Coronavirus : tension dans les prisons d'Occitanie après la suppression des parloirs

Dans les établissements pénitentiaires en région Occitanie, tous les parloirs sont suspendus jusqu'à nouvel ordre. Au sein des maisons d'arrêt de Muret, Seysses, depuis ce mardi matin, les familles ne peuvent plus parler aux détenus alors que des suspicions de coronavirus font monter la tension.

Dans les prisons de Muret, Montauban, Albi, Carcassonne, Seysses, les parloirs sont suspendus depuis ce mardi 17 mars. Un soulagement pour le syndicat pénitentiaire Ufap-Unsa qui en faisait la demande depuis une semaine.

A Muret, un détenu a été placé en confinement en raison d'une suspicion de contamination au coronavirus.
Au centre de rétention, les unités de vie familiale qui permettent aux familles de visiter les détenus durant 2 à 3 jours sont elles aussi fermées jusqu'à nouvel ordre.

"Une prison c'est comme sur un paquebot, si les gens rentrent avec le virus on est foutu, et c'est bien que les parloirs aient été suspendus", précise Laurent Maffre, secrétaire régional Ufap-Unsa.

Suspicion d'un cas de coronavirus


Le détenu de la prison de Muret est confiné depuis quelques jours dans une cellule individuelle, selon Laurent Maffre. "Comme il n'a pas été testé ce n'est pas un cas avéré mais par mesure de précaution il fallait l'isoler des autres détenus. Pour le moment aucune autre personne ne présente des signes de contaminations au Covid19".
D'autres mesures de préventions ont été renforcées dans les établissements pénitentiaires sur demande du Ministère de la justice.

A la maison d'Arrêt de Muret, la cantine est maintenue mais les ateliers professionnels sont pour le moment suspendus, précise Laurent Maffre. Dans cet établissement, les 600 détenus ont chacun une cellule individuelle, ce qui rassure le personnel. Les sorties sont autorisées mais elles s'effectuent en plusieurs temps pour éviter la promiscuité des prisonniers.
Les surveillants ne disposent pas de masques de protections seuls les personnels de l'Unité sanitaire est approvisionnée.

Situation tendue

La situation est plus tendue à la prison de Seysses où la surpopulation carcérale inquiète les personnels. Laurent Maffre explique : 

On a 1000 détenus et 200 matelas au sol, cela veut dire qu'ils se retrouvent souvent à trois dans une cellule de 9 m2 et forcément si un cas se déclarait ce serait la panique.

"On ne craint pas pour l'instant d'émeutes mais on est sur le qui-vive . A la maison d'arrêt de Seysses
il y a beaucoup de trafic à l'intérieur, certains détenus sont en perte de repères et cela peut mener à des mouvements...
Une prison c'est comme sur un paquebot, sil les gens rentrent avec le virus on est foutu, et c'est bien que les parloirs aient été suspendus".

Des détenus fragilisés, isolés et des familles très inquiètes

La compagne d'un détenu de la prison de Muret témoigne de son désarroi et de son inquiétude.
Elle n'a pas vu son conjoint depuis une quinzaine de jours et l'annonce de la fermeture des parloirs accentue ses angoisses.
Selon elle, ils seraient au moins quatre détenus confinés pour suspicion de coronavirus.

C'est honteux, ils n'ont pas de soins, pas de prises de températures, pas d'informations, ils se sentent totalement abandonnés.

Elle nous explique que beaucoup ont déserté la cantine par peur de contamination, donc "ils sont à la diette et cela joue sur le moral des prisonniers".

Ce n'est pas parce qu’ils sont en prison qu'il faut les traiter comme des moins que rien, ils comprennent les mesures de confinement mais ils ont très peur de tomber malade et que personne ne les entende.
La situation est très tendue, cela ne m'étonnerait pas qu'une émeute éclate comme à la prison de Perpignan!

Appel à libérer des détenus 


Ce soir, selon l'AFP , des associations appellent à "libérer des détenus". Des associations militant pour le respect des droits des détenus appellent à "réduire drastiquement" le nombre de prisonniers dans des maisons d'arrêt surpeuplées.
Cécile Marcel, directrice de la section française de l'Observatoire international des prisons (OIP) précise :

Nous recommandons de réduire drastiquement le nombre de détenus dans les prisons en aménageant toutes les peines qui sont de courte durée et celle des détenus âgés.

           
Les associations s'insurgent aussi sur la suspension des parloirs annoncé par la garde des Sceaux, Nicole Belloubet :

            Les prisons françaises comptent plus de 70.000 détenus répartis dans 188 établissements, souffrant d'une surpopulation chronique, avec un taux d'occupation moyen de 116% et des pics à plus de 200% dans certaines maisons d'arrêt.

         
Cécile Marcel de l'OIP relève : "Si on enlève aux détenus le lien avec leurs proches, la possibilité de travailler en ateliers ou qu'on restreint encore leurs mouvements, cela va multiplier les tensions".

 

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