Associé à une start-up américaine, Airbus travaille depuis 3 ans sur la création de détecteurs d'explosifs pour les avions et les aéroports. La pandémie de coronavirus a poussé l'avionneur européen et son partenaire à orienter les recherches vers la détection de menaces biologiques.
C'était en 2016. Plusieurs actes de terrorisme à bord d'avions poussent Airbus à s'intéresser à cet aspect de la sécurité. "On s'est aperçu que nos avions n'étaient pas sécurisés contre ce type d'attaques. On a essayé de voir en interne ce qu'on avait comme technologie", explique Matthieu Duvelleroy, porte-parole d'Airbus. "Et puis, on nous a parlé de Koniku, cette start-up de la Silicon Valley".
10 secondes pour détecter la molécule recherchée
L'avionneur européen investit donc dans cette jeune entreprise qui développe et miniaturise un détecteur de molécules dangereuses comme les explosifs, utilisable dans les avions mais aussi les aéroports. "Aujourd'hui, on est capable de détecter en moins de 10 secondes certains types d'explosifs", poursuit Matthieu Duvelleroy, "et à la fin de l'année, on testera en grandeur nature".Mais entre-temps, le coronavirus a fait son entrée sur la scène mondiale, avec les conséquences sanitaires, économiques et sociales que l'on connaît. Un bouleversement qui a poussé Airbus et Koniku à étendre leurs recherches.
Des explosifs au Covid-19
Et si ce "nez électronique" pouvait détecter les porteurs du virus à bord des avions ou lors de leur passage dans l'aérogare ? "Pour certainsvirus, on peut capter les molécules qui nous permettent de savoir si quelqu'un est atteint", nous précise Matthieu Duvelleroy. "La technologie de Koniku qui est intégrée dans notre boîtier utilise des souches de cellules vivantes qui sont modifiées génétiquement pour réagir à la presence de molécules spécifiques. Koniku recherche donc la séquence génétique (chez un animal) qui permettra de détecter les manifestations d'une infection virale telle que le Covid-19 dans notre haleine": il y en a des milliers à tester. Puis, comme pour les explosifs, il s'agira de modifier et d'adapter génétiquement ces cellules pour reproduire leur mode de détection des molécules ciblées. "On est presque certain que ça va être possible", affirme Matthieu Duvelleroy.C'est en tout cas une voie de recherches hyper intéressante et prometteuse, assure Airbus qui espère voir ses premiers boîtiers renifleurs d'explosifs (et peut-être de virus) commercialisés d'ici deux ans environ.