au club en provenance de Rouen, cette jeune joueuse passée par la première division féminine avec Montigny, connaît elle aussi l’incertitude liée à son sport et la précarité de son statut.
« Seules une cinquantaine de filles en France peuvent vivre du football, on sait que c’est compliqué de devenir pro, encore plus dans le foot féminin … » confie-t-elle au micro. Titulaire d’un Master en Management et Marketing, elle vient pour sa part d’être employée par Pôle Emploi à temps partiel.
DES DEMANDEURS D'EMPLOI PAS COMME LES AUTRES
Deux exemples concrets de ce partenariat désormais officiel entre le club des Violets et Pôle Emploi. Grâce notamment à son antenne toulousaine de Saint-Michel, déjà experte dans le suivi des sportifs professionnels, Pôle Emploi s’engage donc à accompagner ces joueurs ou joueuses dans leurs doubles projets (vie sportive/vie professionnelle). Les salariés administratifs et les éducateurs du club sont également concernés par cette signature. La convention vise aussi à épauler les joueurs professionnels en fin de carrière.
« Les sportifs de haut niveau ne sont pas des demandeurs d'emploi comme les autres » selon Serge Lemaître, directeur régional de Pole Emploi Occitanie. « Ils ont une psychologie particulière… Ils misent beaucoup sur leur sport pendant plusieurs années, sans être sûrs de pouvoir en vivre un jour. Ils ne s'occupent pas du tout de l'après-carrière. Et quand ils s'en occupent, c'est souvent très tard.»
PARFOIS UN DESTIN TRAGIQUE POUR LES JOUEURS SANS EMPLOI
Quand à Rémi Loret, directeur du centre de formation du TFC, il rappelle ce constat récurrent dans le monde du ballon rond : « Il y a de la précarité pour les footballeurs. À 20 ans, à la sortie du centre de formation, et à 23 ans lorsque le premier contrat pro n'est pas renouvelé ». Et l’ancien joueur de conclure en rappelant le destin tragique de Joachim Fernandez, footballeur professionnel chez les Girondins de Bordeaux, finaliste de la coupe U.E.F.A en 1996 aux côtés de Zinedine Zidane ou de Christophe Dugarry, qui stoppa sa carrière à l’âge de 29 ans après une blessure et avant une longue descente aux enfers. Il est mort de froid,en janvier dernier, dans un squat de sans-abris de la région.