Coronavirus : la fermeture anticipée des bars et restaurants passe mal chez les professionnels à Toulouse

Colère, fatalisme ou désabusement... Réactions de cafetiers et restaurateurs de la ville rose au lendemain de la décision du préfet de la Haute-Garonne de fermer les bars de Toulouse plus tôt pour lutter contre la propagation du Covid-19.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

"On a l'impression qu'on tape toujours sur les mêmes." Olivier Bouscatel, vice-président de la fédération des commerçants de Toulouse et propriétaire d'une brasserie du centre ville de Toulouse résume la position de nombreux cafetiers, après la décision de la Préfecture de Haute-Garonne de fermer les bars et les restaurants à 1h00 du matin à Toulouse pour lutter contre la propagation de l'épidémie de Covid-19. "C'est la déception"pousuit-il. "On nous a annoncé vendredi qu'on ne touchait pas aux horaires et finalement on nous annonce qu'on doit fermer plus tôt".

De nouvelles restrictions pour les bars et restaurants

Olivier Bouscatel fait référence aux premières mesures annoncées le 18 septembre par la préfecture pour restreindre les activités festives à Toulouse et tenter d'enrayer l'épidémie de coronavirus qui progresse "défavorablement" en Haute-Garonne et à Toulouse, selon les mots du Préfet. Ce premier arsenal anti-covid interdisait notamment la consommation debout dans les bars et restaurants et l'interdiction d'y danser mais n'avait pas opté pour des restrictions horaires. Le week-end passé et en l'absence d'un quelconque infléchissement sur le front de l'épidémie, le Préfet a décidé de durcir un peu le ton en restreignant les horaires d'ouverture des bars et restaurants. A compter du mercredi 23 septembre à 00h00, ils devront fermer à 1h00 du matin (au lieu de 2h00 en semaine et 3h00 le samedi) et ne pourront ouvrir qu'à 6h00 au lieu de 5h00 tous les jours. 

Une mesure mal comprise

"Je suis très mitigé" dit aujourd'hui Francis Lavaur, patron du Wallace, situé en plein centre ville. "On est comme tout le monde, on se demande si ça aura un réel impact sur la circulation du coronavirus. Après, si une heure de moins peut enlever un risque, voyons voir mais je reste très circonspect. Le problème, c'est plutôt les rassemblements à l'extérieur, à mon avis"
Olivier Bouscatel a un avis plus tranché. "Si vous allez aujourd'hui dans un grand magasin du centre ville, vous prenez plus de risques que dans un restaurant où on applique le protocole sanitaire à la lettre. Il n'y a aucune raison de nous faire fermer plus tôt" dit-il.

En restauration pure, il n'y a aucune raison que le virus se transmette plus entre midi et deux ou entre minuit et deux heures du matin. Il n'y a aucune raison de fermer plus tôt. 

Olivier Bouscatel, vice président de la fédération des commerçants de Toulouse

"Une mesure aussi inutile qu'inefficace"

Pour sa part, Philippe Belot, vice-président général de l'union des métiers et des industries de l'hôtellerie (UMIH) de la Haute-Garonne, ne décolère pas."C'est une mesure aussi inutile qu'inefficace" martèle-t-il. "On stigmatise encore une fois la profession qui a fait le plus d'efforts depuis le début. Le gouvernement, devant son incapacité à gérer les problèmes sanitaires a besoin d'un bouc émissaire".
 

Cette décision est économiquement désatreuse et épidémiologiquement inefficace. C'est une absurdité totale. Cela revient à dire aux gens que jusqu'à minuit, ils sont tranquilles avec le virus et qu'à partir d'une heure du matin, ça explose. C'est comme avec le nuage de Tchernobyl, quand l'Etat nous a dit qu'il s'était arrêté aux frontières de la France. Là, on nous dit que le virus a une horloge. Il sait à quelle heure il doit être actif et à quelle heure il est inactif.

Philippe Belot, vice-président général de l'UMIH 31
 

"A Rennes, Marseille ou Bordeaux où les mêmes mesures ont déjà été prises, l'expérience a montré qu'elles étaient inefficaces, ça n'a absolument rien changé aux courbes de progression de l'épidémie dans ces villes" martèle-t-il.

Deux poids, deux mesures

Le vice-président de l'UMIH 31 pointe aussi une décision injuste.

Vous prenez un train, vous êtes serrés comme des sardines, dans le métro et dans les bus, c'est pareil. Le virus s'arrête aux portes de la SNCF et de Tisséo mais pas à celles des restaurants ? Dans les hypermarchés, c'est pareil. On laisse se tenir de grandes fêtes illégales, les amphis d'étudiants sont surchargés et là, ça ne pose aucun problème. On nous prend pour des imbéciles !

Philippe Belot, vice-président général de l'UMIH 31

Des entreprises parfois en difficulté

Après le confinement, de nombreuses entreprises de la restauration et du tourisme sont aujourd'hui en difficulté, dans l'indifférence totale, se désole Philippe Belot, qui craint que ces nouvelles restrictions soient fatales pour certaines.

On va vers des dégâts économiques terribles. Pour des mesures absurdes, ce sont des milliers d'entreprises qu'on va fermer. On parle de 300 000 chômeurs en France dans les métiers de la restauration. Pas 3 000, de 300 000 ! Et ça n'intéresse personne. Pour 3 000 chômeurs annoncés chez Airbus, on sort le carnet de chèques mais pour les emplois des métiers de l'hôtellerie, l'aide, c'est zéro.

Philippe Belot


En France, les métiers de l'hôtellerie et de la restauration représentent 1 200 000 emplois. A Toulouse, on estime à 2 000 le nombre d'entreprises concernées par ces nouvelles restrictions.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité